le libertaire Novembre 2022

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Coupe du Monde de football, Qatar 2022

Peut-être que beaucoup d’entre nous ont grandi dans des localités ou régions où le football faisait partie intégrante de notre vie, ou de celle de notre famille, de nos amis ou de nos collègues. Parfois, les matchs étaient serrés et  les disputes éclataient  même entre joueurs d’une même équipe, « pour ne pas avoir assez transpiré » ou pour avoir raté un but ou pour ne pas avoir donné la bonne passe ou pour avoir laissé quelqu’un de l’équipe rivale marquer… La société dirait que ce sont des choses puériles, mais ce n’est pas une affaire d’enfants ; c’est une charge culturelle qui commence à pourrir nos esprits dès l’enfance, comme tant d’autres choses et idées.

Bien sûr, l’industrie du football utilise ce qui lui convient à son avantage, et la compétition/compétitivité en fait partie. Les gouvernements l’utilisent aussi pour mouler les esprits à leur patriotisme qui perpétue l’existence de l’État.

Donc, le problème n’est pas de jouer au football ou de le regarder ou d’encourager depuis les gradins.

Le problème consiste à ne pas purger ces idées de compétition, renforçant ainsi l’industrie du football dans la conviction que c’est seulement là que nous pouvons voir l’extension de nous-mêmes dans ce sport que nous continuons à pratiquer en regardant ou en encourageant, ou la solution à la frustration de ne pas être capable de le faire pour diverses raisons.

Un autre problème est de se laisser emporter par l’appareil médiatique et de se fixer comme objectif d’être comme des joueurs professionnels qui gagnent des coupes et gagnent des salaires juteux ou ont des vies luxueuses, des femmes, du respect, etc. Les coups de boule sur le terrain, les sex-tape, les malversations financières…tout cela est vite oublié chez la majorité des supporters qui il faut bien le dire ont souvent l’esprit grégaire. Et pire encore en transmettant ces idées aux nouvelles générations – avec l’encouragement de l’industrie de l’esthétique et de ses canons de beauté – ceux qui ont la même coiffure et – avec l’impulsion de l’industrie de la mode – utilisent la même marque de vêtements que les joueurs.  Bien sûr, le manque de conscience sociale chez de nombreux joueurs – à l’exception de quelques-uns – est également contagieux.

Du pain et des jeux, nous revoilà dans les mains du pouvoir qui donne des dérivatifs au peuple afin qu’il se défoule dans les stades et non sur le terrain social. Et la conscience du réchauffement climatique, n’en parlons pas. Le football est devenu un business où les transferts se paient à prix d’or. Et comme le disait Desproges, on va encore voir des millionnaires courir après un ballon. C’est certainement pour cela qu’on ne verra jamais des équipes de footballeurs défendre les acquis sociaux des travailleurs.

Ti Wi (GLJD)

le Libertaire Octobre 2022