L’abstention trouve un débouché dans les actions de terrain

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Nous entrons dans une période d’incertitude. Les choses, les combats d’autrefois nous donnent parfois la nostalgie ; les batailles et les espaces où nous avons essayé de faire valoir nos revendications nous donnent l’impression de se tarir. Mais la jeunesse qui prône l’action directe (agir sans intermédiaire) et agit, notamment pour l’écologie sociale, contredit le pessimisme ambiant. De nombreuses jeunes femmes se disent clairement féministes et écologistes ; elles agissent en essayant d’être en accord avec leurs engagements et convictions. Nos revendications n’ont toujours pas besoins de la politique traditionnelle. L’abstention trouve un débouché dans les actions de terrain et c’est tant mieux. Que les gens se disent anarchistes ou pas, ce n’est pas l’essentiel.

La question sociale ne doit pas pour autant disparaître des radars. Le monde a été fait par nous, les travailleurs, les bâtisseurs.

Il ne faudrait pas que l’enthousiasme soulevé par les gilets jaunes s’éteigne via la pandémie qui nous a enfermés trop longtemps. Certains ont vécu dans la peur et l’Etat en a bien joué pour canaliser toute contestation.

Puis la rébellion est revenue petit à petit avec cette envie de changer les choses. Un vent de contestation est venu depuis quelque temps qui nous a sortis un moment de notre torpeur notamment lors des dernières canicules. La politique politicienne est chargée de nous confronter au fait que les espaces institutionnels ne sont pas notre tasse de thé ni notre terrain de prédilection pour changer l’histoire.

A côté du bloc macroniste, la menace d’extrême-droite a éclaté avec force depuis que les médias (et les propriétaires de certains de ces moyens de communication) ont fait la courte échelle à Zemmour, ce dernier permettant à Marine Le Pen de se normaliser. Les résultats à l’Assemblée nationale sont là pour l’attester.

L’idée d’avoir au pouvoir, à terme, une éventuelle candidate d’extrême-droite qui gérera les institutions répressives de l’Etat ne peut nous laisser indifférent.

Des vents d’espoir soufflent sur certains réseaux sociaux  mais d’autres vents haineux s’en prennent à des individus engagés et pratiquent le harcèlement en ligne. La toile d’extrême droite est très forte à ce niveau. Avec le temps, nous réalisons que, bien que les gouvernements successifs montrent l’intention de ne pas agir selon les mêmes méthodes que leurs prédécesseurs, les choses continuent de se reproduire sans pouvoir arrêter la marche de davantage d’inégalités au profit d’une minorité qui concentre de jour en jour davantage de pouvoir et d’argent. Sans compter les avantages  que le capitalisme concentré apporte aux institutions de tout État.

Alors il est temps pour nous de réfléchir, pouvons-nous penser que les choses peuvent changer ?

Ce que l’on sait avec certitude, c’est que les élites n’ont aucun intérêt à vraiment nous laisser arranger et changer les choses. Mais cela ne doit pas nous arrêter. Savoir où nous en sommes, c’est aussi comprendre où nous voulons aller : toujours à l’opposé des intérêts représentés par les élites de n’importe quel secteur. Toujours opposés à l’Etat.

Agir de manière responsable et alternative face à toute décision politique est un facteur fondamental pour nous. Voulons-nous que sous couvert de la menace de Marine Le Pen, la politique pro-Medef du gouvernement Macron  soit approuvée? Non. Sommes-nous des alliés du gouvernement actuel ou d’un quelconque gouvernement ? Non, ce n’est pas dans l’ADN anarchiste. La nouvelle équipe de Madame Borne représente-telle-elle le changement définitif dont nous avons besoin ? Bien sûr que non. Et loin s’en faut. Les travailleurs qui pensent que le macronisme est un moindre mal se fourrent le doigt dans l’œil. Les mesures dites sociales sont prises pour éviter tout débordement social incontrôlable. Dans le discours du gouvernement et de leurs affidés, point question de répartition égalitaire des richesses par exemple.

Des mouvements et des expressions politiques, nous en connaissons les contradictions que nous observons au jour le jour entre les besoins de la base et les besoins des patrons et des actionnaires. Mais les ennemis de nos ennemis ne sont pas forcément nos amis. Nous savons que les droits dans ce système ont été conquis de haute lutte. La logique capitaliste signifie que tous les usages et jouissances sont concentrés et monopolisés principalement par des entreprises privées. Certaines d’entre elles offrent des produits à des prix inaccessibles pour la majorité. Ces produits permettent l’entre soi et les marqueurs sociaux.

Mais si nous pouvons nous mobiliser pour obtenir quelques avantages pour notre classe, ne peut-on pousser un peu plus loin, et enfin soustraire un peu plus de pouvoir au pouvoir économique des élites et de l’Etat ; ne vaut-il pas la peine de penser à ce moment dès aujourd’hui comme une instance pour abattre le business patronal et étatique. Tout ce qu’on peut grignoter nous amène vers davantage d’autonomie et de confiance en notre force. Car nous avons le nombre pour nous.

Nous n’allons rien résoudre en restant les bras croisés et en attendant des changements venus des classes politiques de gauche comme de droite. Le pouvoir les a usés et discrédités. Ce n’est pas en vendant de l’armement dans le cadre d’un commerce équitable avec des matériaux biodégradables que la position des anarchistes sera modifiée par rapport au commerce des armes, au militarisme et aux horreurs de la guerre. L’emballage démocratique n’est qu’un emballage. Les libertaires veulent changer le fond et pour cela, le capitalisme, tout comme le capitalisme d’Etat, doit disparaître au profit d’une société basée sur l’égalité économique et sociale. Avec pour but, l’émancipation des travailleurs par les travailleurs eux-mêmes.

La seule voie, c’est de continuer à se battre pour un peu de dignité dans ce système imposé par la force.

Patoche (GLJD)