L’avenir de la planète ne peut être confié aux politiciens

Depuis les années 1970, le réchauffement climatique est considéré comme inexorable. Il faut donc s’adapter au climat, c’est le principe de réalité choisi par les grands de ce monde. Les Américains, notamment, connaissaient les impacts du réchauffement climatique sur l’agriculture, ainsi que ses effets sur les bâtiments et maisons construits sur les sols argileux dont on constate l’ampleur des dégâts (fissures…) d’année en année. Mais le courtermisme engendre la cécité, ce qui permet d’établir un cahier comptable afin de ne pas entraver les secteurs moteurs de la croissance. D’où la frilosité des leaders de l’industrie à intervenir sachant qu’il vaut mieux sacrifier quelques secteurs économiques tout en continuant à engranger les profits dans tant d’autres…en attendant que tout craque. Ces décideurs économiques et politiques iront jusqu’à tuer la poule aux œufs d’or pour satisfaire leur appétit insatiable de bénéfices et de pouvoir. Car, les pays, raisonnant individuellement, ne comptent pas contraindre leur compétitivité. En clair les pays industriels ont fait le choix de la croissance avec son corollaire, le réchauffement. Le problème, c’est qu’ils prônent l’adaptation a minima, ce qui aura des conséquences dramatiques sur les populations fragiles dans les années à venir.

Prenons l’exemple de la France. Le gouvernement va prendre des dispositions pour le moins anecdotiques. Il compte utiliser les jeunes du SNU pour contacter les personnes recensées en situation de vulnérabilité afin d’éviter le traumatisme de 2003 où 15 000 décès avaient été déplorés. Il suffirait donc d’appeler les personnes âgées pour savoir si elles vont bien. Il suffirait donc aussi que la Poste demande à ses facteurs de vérifier si les personnes vulnérables vont bien. Contre contrepartie financière ? Un effet d’aubaine ? Idem pour les agents des collectivités territoriales…

Comme pour les risques technologiques, les communes enverront des SMS lors des canicules pour avertir de situations exceptionnelles…Sincèrement, de qui se moque-t-on ? Et la réfection des bâtiments ? Leur isolation pour un meilleur confort thermique, été comme hiver ; où en est-on ?

C’est très bien d’imiter ce que font déjà les pays méditerranéens soumis aux fortes chaleurs en installant des fontaines et des ombrières pour rafraîchir les villes. Mais c’est vraiment peu pour lutter contre les grosses chaleurs d’autant que les gens ont plutôt tendance à se calfeutrer chez eux et ne plus bouger quand il fait trop chaud. D’où l’importance d’une meilleure isolation et de combattre les passoires thermiques.

A force de ne pas anticiper la crise climatique, on court après pour trouver des palliatifs. Le climatiseur en étant un, ce qui aggrave le réchauffement climatique. Evidemment qu’il est important de planter des arbres mais si on continue d’artificialiser les sols, on ne gagne pas grand-chose. Le magasin Alinéa par exemple à Montivilliers a été construit à la place de champs ; c’est un magasin Monsieur Bricolage qui va être construit après avoir enlevé 39 menhirs à Carnac, histoire d’anticiper le classement Unesco des mégalithes. Laisse béton.

Mais ce qui n’est pas anticipé, ce sont les coûts humains qui seront générés en l’absence de réponse à l’urgence climatique. A moins que les grands de ce monde ne passent pour pertes et profits quelques millions de personnes. Car nous savons pertinemment que les températures excessives augmentent la mortalité, a fortiori dans les pays pauvres ; les cultures asséchées n’auront plus le rendement escompté pour nourrir les populations sans compter tous les problèmes connexes : migrations, altération cognitive des gens, pandémies et infections accrue…Et si , scénario crédible, la moitié de l’humanité était obligée de migrer pour survivre dans les décennies à venir, en viendrions-nous à dresser des murs partout pour empêcher l’immigration ? Avec des régimes autoritaires à la clef. Alors, oui, il est urgent d’agir en amont et non quand la situation deviendra intenable et invivable car le réchauffement planétaire augmente à un rythme inédit. Nous en sommes à 0,2° C d’augmentation par décennie. Les gaz à effet de serre continuent de croître et nous atteignons des valeurs au point haut, inédites depuis un million d’années au moins.

Les scientifiques avaient prévenu qu’il fallait que les émissions mondiales baissent mais nous continuons sur une pente qui nous fait prendre davantage de vitesse. L’augmentation des combustibles fossiles combinée à la déforestation nous plonge dans des records carbonés jamais atteints. De nombreux pays se sont engagés à réduire leurs émissions mais si les mesures étaient vraiment prises, nous serions quand même à 2,5° C de réchauffement de la planète. Et comme les politiciens s’appuient davantage sur l’adaptabilité, nous nous acheminons plutôt vers un réchauffement de 4° C.

Nous ne pensons pas que les gouvernements prendront la mesure de la situation d’autant que selon le GIEC, la limite de 1,5° C sera franchie en 2030, c’est-à-dire dans quelques années.

Nous connaissons l’équation : les émissions de CO2 ne doivent pas dépasser la capacité d’absorption des forêts, océans, zones humides…juste pour atteindre la neutralité carbone. Mais là, nous sommes mal partis. L’avenir de la planète ne peut être confié aux politiciens qui au mieux sont des analphabètes du climat, au pire de dangereux lobbyistes pour le compte de grandes firmes.

Ti Wi (GLJD)