La répression contre les journalistes indépendants, les dirigeants de l’opposition et les militants des droits humains s’est intensifiée. D’après certaines informations, il y avait en moyenne 400 arrestations de courte durée chaque mois et les militants qui se rendaient à La Havane depuis les différentes provinces étaient dans bien des cas interpellés. Il y avait toujours des prisonniers d’opinion dans le pays – des personnes maintenues en détention provisoire ou condamnées sur la foi d’accusations forgées de toutes pièces.
Droits à la liberté d’expression, d’association, de circulation et de réunion
La blogueuse et opposante Yoani Sánchez (ci-contre) s’est vu refuser un visa de sortie pour la 19e fois depuis mai 2008. Elle devait se rendre au Brésil pour la projection d’un documentaire sur les blogueurs et la censure, dans lequel elle apparaissait.Régulièrement, des manifestants pacifiques, des journalistes indépendants et des défenseurs des droits humains étaient interpellés pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion. Beaucoup étaient placés en détention ; d’autres étaient soumis à des actes de répudiation de la part de partisans du régime.
Régulièrement, des manifestants pacifiques, des journalistes indépendants et des défenseurs des droits humains étaient interpellés pour avoir exercé leurs droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion. Beaucoup étaient placés en détention ; d’autres étaient soumis à des actes de répudiation de la part de partisans du régime.
Une vague d’arrestations a visé en mars les défenseurs des droits humains ; les organisations locales ont signalé 1 137 interpellations arbitraires en marge de la visite du pape Benoît XVI.
Les autorités ont pris une série de mesures pour empêcher les militants des droits humains de travailler – bouclages de domiciles et coupures de lignes téléphoniques, notamment. Ces mesures ont visé des organisations dont les activités étaient tolérées jusque-là, comme la Commission cubaine des droits humains et de la réconciliation nationale. Des journalistes indépendants qui avaient évoqué les activités de dissidents ont été placés en détention.
Le pouvoir a continué d’exercer sa mainmise sur tous les médias ; l’accès à l’information sur Internet était toujours difficile en raison des limitations techniques et des restrictions imposées aux contenus en ligne.
En juillet, Oswaldo Payá Sardiñas, l’un des défenseurs des droits humains et de la démocratie les plus respectés à Cuba, a trouvé la mort dans un accident de voiture dans la province de Granma. Plusieurs journalistes et blogueurs qui avaient assisté à l’audience sur les circonstances de l’accident ont été gardés quelques heures en détention.
En septembre, Roberto de Jesús Guerra Pérez, le fondateur de l’agence de presse indépendante Hablemos Press, a été embarqué de force dans une voiture et molesté, puis conduit au poste de police. Avant d’être relâché, il a été informé qu’il était devenu le « journaliste dissident numéro un » et qu’il serait jeté en prison s’il poursuivait ses activités.
Le gouvernement déployait un certain nombre d’initiatives pour faire cesser ou sanctionner les activités des opposants politiques. Souvent les personnes qui tentaient de se rendre à des réunions ou des manifestations étaient placées en détention ou empêchées de quitter leur domicile. Les opposants politiques, les journalistes indépendants et les militants des droits humains se voyaient régulièrement refuser des visas pour l’étranger.En septembre, une cinquantaine de membres des Dames en blanc qui se rendaient à La Havane pour participer à une manifestation publique ont été arrêtés. La plupart ont été immédiatement renvoyés dans leur province d’origine et remis en liberté ; 19 ont été détenus au secret pendant plusieurs jours.
En octobre, le gouvernement a annoncé que la Loi de migration avait été modifiée en vue de faciliter les voyages à l’étranger. L’obligation d’obtenir un visa de sortie a notamment été supprimée. Néanmoins, une série de critères laissés à la discrétion des autorités pourrait continuer de restreindre le droit des Cubains de sortir du pays. Les changements introduits devaient entrer en vigueur en janvier 2013.
