L’acteur institutionnel le plus violent est l’État, fondé par la violence et maintenant son autorité sur une violence qui s’exprime lors de grèves et manifestations ou qui demeure toujours sous-jacente. Si l’État prétend au monopole de la violence, celle-ci a comme particularité d’être reconnue comme « légitime » et de demeurer soumise à un ensemble de contraintes juridiques et pratiques qui en limitent l’expression désordonnée…disent les politiciens.
En réalité, nous constatons que la violence de la police est souvent gratuite. Lors de la manifestation aux environs de la place d’Italie, à Paris, samedi soir dernier, où 4 à 5000 personnes ont défilé de façon improvisée, une centaine de personnes ont été interpelés et brutalement. La rue s’électrise, la police réprime et brime.
Des jeunes, assis dos au mur, près de cette place d’Italie, nous rappellent les interventions honteuses de la police à Mantes-la-Jolie avec ces policiers qui voulaient des « classes sages ». Samedi soir, les coups de matraque ont plu. Les interpellations aussi : 260 jeudi dernier à Paris. Depuis des dizaines d’interpellations se déroulent sous l’œil des caméras ou pas, les jours suivants. A Lille, ce sont des jeunes qui ont été chargés et blessés. La brutalité policière monte d’un cran comme la colère des travailleurs et des étudiants.
Dans un communiqué, le syndicat de la magistrature indique que l’autorité judiciaire n’est pas au service de la répression du mouvement social. C’est bien de le préciser.
« Les images de la répression policière des manifestations dénonçant l’utilisation de l’article 49-3 dans le cadre de l’examen d’une réforme qui a suscité une très forte mobilisation depuis plusieurs semaines sont choquantes. Nous avons vu ces scènes indignes d’une démocratie : des policiers exerçant des violences illégitimes contre des manifestants et des street medics, des interpellations collectives de manifestants enjoints de s’assoir par dizaines à terre, mains sur la tête, des journalistes faisant leur métier menacé·es ou brutalisé·es.
Mais derrière ces images terrifiantes, il y a les décisions qui les sous-tendent et les mécanismes institutionnels à l’œuvre : des directives données par le ministre de l’Intérieur à tous les préfets de France, et des forces de sécurité intérieure sommées de réprimer les manifestations qui s’organisent dans de nombreuses villes pour exprimer la colère sociale face au déni de démocratie. Le Gouvernement continue de mépriser le mouvement social et la violence ne fait que croître. »
Le syndicat de la magistrature résume bien ce qu’il se passe depuis quelques jours en France.
Aujourd’hui, à Rouen, des travailleurs portuaires collaient des affiches au centre-ville. Ils ont été agressés et gazés alors que les syndicalistes dont le responsable du syndicat des portuaires n’avaient aucunement cherché la bagarre. Résultat, vous collez des affiches et vous vous faites gazer. Le problème, c’est que les travailleurs portuaires n’ont pas la mémoire courte et qu’ils apporteront une réponse à l’agression dont ils ont été victimes. Et la violence policière est souvent à l’origine de la violence des manifestants : provocations, interventions inappropriées…sans compter qu’une répression policière pourrait être la doctrine actuelle de Macron pour accélérer le pourrissement qu’il entrevoit.
Mais la violence est d’abord due au gouvernement et au système capitaliste.
Qui maintient dix millions de personnes sous le seuil de pauvreté alors que le CAC 40 continue sa progression, que Total a fait des milliards de profits tout comme aujourd’hui les industries de l’armement et tant d’autres grâce au Covid ?
Qui ne règle pas le problème de l’emploi et du gel du point d’indice chez les fonctionnaires, ce qui permettrait de ne plus parler de déficit des retraites ?
Qui propose aujourd’hui de travailler deux ans de plus pour gagner moins que les retraités d’aujourd’hui ?
Qui nous roule dans la farine en affirmant sans sourire que le changement climatique va plus vite que ce que les politiciens et scientifiques avaient pu imaginer. Pour autant qu’un politicien puisse imaginer et mettre l’imagination au pouvoir. Alors que le Club de Rome annonçait dès 1972 ce dont on parle maintenant. Il avouait publiquement que le système nous menait à une catastrophe : démographique, modèle de consommation obsolète, technologique…Avec des menaces identifiées: dégradation des sols, famines et malnutrition dans le monde, épuisement des réserves minérales, surarmement, pollution de l’air et des eaux, dangers pour les écosystèmes et les climats…On ne peut se prolonger dans un monde fini.
C’était il y a plus de cinquante ans et on nous fait le coup de on ne savait pas, enfin pas beaucoup. Pourtant les rapporteurs du Club de Rome n’étaient pas de dangereux anarchistes ni des oiseaux de malheur. Ils rapportaient un constat et des prévisions.
Qui laisse l’inflation galoper pour l’alimentaire, en cautionnant les grandes enseignes et leur panier anti-inflation alors qu’elles n’ont à respecter aucun cahier des charges ?
Qui dépense à tirelarigot pour l’armement et qui sont les principaux bénéficiaires et actionnaires de ces industries ? Quelles liaisons dangereuses entretiennent-elles avec les médias ?
Qui permet de donner davantage d’argent aux enfants des classes favorisées au niveau scolaire ? Qui permet aux écoles privées de recruter sur dossier sans avoir les mêmes contraintes que l’école publique ?
Qui vit entre soi dans les quartiers huppés ?
Et nous pourrions continuer à lister tous les griefs des inégalités dus à ce système pourri jusqu’à la moëlle.
Alors Macron, tes discours, tes mensonges, la défense de ta classe sociale…tout ça, on en a ras-le-bol.
Les travailleurs ne peuvent compter que sur eux-mêmes parce que les lois sont inefficaces si elles ne sont pas obtenues lors d’un rapport de force et l’Etat impuissant, parce qu’il y a contradiction profonde entre la démocratie, basée sur l’inégalité économique, et les intérêts de la classe ouvrière, victime de cette inégalité.
Nous devons faire preuve de rénovation sociale et rejeter toute action parlementaire. Nous laissons l’appât de la tribune politique aux politiciens qui vivent sur le dos de ceux et celles qui croient aux promesses, rarement tenues. Les naïfs et les naïves qui sont trahis par « leurs représentants » et qui le seront toujours. Les élus sont des parjures et se renient au moment opportun.
Nous opposons à l’action étatiste, l’action directe contre le patronat. Nous devons créer notre lutte, la conduire et ne pas se rapporter à d’autres (les politiciens) pour de se libérer. CQFD
Goulago (GLJD)