En Angleterre, les travailleurs montrent la voie

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En cette rentrée de septembre 2022, on a bien du mal à s’y retrouver. D’un côté les économistes nous alertent sur une possible récession planétaire. La Chine, longtemps moteur de la croissance mondiale, subit les conséquences de sa gestion stricte de la pandémie ainsi qu’une crise immobilière sans précédent. De même l’augmentation du taux d’intérêt de la Fed aux Etats-Unis va-t-il conduire à la récession ? Et l’Europe n’en finit pas d’essayer de limiter l’impact du choc gazier. La hausse des prix du chauffage, de l’essence, de l’électricité…entraîne une inflation de 9 à 10% dans la zone euro. Là aussi, certains économistes entrevoient une possible récession. En France, Monsieur Macron nous a indiqué que c’était la fin de l’insouciance et de l’abondance. La préparation des esprits est en cours depuis quelques semaines. Certainement un argument de plus pour la réforme des retraites.

D’un autre côté, 80% des patrons hexagonaux sont plutôt optimistes et  l’actuel président du Medef est confiant. La croissance ne flancherait pas et l’inflation serait bien mieux contenue en France que dans les autres pays européens. Le marché du travail serait aussi dynamique. Là aussi, certainement un argument pour pousser plus loin la réforme de l’assurance chômage.

Mais quand le patronat est satisfait, on se demande toujours, nous autres libertaires, quels mauvais tours il nous prépare avec le gouvernement. Qu’ont ces derniers dans leur besace comme mauvaises surprises ?

Du côté du camp des travailleurs, l’optimisme n’est pas de mise. Pénurie de personnel dans les services publics, notamment dans l’Education et la Santé. Les salaires ne suivent pas l’inflation. Les salariés malgré quelques mesurettes gouvernementales vont perdre 4% de pouvoir d’achat, ce qui n’est pas rien par les temps qui courent.

En Angleterre, les travailleurs montrent la voie. Les cheminots britanniques étaient en grève le 18 août, paralysant une bonne partie du trafic ferroviaire. Arrêt du métro de Londres, dockers du port de Felixstow en grève. Les éboueurs ont débrayé durant une semaine en Ecosse. De nombreuses professions se sont fait entendre face à la baisse du pouvoir d’achat. Cet été aura été celui du mécontentement outre-Manche. Le syndicalisme a pris une claque avec Tatcher, espérons que le gouvernement trouvera face à lui, une coordination des luttes afin d’orchestrer un rapport de force destiné à faire plier le patronat. Les deux filiales du groupe de bus Stagecoach ont acceptées des hausses de salaire de 13% Voilà un exemple à suivre là-bas comme ici.

Les enseignants en France ont déjà prévu une grève le 29 septembre. Espérons qu’elle soit suivie car l’Education Nationale est sur la mauvaise pente. Depuis trop longtemps la part faite au privé se fait au détriment du public. Quand on voit que 40% des collégiens à Paris sont scolarisés dans le privé, cette donnée a de quoi inquiéter. A vrai dire, il semblerait que le secteur public soit bon pour les autres mais pas pour les élites. Les politiciens en tête ; le nouveau ministre de l’E.N. ayant lui-même scolarisé ses enfants à l’école Alsacienne (cf « L’École du Gotha » (éditions du Seuil) où le journaliste Lucas Bretonnier a enquêté sur cette école privée). Un lieu où l’on retrouve les milieux parisiens les plus favorisés…C’est vrai que les enfants de riches ont le droit à une scolarité sereine. Les fils de pauvres et d’ouvriers devront encore se débrouiller et se contenter des peu de moyens qu’on attribue à leurs écoles. Et on ne parle pas de l’évitement scolaire à cause du nombre trop important d’enfants d’origine étrangère. Les élites bien sûr n’ont aucun intérêt à ce que les choses changent. A la marge, oui, pour servir de caution démocratique avec quelques mesures à mettre en avant. Mais c’est tout. Vernis et ripolinage sont les spécialités de nos gouvernants.

Les anarchistes, depuis belle lurette, demandent une égalité économique et sociale pour un véritable changement, non cosmétique mais réel. Cela passe par la répartition des richesses et du temps de travail. A la question sociale, historiquement au cœur de l’engagement libertaire, doit s’ajouter la question écologique et la question féministe. Ces questions ne seront traitées que si elles le sont d’un point de vue libertaire.

Par ailleurs, ce n’est pas en se tournant vers des dictateurs un peu plus fréquentables que Poutine aujourd’hui, ce n’est pas en important du gaz de schiste, en bipassant les procédures de compensation écologique (cf le terminal méthanier approuvé au Havre et non à Antifer car la mobilisation a payé à Saint-Jouin de Bruneval), ce n’est pas en tergiversant avec les opposants à l’éolien, bien souvent manipulés par certains lobbys, que nous atteindrons les objectifs en matière d’énergies renouvelables. L’urgence écologique nécessite des mesures fortes et radicales. Pas à la manière de la Première ministre, mais en s’attaquant frontalement au capitalisme qui nous mène droit dans le mur. Le retour « contraint » au charbon, en Europe comme en Chine, est un mauvais signal pour le climat. Le nucléaire qu’on nous assénait comme fiable nous montre ses limites sur le plan de l’efficacité : seuls 24 des 56 réacteurs nucléaires d’EDF fonctionnent à ce jour. Le temps fait son œuvre : la corrosion. L’Etat nous la joue paternaliste comme pour la pandémie : nous allons prendre les mesures qui s’imposent pour vous protéger et on protégera en premier les ménages plutôt que les entreprises. Des trains de mesures sont à l’étude. Que n’a-t-on accéléré la production d’énergies renouvelables. Depuis le temps que nous le répétons, avec tant d’autres. Il suffit de relire entre autres, les articles du journal « La gueule ouverte ». Nous constatons encore une fois, le poids des lobbys et de ceux qui ont profité des largesses de ces derniers.

Tout le monde s’accorde à dire que nous avons vécu un été caniculaire hors norme mais nous allons renouer avec le charbon, source de pollution majeure. Les politiciens, sous couvert de la solution la moins pire, nous entraîne dans un véritable cercle vicieux. Eux qui ont tant freiné des quatre fers pour se tourner vers le solaire et l’éolien offshore. Une honte que les jeunes générations vont payer au prix fort.

Sterenn (56) pour le libertaire