Dossier Jules Durand: Caudebec-en-Caux

Franklin Jules Durand

Et oui, la grève des cheminots a un rapport avec l’Affaire Jules Durand. Nous faisons part à nos lecteurs d’un passage écrit par Charles Marck où il est aussi question de la famille Péreire, propriétaire de la Compagnie Générale Transatlantique…On sait que la grève générale des cheminots a apeuré la bourgeoisie sur le plan national…

Grève des cheminots

On sait que Briand joua le rôle le plus important dans cette grève, qu’il écrasa en allant, comme il le dit lui-même, jusqu’à « l’illégalité ». Briand avait connu, à Saint-Nazaire, un certain Eugène Pereire, gros manitou à la Banque Transatlantique et président de la Compagnie Générale Transatlantique, en même temps que gros actionnaire et intéressé dans les Chemins de fer, ami personnel, d’ailleurs, de Rotschild, roi de la Compagnie des Chemins de fer du Nord.

La « Lanterne » journal radical de l’époque, et auquel appartenait Briand, était devenu la propriété de Péreire à la suite d’une malpropre affaire financière, vers la fin de 1898. Et malgré ce changement de propriété et d’opinion, notre Briand en resta le directeur, jusqu’en juillet 1898, époque où Millerand et autres politiciens du même tonneau, allèrent le quérir pour prendre la direction de la « Petite République » qui battait de l’aile. Et c’est ainsi que Millerand, de son côté, part pour la « Lanterne », chassé-croisé caractéristique, pour qui a suivi ces polichinelles néfastes, dans leurs évolutions pour arriver au pouvoir.

Briand jouait double, peut être triple, d’abord, pour son propre profit, en soignant les Péreire et les Rotschild (car ils étaient nombreux dans chaque famille) puis la politique occulte qui se manigançait dans les deux journaux et, enfin, la campagne en faveur de la « Grève générale » dont il fut le père ( ?) avec Guerard, Secrétaire général du Syndicat des Chemins de fer.

Il serait nécessaire, comme on peut s’en rendre compte, de revenir largement en arrière pour dénoncer toutes les machinations ourdies, à ce moment de sa vie, par Briand, et les mettre sous les yeux de ceux qui ont encore confiance en cette catégorie de « citoyens-arrivistes », toujours prêts à se servir du prolétariat, comme d’un piédestal, pour arriver à s’élever jusqu’aux plus hautes fonctions publiques et le trahir au premier tournant de la route. Les exemples abondent !

J’en ai assez dit, cependant, pour montrer pourquoi Briand intervint déjà dans le mouvement de grève des cheminots, en 1898, où il fallait remercier les Pereire et les Rotschild, pour toutes les largesses dont ils l’avaient abreuvé jusque-là. Qui donc eut pu croire à une telle vilénie ? Il devait faire mieux… ou pire !

La grève de 1910 éclata le 8 octobre. Elle partit des dépôts de la Chapelle, pour atteindre très rapidement tout le réseau « Nord ». Les Cheminots réclamaient leurs « CENTS SOUS ».

Je m’abstiendrai, naturellement, de m’étendre trop longuement, sur ce conflit qui prit une ampleur à laquelle on était loin d’en supposer la possibilité. Mais si j’y fis allusion, c’est qu’il faut tout de même en parler, ne fut-ce que pour rappeler comment on y retrouva l’intervention néfaste de Briand, devenu Ministre et Président du Conseil, ennemi N° 1 des Cheminots, en particulier, et des prolétaires en général. »