Lubrizol: nous ne voulons pas être de la chair à patron

Revolution

Nous ne voulons pas mourir pour le patronat qu’il soit français ou à capitaux étrangers

Rouen, capitale de Seine-Maritime, a été noyée, jeudi 26 septembre 2019, sous une épaisse fumée noire dont les autorités nous ont dit qu’elle n’était pas à craindre… Pipeau tout ça ! L’usine Lubrizol, classée Seveso seuil haut, fabrique des additifs qui servent à enrichir les huiles de moteur, carburants et de peinture. Cette fumée s’est formée après un incendie d’enfer puis s’est déposée sur la ville, dans la nature…sous forme de suie et de pluie huileuse, jusqu’à une quarantaine de kilomètres de Rouen, du côté de Buchy…. Le préfet de région, Pierre-André Durand, Agnès Buzyn, Elisabeth Borne et Castaner ont assuré le service après-vente de la communication d’Etat : la situation est sous contrôle, aucune toxicité aigüe n’est remarquée…le risque de sur-accident est maîtrisé…On pourrait penser que tout va bien.

Pour autant des voix discordantes s’élèvent. On constate que la police nationale est équipée de masque à gaz, la population, non. Le préfet va peut-être nous expliquer que l’odeur âcre, nauséabonde qui a engendré des malaises, des vomissements, des maux de tête, ce n’est pas grave puisqu’il vaut mieux sentir une mauvaise odeur que pas d’odeurs du tout. On connaît les discours de ceux qui sont habiles à essayer de nous faire avaler la pilule. Heureusement que des personnes comme Annie Thébaud Mony, directrice de recherches honoraire à l’Inserm, nous prévient des dangers de toxicité à long terme. C’est vrai que le nuage de fumée mesurait 22 km de long sur 6 km de large. Quel panache ! Les poussières, les suies sont cancérogènes donc très dangereuses pour la santé. La Seine est touchée de même. De l’amiante est aussi partie en fumée. Les éleveurs des environs de Rouen qui n’ont pas pu rentrer leurs bêtes, les champs qui peuvent être contaminés, la nappe phréatique touchée à terme, cela nous inquiète grandement et il serait irresponsable de faire l’autruche comme les politiciens qui nous gouvernent. Il serait aussi inquiétant que ce soit Lubrizol qui soit chargée des analyses et d’évaluer à leur sauce les dangers sanitaires. Nous devons tous exiger un suivi sanitaire, des analyses d’organismes indépendants…

La facture des dégâts doit être envoyée au groupe de chimie américain Lubrizol Corporation. Le milliardaire américain, Warren Buffet, qui chapeaute l’holding (Berkshire Hathaway) dont dépend Lubrizol, a de quoi payer. Il lui faut passer à la caisse. L’incendie va laisser des traces et gageons que les plaintes contre X « pour dommages corporels à autrui par manquement à une obligation de sécurité ou négligence » ou « pour rejets ayant entraîné des effets nuisibles sur la santé »…vont traîner. Il serait cependant souhaitable que des centaines de plaintes soient déposées. Il faut faire un exemple car d’autres accidents sont possibles, notamment au Havre où existe une usine Lubrizol et une concentration de plusieurs usines Seveso sur la zone industrielle. L’usine Lubrizol de Rouen datait de 1954. L’usure des entreprises, la corrosion, les changements climatiques…tous ces éléments doivent être pris en compte. A défaut, une explosion gigantesque à effet domino pourrait de produire avec à la clef des centaines de victimes. Nous prenons bonne date. En attendant, ne faisons ni confiance aux politiciens toujours prompts à minimiser les problèmes ni aux organismes chargés du suivi de la pollution. L’accident industriel de 2013, toujours avec Lubrizol, n’a été sanctionné que d’une amende symbolique de 4000 euros. Pas très dissuasif pour une usine qui avait été responsable d’émanations de gaz mercaptan.

C’est pour ça que les libertaires doivent s’emparer de la question écologique car elle est liée à la question sociale. Fin du monde et fins de mois de mois difficiles, même combat. Le capitalisme quant à lui est à la recherche des profits les plus gros possibles. C’est un système incompatible avec un mode de vie qui maintient nos environnements vivables.

Patoche (GLJD)