Mobilisation pour le climat et contre le nationalisme

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Du détournement du vocabulaire : avant on parlait d’un plan de licenciements, maintenant on parle d’un plan de sauvegarde de l’emploi. De la même manière, les politiciens, verts compris, nous parlent de crise écologique alors qu’une crise est censée être transitoire et qu’en réalité le réchauffement climatique est irréversible. On nous abreuve de COP pour nous faire avaler des couleuvres : les gouvernements se mettraient autour d’une table pour trouver des solutions. Pas un mot sur le lobbying, pas un mot sur le fait que les principales banques françaises consacrent 71% de leurs investissements pour le gaz, charbon et pétrole. A peine 20% pour les énergies renouvelables. Les politiciens nous prennent pour des billes et les verts voudraient nous faire croire qu’ils vont changer ces pratiques capitalistes dont ils n’osent pourtant s’affranchir. Il est dorénavant clair que les hommes et les femmes transforment par leurs actions la planète, c’est ce que l’on appelle l’anthropocène. Les pesticides, les perturbateurs endocriniens, les particules fines, les déchets plastiques, la pollution… sont le fruit d’une pratique humaine. Diverses pratiques conduisent à l’érosion des sols, au réchauffement climatique (montée des eaux…), aux incendies de forêts (Amazonie, Californie, Australie…mais aussi pays européens). Quand un point d’équilibre est rompu, un autre point d’équilibre se produit selon Proudhon. Il peut arriver que le point d’équilibre entre les humains et la planète se rompe, un autre point se mettra en place. Les pays touchés par la sécheresse continueront à être de plus en plus secs alors que des zones géographiques glacées fondent et se transformeront en zones habitables. Mais il est possible concernant notre planète que les points d’équilibre ne soient pas extensibles et que la vie de la Terre elle-même soit  en sursis. La loi de l’Univers est un équilibre entre attraction et répulsion. Rien ne dit qu’au niveau de l’univers l’équilibre soit indéfini, de même pour la Terre.

Pour Elisée Reclus, l’homme est la nature prenant conscience d’elle-même. Aujourd’hui, nous assistons à un changement radical de nos rapports à la Terre, ce que les Indiens appelaient la Terre nourricière. Cependant l’homme dans sa dimension universelle est en interdépendance de la Terre. Reclus a bien vu que l’homme avait une influence sur la Terre et inversement. La Terre nous le rend bien. Les catastrophes naturelles sont là pour nous le rappeler. Sans compter les migrations climatiques qui viennent s’ajouter aux déplacements de population dus aux guerres, encore un produit humain.

Nous voilà donc obligés de repenser notre rapport à la Terre. Le réchauffement climatique et la déforestation spéculative au Brésil impliquent des incendies géants qui ont des répercussions sur la biodiversité et les peuples qui habitent la forêt, les peuples premiers. D’autres exemples pourraient être aussi parlants : la montée des eaux au Bengladesh induit une hausse de la mortalité et un autre type de déplacement de la population avec des conséquences sur l’agriculture et l’économie…

Les sommets intergouvernementaux ne sont que le reflet des politiques gouvernementales. Les gouvernements sont élus par des gens dont la majorité n’a pas les connaissances suffisantes pour savoir comment lutter contre le réchauffement climatique. La preuve, Trump, Bolsonaro, le premier ministre australien sont des climato-sceptiques. Les élections donnent donc le pouvoir à des gens ignares, populistes et proches des lobbies de l’aviation, des compagnies pétrolières, des compagnies minières (l’Australie est le premier exportateur de charbon au monde)…Penser qu’un vote vert pourrait changer la donne est très naïf. Seules des mobilisations de masse peuvent inverser le cours des choses. Les mobilisations pouvant prendre des formes diverses : manifestations de rue, blocage de certains secteurs de l’économie, boycott, label, choix de consommation, d’épargne…En attendant, il reste à convaincre notre entourage immédiat, puis par cercles concentriques les autres que le productivisme, la destruction de la biodiversité et le réchauffement climatique sont le triptyque de notre future perte. D’autant que le populisme accentue la pression sur les migrants qui appartiennent, il faut le dire haut et fort, au genre humain tout comme nous autres européens. Il est bon de rappeler que nous sommes tous et toutes citoyens du monde. Nationalisme et climato-scepticisme sont les deux mamelles du néofascisme. La construction d’une alternative libertaire se doit de répondre à ces défis. C’est pourquoi nous devons répondre aussi à la question sociale, le tout étant imbriqué et indissociable.

Patoche (GLJD)

 

PS : Sous couvert d’écologie, les entreprises nous bassinent avec de soi-disant bonnes pratiques. En réalité, ce sont leurs coûts qu’elles entendent diminuer. La dématérialisation, le tout numérique participent à cette logique. Quand Décathlon, autre exemple parmi tant d’autres, demande aux clients de ne pas imprimer leur ticket de caisse et leur envoie en contrepartie la facture sur leur boîte mail, l’empreinte carbone s’alourdit. L’empreinte des e-mails stockés sur des serveurs est bien plus lourde que celle d’une feuille de papier…On croit bien faire mais les faiseurs de fric ainsi que le capitalisme vert nous induisent en erreur. Erreurs qu’il nous faut corriger.