Partage du temps de travail, partage des richesses

oligarchie (1)

Travailler moins pour travailler tous.

Travailler moins pour vivre mieux.

Vers les 30-32 heures

Si nous étions dans une société de type anarcho-syndicaliste ou communiste libertaire, la question de la durée de travail serait vite réglée : lorsque les organismes régulateurs de la production auraient constaté une tendance persistante à une surproduction, ils décideraient la réduction de la journée de travail nécessaire pour ramener l’équilibre entre la production et la consommation. Dans une situation correspondant à celle que nous subissons en ce moment, ils décideraient, non pas même les 35 voire les 30 ou 26 heures, car il est bien certain qu’avec les moyens de production existants en ce début de XXIème siècle, tous les producteurs en travaillant aux alentours de 30 heures, réussiraient à satisfaire les besoins actuels de la population mondiale. Empressons-nous d’ajouter que si une société anarchiste voyait le jour, ces besoins seraient multipliés, et les travailleurs ne mèneraient plus une vie étriquée qui leur est imposée ; de sorte que le relèvement du niveau de vie de la population aurait pour conséquence une augmentation de la production nécessaire pour la satisfaire. Nous parlons bien entendu d’une production socialement utile et respectueuse de l’environnement.

En 30 heures, disons-nous, tous les travailleurs arriveraient à assurer la production nécessaire.

Ce serait facile à prouver. Il suffirait d’établir une statistique dans tous les établissements industriels, commerciaux et sociaux donnant le nombre de travailleurs employés actuellement, d’y ajouter les nombreux chômeurs exclus du travail et de diviser la durée hebdomadaire actuelle par le nombre de travailleurs valides et on arriverait à un chiffre qui ne serait pas supérieur à 30 heures.

Cela ne supprimerait pas tout le chômage, mais l’atténuerait sérieusement. Une réduction de 8 heures chez ceux qui travaillent 35 à 40 heures permettrait d’employer un nouveau travailleur là où il y en avait trois ou quatre occupés précédemment. Alors pourquoi le patronat, relayé par les médias, ainsi que certains économistes distingués sont-ils hostiles à une réduction drastique du temps de travail ?

La raison en est simple : c’est que l’application des 30 ou 32 heures, si elle sera bienfaisante aux salariés, exigera un effort du patronat, de ceux qui ont profité, et eux seuls de la prospérité, de ceux qui ont accumulé dividendes et moyens de production durant la période de prospérité. Les 30-32 heures seraient pour eux la rançon de leur acharnement à augmenter la productivité de leur personnel et à accroître toujours plus leurs moyens de production : ils devront réduire cette partie du travail de leurs esclaves qu’ils s’approprient.

Les 30-32 heures exigeront un effort provisoire des seuls qui peuvent faire cet effort, des seuls à qui on peut demander cet effort, de ceux qui ont profité de la situation, puisque ce sont eux qui ont provoqué la situation en prélevant trop de plus-value sur les ouvriers et en accroissant démesurément leurs moyens de production avec une partie de cette plus-value.

Voilà pourquoi le patronat est contre les 30-32 heures. Il ne veut consentir aucun sacrifice et il est bien certain qu’il n’acceptera cette revendication si légitime que si les travailleurs l’y obligent. Car ce ne sont pas les parlementaires, c’est l’action des salariés, et elle seule qui imposera les 30-32 heures, et obligera les gouvernants à les faire appliquer.

Dans une économie mondialisée, ce n’est pas seulement l’action ouvrière nationale mais aussi internationale qui est nécessaire. Une action vigoureuse, tenace, tel est l’unique moyen d’obtenir satisfaction et tous les efforts doivent être dirigés dans ce sens.

Mais la véritable émancipation, celle qui finira avec l’exploitation de l’homme par l’homme, celle-là passera par la réappropriation des moyens de production et de distribution, par la gestion directe des entreprises par les travailleurs eux-mêmes. Le succès de cette émancipation ne peut être assuré que par la volonté d’obtenir satisfaction.