A la télévision, ce midi, sur France 2 et TF1, Macron est resté droit dans ses bottes. Inflexible, comme le fut Alain Juppé en 1995, jusqu’au moment où il retira sa réforme des retraites. Le pire, ce n’est pas qu’Emmanuel Macron ne change pas d’avis sur sa réforme injuste et inutile, car on s’en doutait un peu, connaissant l’arrogance du personnage. Mardi soir, déjà, il avait estimé, devant les parlementaires de la majorité reçus à l’Élysée, que «la foule» de manifestants opposés à la réforme des retraites n’avait «pas de légitimité» face «au peuple qui s’exprime à travers ses élus». Cette phrase augurait mal de son interview de ce midi, mercredi 22 mars 2023. Déjà il souhaitait mettre de l’huile sur le feu et montrer qui était le chef.
Le président des riches, toujours pompier pyromane, a enfoncé le clou en dénonçant les factieux et les factions. Dans le langage d’aujourd’hui, on assimile les factieux à l’extrême-droite, notamment lorsqu’on évoque les ligues. Quand on parle des ligues, on vise le populisme et ces organisations définies comme « nationalistes », « d’extrême-droite », « factieuses » voire « fascistes ». Bel amalgame pour monsieur Macron que de faire passer les manifestants d’aujourd’hui pour des factieux, fâchés et quasi faschos. Il s’en défendra a posteriori, sa pensée ayant mal été interprétée… Mais le propos n’est pas anodin quand il fait le parallèle avec les incidents au Capitole, et plus récemment au Brésil quand Bolsonaro a été électoralement battu par Lula.
Bref des millions de manifestants qui ne respectent pas le choix des urnes. Comme si le combat social devait se coucher devant la représentation dite nationale quand des acquis sont menacés. D’ailleurs la comparaison ne tient pas la route entre les manifestants pro-Trump et pro-Bolsonaro qui ont remis en cause le résultat des élections présidentielles dans leur pays respectif. En France, les manifestants demandent le retrait d’une réforme dont une majorité de personnes ne veut. Les contextes sont bien différents et il faut vraiment de la mauvaise foi pour faire le parallèle des contestations américaines/brésiliennes et françaises.
Mais Macron a commis une erreur en employant le terme faction : groupe, parti se livrant à une activité factieuse dans un Etat, une société. Machination subversive visant à faire prévaloir les intérêts d’un petit groupe. Pays en proie aux factions : agitation, complot, conspiration, intrigue. La monarchie « s’efforcera de maintenir l’équilibre et de rester au-dessus des factions. »(Bainville), dit Le Petit Robert.
Nous citons Jacques Bainville, (1879-1936), journaliste, historien et académicien français. C’était une figure majeure de l’Action française, mouvement politique nationaliste et royaliste d’extrême droite.
Il faut bien que l’on se mette au niveau de Macron et pourtant au niveau calomnie, nous aurons bien du mal à le surpasser. Ce dernier se croyant très certainement dans une monarchie et exerçant le pouvoir de manière verticale en se maintenant au-dessus des factions, ce qui dans son cas ne relève pas de la fiction. De plus, Macron joue en filigrane la posture de celui qui est victime d’un complot. Le complotisme des réseaux sociaux déteindrait et ferait du chef de l’Etat un bouc émissaire…
Pour autant, ce qui nous inquiète pour les jours à venir, c’est son insistance à donner la priorité à l’ordre républicain, ce qui équivaut à donner un blanc-seing à la répression policière qui n’a déjà pas besoin de cela en temps ordinaire.
Donc prudence lors des prochaines manifestations face aux rois de la nasse, de la matraque et du LBD.
Patoche (GLJD)