Le chansonnier anarchiste, Gaston Couté, mentionne Jules Durand
Alors que la répression s’accroît, touchant notamment des syndicalistes pratiquant la chasse aux renards ou le sabotage, Gaston Couté publie « Les Loups », le 30 novembre. La Cour d’assises de Rouen vient de condamner à mort, le 25 novembre 1910, un charbonnier du port, secrétaire de syndicat, Jules Durand, innocent du crime dont on l’accuse (Cf Dossier Jules Durand aux Editions Scup). La chanson est écrite sur l’air de Béranger : Les Gueux.
Parce qu’on n’ veut plus être
Des moutons humbles et doux
Qui s’ laiss’nt tondre par leur maître,
On nous trait’ comme des loups…
Refrain
Les loups, les loups !
Allons, tous debout
Et défendons-nous
Comme des loups !
Pris d’une rage incongrue,
Briand, le Grand Louvetier
Vient d’ordonner la battue :
On nous traque sans pitié !…
Notre sang rougit la terre :
Liabeuf, Aernoult, Duléry
Et bien d’autres prolétaires,
Dessous leurs coups ont péri !
Des ch’minots qui se soul’vèrent
Dans la grèv’ de l’autre mois,
Et nos copains de la « Guerre »
Sont dans les griff’s des bourgeois !
L’horreur de tous ces supplices
Ne leur suffit pas encor :
Voilà que les chiens d’ justice
Condamnent Durand à mort !
Leur meut’ s’acharne à nos trousses
Aboyant sur le chemin,
De rag’ de honte et de frousse…
Qui de nous tomb’ra demain ?…
Refrain
Les loups, les loups !
Les loups, malgré tout,
Ne tomb’ront pas tous
Vivent les loups !
Si parmi la meute sombre
Qui vacarme derrièr’ nous,
Un grand loup sortait de l’ombre
Pour venger les autres loups ?…
Dernier refrain
Les loups, les loups !
Les loups sont à bout :
Craignez leur courroux,
Oui, gare aux loups.