La liberté, c’est la vie ; la servitude, c’est la mort !

Femmes Kurdes

L’obscurantisme, ce terreau des religions, se combat par le rationalisme et l’anti-dogmatisme.

Les femmes à l’avant-garde de la contestation depuis six semaines sont à l’origine de l’insoumission généralisée actuelle, notamment à Téhéran. Les lycéens et lycéennes ont suivis les étudiantes et les étudiants sous le regard favorable de l’opinion publique qui en a assez des restrictions économiques et des libertés. La théocratie commence à avoir peur, notamment des femmes, celles qui se dévoilent et ces jeunes qui arrachent dans la rue les turbans des dignitaires religieux. Des vidéos tournent en boucle pour ridiculiser les mollahs. La réponse des religieux, au nom d’Allah : massacres et emprisonnement des Iraniens qui osent manifester. Déjà 300 morts recensés, 14 000 embastillés, sans compter les centaines de blessés car le régime doit terroriser la population, lui faire peur. Comme tous les fascismes, la réponse à apporter aux contestataires, c’est la matraque, la torture et le fusil.

« Mort au dictateur », A bas les bassidji » suivent le slogan initial « Femme. Vie. Liberté ». Le régime religieux qui ne peut supporter la liberté et la demande d’égalité des femmes avec les hommes, apporte donc la traditionnelle répression à l’encontre de ceux et celles qui entendent bousculer l’ordre établi. A cela s’ajoute la manipulation de l’opinion. Les journalistes qui couvrent et popularisent la révolte des Iraniens se trouvent muselés quand ce n’est pas emprisonnés comme pour Nicoofar Hamedi et Elaheh Mohammadi. Les accusations d’être à la solde des Américains, des Juifs…font florès. Qui veut tuer son chien l’accuse de la rage. Il est vital pour Kamenei, le dictateur, que le peuple iranien se coalise mentalement contre l’impérialisme américain, l’ennemi tant honni. L’ennemi intérieur manipulé par l’ennemi extérieur est souvent gage de réussite pour ceux qui entendent se maintenir au pouvoir par la force. Car l’Iran est un pays finalement sous la coupe des militaires. Mais dans le cas présent la contestation dure et nul ne peut prévoir l’issue des manifestations quotidiennes, mêmes nocturnes.

Espérons que les Iraniens sauront ne pas tomber dans le piège des Révolutions arabes. Il faut se débarrasser de la religion pour obtenir des progrès sociaux et un peu plus de liberté.

Aujourd’hui, les travailleurs et certaines personnalités médiatiques s’y mettent et des grèves éclatent un peu partout. Les Iraniens en ont assez de la norme cléricale qui corsette les espaces privé et public. Cette police des mœurs qui comme dans bon nombre de pays musulmans contrôle la vie quotidienne des  gens et qui punissent à leur gré les pseudo-écarts par rapport aux codes religieux fixés par des autorités qui s’affranchissent elles-mêmes de certaines règles en participant à la corruption économique et politique en Iran.

Les femmes ont initié le mouvement de contestation, les hommes les ont rejoints et c’est une bonne chose que toutes et tous ensemble, la société civile descende dans la rue pour exiger l’égalité et la liberté. C’est aussi pour cela que tout acte de solidarité qui indique que les Iraniennes ne sont pas seules est important. Il serait tout aussi important que le soutien aille aux femmes afghanes qui se rebellent contre une autre engeance religieuse, celle des Talibans, ces religieux Moyen-âgeux.

Tant que l’on n’aura pas découplé le pouvoir temporel du pouvoir spirituel, il n’y aura aucun progrès possible. Même si, nous autres anarchistes, nous nous opposons au pouvoir, à la hiérarchie et à la domination qui sont les piliers de la compétition et de l’ordre des puissants. Car en Iran, comme dans les autres pays, ce sont bien les riches du régime qui ont accaparé les biens sociaux. Le pouvoir théocratique permet, sous couvert d’un dieu, des malversations diverses et variées.

« L’autorité » projette une éclatante lumière sur l’étude de la question sociale. Les hommes et les femmes qui luttent pour un monde de paix, d’amour, d’harmonie, de bonheur et de liberté, doivent avoir présent à l’esprit qu’il faut détruire les trois grandes iniquités du monde : économique, politique, morale.

Vivre à sa guise, ne recevoir d’ordre de personne, ne s’incliner devant aucune tyrannie, ne subir aucun joug, ne rien connaître des entraves que le despotisme apporte au développement naturel, se sentir digne…Voilà la réponse que nous proposons.

L’immense cri de « Liberté ! Liberté ! » retentit à travers les âges. Toutes les révoltes, toutes les revendications, toutes les révolutions ont ce mot d’ordre. C’est que tout le monde sent et sait que sans liberté, il n’y a pas de bonheur. « Perdre la liberté ! Après que reste-t-il à perdre ? La liberté, c’est la vie ; la servitude, c’est la mort ! » (L’Hôpital, cité par Sébastien Faure).

« La perfection économique est dans l’indépendance absolue des travailleurs, de même que la perfection politique est dans l’indépendance absolue du citoyen. » (Proudhon). Pour être complet, Proudhon aurait dû ajouter que la perfection morale est dans l’indépendance absolue des consciences dégagées de tous préjugés, de tous dogmes.

Mais est-il facile de se défaire d’années d’oppression, de manipulation, d’éducation ? Et cela est valable sous toutes les latitudes.

« La religion, spécialement la religion chrétienne, a condamné la femme à la vie inférieure de l’esclave. Elle a contrecarré sa nature et enchaîné son âme. Malgré cela, cette religion n’a pas de plus grand soutien, pas de plus dévoué partisan que la femme. En vérité, on peut dire avec certitude que la religion aurait depuis longtemps cessé d’être un facteur dans la vie des peuples sans l’appui qu’elle reçoit de la femme. Les plus ardents ouvriers de l’Eglise, les plus infatigables missionnaires dans le monde entier, sont femmes, toujours sacrifiant sur l’autel des dieux qui ont enchaîné leur esprit et asservi leur corps. » Emma Goldman (La tragédie de l’émancipation féminine)

Ce texte, publié en 1910, nous indique tout le chemin parcouru par les femmes pour se soustraire aux églises et au patriarcat. Même s’il reste encore du chemin à parcourir. Au niveau libertaire, le combat contre toutes les religions reste d’actualité.

Ti Wi (GLJD)