L’agrobiologie est née au début du XXème siècle

L’agrobiologie est née au début du XXème siècle, par des réactions viscérales qui faisaient obstacle à tout progrès ; elle est aussi une conséquence des premiers abus de l’agriculture industrielle et chimique. L’érosion des sols vers 1930 aux U.S.A. permit clairement d’en cerner les dangers (ce phénomène résultait de la surexploitation des terrains et d’une mécanisation mal adaptée, souvent trop lourde. Les pionniers de l’agriculture biologique, suisses notamment, mirent en avant l’importance primordiale de l’humus (on appelle ainsi la partie vivante de la couche supérieure du sol comprenant la matière organique en décomposition, les bactéries, les insectes et autres décomposeurs) qui joue un rôle fondamental dans les processus de la vie des plantes, et par là même des animaux, en étant un des supports des cycles des éléments (azote, carbone, etc.).

L’agriculture chimique et industrielle, quant à elle, néglige le plus souvent le rôle de l’humus, et ses pratiques tendent à passer outre et même à l’éliminer.

Les agrobiologistes veulent vivre en harmonie (notion confuse) avec leur sol, à l’intérieur du milieu naturel. Leurs techniques visent avant tout à développer la vie du sol et associent trois pratiques complémentaires : la fertilisation, le travail du sol et la protection des cultures.

Il y a trois techniques de fertilisation :

  • Apports d’engrais organique (fumier, résidus de récoltes, poudre d’os et de corne) incorporés au sol après compostage, en tas ou en surface.
  • Apports d’engrais minéraux naturels (poudres de roches, algues calcaires, phosphates naturels, etc.) incorporés au sol ou ajoutés au compost.
  • Cultures d’engrais verts qui améliorent la structure du sol, lui apportent de l’azote tiré de l’atmosphère, naturel et gratuit, et l’enrichissement en matière organique.

Ces apports fertilisants ne gênent en rien les cycles de la vie, car ils n’apportent aucun corps étranger c’est-à-dire de synthèse.

Le travail du sol a pour rôle de le maintenir en bonne condition tout en permettant les cultures. Ainsi on ne retourne pas les couches du sol, on n’enfouit pas la couche superficielle dans laquelle se trouve la vie microbienne. Simplement, on ameublit le sol en profondeur sans retournement des couches et on incorpore les matières organiques en surface.

Les assolements jouent un très grand rôle en agrobiologie, de même que la phytosociologie (rapport des plantes entre elles). Par exemple, certaines plantes ont des retombées bénéfiques pour d’autres, il faut donc favoriser leur alternance et leur voisinage lors des cultures ; d’autres par contre, se nuisent mutuellement, ce dont il faut tenir compte également. Cette nouvelle science, la phytosociologie, est appelée à se développer  […]

Après cette double analyse de l’agrochimie et l’agrobiologie, il reste à tenter de définir quelles peuvent être les propositions des anarchistes concernant l’agriculture et son rôle dans la société libertaire. (à suivre)

Ce court extrait est tiré d’un article publié dans « La Rue », n°20 et repris dans Espoir-CNT du 20 avril 1980. (DUTHILLEUL Alain [dit Crapaud]). Comme quoi, l’intérêt des libertaires pour le bio ne date pas d’aujourd’hui…

De la dictature light

Après cinq siècles de capitalisme sauvage, plus de deux siècles d’industrialisation du monde ont provoqué la catastrophe permanente dans laquelle nous nous trouvons. La religion du progrès et la science ont été le paradigme pour mener à bien le projet capitaliste d’anéantissement de toute vie sur terre, pour ensuite l’artificialiser et le marchandiser ; ce processus d’artificialisation englobe toutes les dimensions de la vie, tous les phénomènes et processus naturels : de la nourriture (en passant par les aliments transformés, aliments transgéniques, etc.), le climat (avec des techniques de géo-ingénierie qui cherchent à modifier le climat), la reproduction de l’être humain (par la procréation assistée derrière laquelle se cache l’eugénisme) jusqu’à la conception et la fabrication de bactéries, les gènes et les plantes par les techniques bioinformatiques et la biologie synthétique…. Évidemment tous ces processus d’artificialisation ne sont pas neutres, ils supposent l’épuisement et l’anéantissement des ressources dites naturelles, la contamination de la terre, de la mer et de l’air et l’aliénation de l’être humain devant le projet d’artificialisation de la vie ; nous sommes confrontés à un projet écocide et liberticide. Ceux qui, pendant des siècles, se sont consacrés à détruire la planète tout en semant la terreur et la misère dans la population s’érigent aujourd’hui en nos « sauveurs », aujourd’hui ils entendent imposer leur monde rationnel et techno-totalitaire, sous prétexte que ce n’est qu’en s’accrochant à eux (nous sommes tous dans le même bateau ; celui des imbéciles) et sous leurs impératifs, ainsi nous pouvons nous sauver.

L’accélération de l’industrialisation et l’émergence de la société de consommation après la Seconde Guerre mondiale commencent à provoquer la propagation de la nocivité sur toute la planète ; les technocrates qui n’ignorent pas le drame causé par la vie industrielle forment le Club de Rome en 1968, fondé par de hauts fonctionnaires, politiciens, technocrates, hommes d’affaires, etc. De ce Club de Rome surgissent les bases du projet de domination actuel, l’une de ses bases est le fameux livre « Les limites de la croissance » dans lequel ils soulignent en bons néo-malthusiens : l’excès de population, les causes néfastes et destructrices de l’industrialisation et les problèmes énergétiques que cette accélération industrielle entraînerait. Les technocrates commencent à se rendre compte que le monde qu’ils ont construit est nocif et conduit à la destruction de la planète. En même temps qu’ils avertissent de la dévastation du monde, ils commencent à « imposer » leurs solutions. Quelques années après la publication dudit rapport, curieusement ou non, la première crise énergétique majeure est apparue en 1973 en raison de la hausse des prix du pétrole, qui a porté un coup sévère à un monde fortement dépendant de cette énergie, entraînant une forte inflation et la première crise énergétique. Le discours de la technocratie de ces années parlait déjà d’un monde plus durable, écologique, égalitaire, d’une transition énergétique, les bases de la « grande transformation » du « grand redémarrage » que nous vivons, commençaient à être posées.

Une transformation, ce que les technocrates ont appelé le « Great Reset »un projet initié par le Forum économique mondial et les grands PDG de la Silicon Valley, un grand reset où le monde doit être reconfiguré, repensé dans toutes ses dimensions. La « grande réinitialisation » est une techno dictature totalitaire mais pas une dictature à utiliser directement, il n’y a pas de répression visible, mais un conditionnement technologique, c’est une douce dictature, où l’on vit dans une prison numérique dont le terrain de jeu est le métavers. C’est une dictature bienveillante, inclusive, verte, résiliente, durable, féministe, etc., c’est-à-dire une douce dictature à laquelle nous devons tous obéir, sourire et embrasser. Le président du Forum économique mondial a récemment déclaré que « nous serons heureux sans rien avoir », une excellente déclaration d’intention. Face à la catastrophe et à celles qui viendront, les technocrates ont besoin d’une population surveillée et obéissante, contrôlée mais qui est heureuse et se sent responsable et participative. En 2013, également du misérable Forum économique mondial, son président, Klaus Swach, parlait des nouveaux diktats auxquels l’humanité devra se soumettre dans cette nouvelle dictature amicale : inclusion, durabilité et résilience. (à suivre)