Prisonniers d’opinion
Amnesty International a adopté sept nouveaux prisonniers d’opinion en 2012. Trois ont été remis en liberté sans inculpation.
Antonio Michel Lima Cruz a été remis en liberté en octobre après avoir purgé une peine de deux ans d’emprisonnement. Il avait été déclaré coupable d’« outrage aux symboles de la patrie » et de « troubles à l’ordre public » pour avoir entonné des chansons hostiles au régime. Condamné à une peine plus longue pour les mêmes faits, son frère, Marcos Máiquel, était toujours détenu à la fin de l’année.
Ivonne Malleza Galano et Ignacio Martínez Montejo ont été libérés en janvier, de même qu’Isabel Haydee Álvarez qui avait été arrêtée pour avoir réclamé leur remise en liberté. Tous trois ont été maintenus en détention sans inculpation pendant 52 jours à l’issue d’une manifestation à laquelle ils avaient participé en novembre 2011. À leur libération, des agents de l’État les ont menacés de « peines sévères » s’ils continuaient de mener des activités dissidentes.
La journaliste Yasmín Conyedo Riverón, représentante des Dames en blanc dans la province de Santa Clara, et son époux Yusmani Rafael Álvarez Esmori ont été libérés sous caution en avril au terme de près de trois mois de détention. Ils avaient été accusés de violences ou intimidations sur la personne d’une fonctionnaire. Cette dernière s’est ensuite rétractée.
Détention arbitraire
De nouveaux cas de détention arbitraire de courte durée ont été signalés, y compris de nombreuses détentions au secret.
En février, l’ancien prisonnier d’opinion José Daniel Ferrer García a été incarcéré et mis au secret durant trois jours. Pendant sa détention, on l’a menacé d’emprisonnement s’il poursuivait ses activités de dissident dans le cadre de l’Union patriotique de Cuba. De nouveau arrêté en avril, il a été inculpé de « troubles à l’ordre public ». Il a été remis en liberté 27 jours plus tard à la condition de cesser tout militantisme politique.
Niurka Luque Álvarez et Sonia Garro Alfonso, membres des Dames en blanc, et Ramón Alejandro Muñoz González, le mari de Sonia Garro Alfonso, ont été incarcérés en mars sans inculpation. Niurka Luque Álvarez a été libérée en octobre. Sonia Garro Alfonso et son époux étaient toujours emprisonnés à la fin de l’année, sans qu’aucune inculpation ne leur ait été notifiée en bonne et due forme.
Andrés Carrión Álvarez a été arrêté pour avoir crié « Liberté ! » et « À bas le communisme ! » lors d’une messe en plein air célébrée par le pape Benoît XVI. Il a passé 16 jours en prison avant d’être relâché. Trois jours plus tard, il a été de nouveau interpellé. Inculpé de « troubles à l’ordre public », il a été relâché au bout de cinq heures. Sa libération a été assortie d’un certain nombre de conditions : il doit se présenter à la police une fois par semaine et il n’est pas autorisé à quitter sa ville sans autorisation préalable ni à @00 country info:fréquenter des personnes critiques à l’égard du gouvernement.
L’embargo des États-Unis
Les États-Unis ont reconduit en septembre l’application de la Loi relative au commerce avec l’ennemi, qui impose des sanctions financières et économiques à Cuba et interdit aux citoyens américains de se rendre sur l’île et de s’y livrer à des activités économiques. En novembre et pour la 21e année consécutive, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté une résolution demandant aux États-Unis de lever l’embargo unilatéral contre Cuba.
Plusieurs organismes des Nations unies, dont l’OMS, l’UNICEF et le FNUAP, se sont fait l’écho des effets négatifs de l’embargo sur la santé et le bien-être des Cubains, en particulier au sein des groupes marginalisés. Les autorités de santé cubaines et les organismes des Nations unies présents sur l’île n’ont pas eu accès en 2012 aux équipements médicaux, aux médicaments et au matériel de laboratoire fabriqués sous brevet américain.
Source : Rapport 2013 – Amnesty International (pays par pays).