L’écologie, ça se vit

« Pendant que le militant oublie de vivre, égaré dans les phrases, occupé dans les actions de dénonciation du système, l’industrialisation outrancière perpétue l’écocide (destruction des équilibres naturels), le travail envahissant continue de gâcher les vies, les relations inhumaines accentuent la solitude. Et demain, ami, demain nous serons morts ». Isabelle Cabut

Trop souvent l’écologie apparaît seulement comme une action se limitant à la défense de l’environnement et par là, à un aménagement de la société actuelle. La lutte écologique intègre bien sûr la protection de la nature et des éco-systèmes, mais aussi la remise en cause des modes de production et de consommation, l’affirmation des droits individuels face à l’arbitraire de la raison d’Etat (de tout Etat), le refus de l’oppression et de l’exploitation du Tiers-Monde (conséquence directe de notre surconsommation occidentale). C’est loin d’être – on le voit – une simple réforme ; c’est bien un projet global, un bouleversement de toute la société.

Le moteur de ce bouleversement serait la lutte contre tout centralisme, pour aboutir à un maximum d’autonomie au niveau des régions, des communautés de vie et des individus, qui reprendraient ainsi le pouvoir délégué à leurs « dirigeants ». Ainsi l’idée écologique de la société n’est pas la société actuelle moins le nucléaire. L’idée d’une société écologique, c’est de permettre à chacun de découvrir ses propres besoins et que ceux-ci soient satisfaits en supprimant les « gaspillages » et en ménageant les équilibres naturels.

L’activité « productrice » ne serait plus la fonction unique et centrale de notre existence. Cette place serait occupée par le travail libre, les loisirs, la culture, la vie associative, les échanges de communication et de solidarité.

Nos solutions doivent être expérimentées, nourries, imaginées, coordonnées progressivement (c’est sûr, c’est vachement moins « sécurisant » qu’un « programme commun »…hi…hi…hi…).

Tout problème de santé, d’éducation, de culture, voire de travail et d’emploi a une spécificité locale et doit trouver sa solution au niveau de la région, de la communauté de vie. Arrêtons de penser qu’à tout problème, doit correspondre la création d’une institution à l’échelon national, prenant en charge les individus et les transformant en assistés…

Il est donc grand temps de passer d’une culture négative de dénonciation à une lutte positive de construction (on se contente trop souvent de parler). Il faut commencer à jeter dans la réalité les bases d’une société écologique telle que les mots la chantent à longueur d’années, et sans que nos mains y aient jamais beaucoup travaillé.

Espoir CNT – 3 au 9 septembre 1979

Les boomers parlaient donc déjà d’écologie…

Mai 2023

En attendant, aujourd’hui, l’Alberta, au Canada, brûle. Depuis une semaine, les incendies font rage sur 78 000 hectares. Les communautés autochtones subissent des dégâts considérables. Depuis le début du printemps, ce sont 410 000 hectares qui sont partis en fumée. Et malheureusement, ce n’est pas fini et plus on avancera vers l’été plus les risques seront importants. Les saisons  de feux sont de plus en plus violentes et précoces. Les immenses mines de sables bitumeux sont de fait la principale source d’émissions de gaz à effets de serre. Mais pas question pour les politiciens de faire le lien entre extraction grandissante et changement climatique.

Comme cet or noir procure du travail aux gens de la région, une fiscalité intéressante et surtout de gros profits pour les industriels, les Albertains dans leur ensemble ne veulent pas entendre parler de lutte contre le dérèglement climatique. On assiste donc à une défense des énergies fossiles alors que les étés deviennent de plus en plus chauds. Et puis, certains préfèrent montrer du doigt la Chine et l’Inde, par exemple, qui émettent beaucoup de dioxyde de carbone…afin de se dédouaner à bon compte.

En attendant, la région d’Alberta ne veut pas remettre en cause son modèle économique, ce qui risque d’aggraver la situation climatique dans les années à venir. L’Oilberta a de beaux jours devant elle si les populations continuent à se bander les yeux pour ne pas voir la réalité.

Ti wi (GLJD)