« En dépit de la « grande presse » qui s’efforce de diffuser des nouvelles rassurantes, tâchant de faire admettre que, seules les préoccupations électorales sont de nature à occuper l’esprit de « l’homme heureux » de notre belle époque, des informations surgissent, avec une fréquence de plus en plus intense, et entament sérieusement ce bel optimisme diffusé par des « meneurs de jeu » toujours contents d’eux-mêmes et de leurs rituelles singeries. »
C’est ainsi que Louis Dorlet commence son article dans Espoir CNT du 22 février 1981. Il nous parle de la disparition des poissons dans les lacs de l’Ontario mais aussi relate un article du journal « El Universal » à propos des maladies mentales par l’usage des insecticides : « Paranoïas, dépressions, léthargies et autres symptômes psycho-pathologiques furent observées par des scientifiques israéliens chez des agriculteurs qui avaient été exposés pendant de longues périodes aux émanations d’insecticides « organo-phosphorés ». « Ces insecticides réduisent le taux d’une importante protéine dont la fonction est de maintenir la communication d’une extrémité à l’autre du système nerveux, déclare le docteur Dudai de l’institut scientifique Weitzmann…»
Selon la revue « Research », organe périodique de l’institut Weitzmann, des chercheurs australiens auraient constaté, de leur côté, que 16 agriculteurs, qui avaient été en contact avec des pesticides organo-phosphorés, présentaient de graves dépressions et des symptômes de schizophrénie…
Louis Dorlet nous parle de la mortalité en Amérique centrale et des centaines de milliers de personnes empoisonnées par les pesticides chaque année dont cinq mille meurent de leurs effets tandis que les grandes sociétés qui les vendent font des millions de dollars de bénéfices.
Une étude de « l’Institut pour une politique d’Alimentation et de Développement » (IPAD) signale que l’industrie pesticide produit annuellement deux millions de tonnes d’insecticides, herbicides, fongicides et raticides – tous hautement toxiques – ce qui équivaut à près d’un demi-kilo par habitant du globe.
Vingt pour cent de cette production sont vendus dans le Tiers-Monde, sans que les vendeurs fassent le moindre effort pour prescrire les précautions en usage dans leur propre pays.
Les grandes corporations agro-chimiques vendent sans restriction des produits catalogués comme extrêmement dangereux par les scientifiques.
Dans les exportations de pesticides des Etats-Unis, par exemple, au moins 20 pour cent correspondent à des produits dont la vente n’est pas autorisée, ou est expressément interdite, aux USA. En clair, les pays industrialisés exportent la mort dans les pays pauvres…
Nous le constatons, la dénonciation de l’utilisation de pesticides ne date pas d’aujourd’hui.
En Mai 2023, que dit-on des pesticides ?
Et bien que les pesticides et engrais déciment les oiseaux d’Europe. Ce sont 800 millions d’oiseaux en moins par rapport à il y a 40 ans. Comme à l’accoutumée, les lobbys minimisent l’impact des pesticides et des engrais dans la disparition progressive des oiseaux et de la biodiversité. Le glyphosate tue les abeilles…Tout cela commence à se savoir et on ne peut plus dire que l’on ne savait pas.
Dès 1990, un groupe de travail de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a estimé qu’environ un million d’empoisonnements involontaires par les pesticides se produisent chaque année, entraînant des manifestations graves dont près de 20 000 décès.
Selon Reporterre : « Chaque année, on compte 385 millions de cas d’empoisonnements graves aux pesticides dans le monde, selon une étude. Un chiffre en hausse. En cause : une consommation toujours plus massive, la vente de produits pourtant catalogués comme extrêmement dangereux et l’échec des politiques de réduction de leur utilisation à l’échelle internationale, européenne et nationale. » Si des personnes liées aux entreprises de fabrication de pesticides contestent ces chiffres, il n’en demeure pas moins que même en se basant sur les chiffres de 1990, le nombre de décès est énorme, sans compter les cancers…
D’ici 2050, la FAO estime qu’il faudra augmenter la production alimentaire de 60 % dans le monde pour nourrir 9,3 milliards d’habitants. Sincèrement peut-on continuer à produire avec tous les risques sanitaires d’intoxication ou de dégradation de la biodiversité et de l’environnement susmentionnés. Il existe d’autres voix que d’engraisser l’agro-business.
Pourtant les politiciens freinent des quatre fers. Le sénat français vient d’adopter un texte qui permet de suspendre l’interdiction de certains produits phytosanitaires. Et puis les cantines devront attendre 2025 pour proposer au moins 20% de Bio. Et puis nos chers sénateurs autorisent la pulvérisation de produits phytosanitaires par drone pour davantage d’efficacité. Gare aux dommages collatéraux dus aux vents… Macron demande, lui, une pause dans la réglementation environnementale européenne. Est-ce que ce monde est sérieux ? Nous ne sommes plus dans l’inaction climatique et l’inaction écologique. Les politiciens sont dans le déni ; ils repoussent toujours les mesures qu’il faudrait pourtant prendre sans attendre. Dans les faits, ces politiciens, dont il faudrait lister les noms pour qu’ils restent dans l’histoire, font de l’obstruction écologique et le choix de l’impuissance. En réalité, comme le disent certains militants pour le climat, c’est une action délibérée de destruction du vivant.
Pour une écologie sociale et libertaire. Agir au lieu d’élire.
Goulago (GLJD)