L’antifascisme trahi
Jean Birnbaum fait la leçon à l’ancien trotskyste Mélenchon dans un article paru dans le Monde du mercredi 3 mai 2017 sur le fait qu’il n’ait pas donné de consignes de vote pour Macron.
Nous n’entendons pas défendre Mélenchon, il est assez grand pour le faire. Le journaliste du Monde assène quelques vérités : Trotsky souhaitait dès 1932, constituer un Front unique contre le nazisme en appelant les ouvriers allemands communistes et socialistes notamment, à s’unir. L’histoire nous a montré que Staline, au niveau de l’Internationale qu’il avait à sa botte, avait effectué un autre choix en portant davantage ses coups contre la sociale-démocratie que contre les nationaux- socialistes. Et Birnbaum de faire un parallèle avec aujourd’hui. En clair, tous ceux qui ne voteraient pas Macron dimanche prochain feraient le lit du national-socialisme à venir…Birnbaum aurait pu ajouter que Doriot avait aussi proposé pour la France une alliance de toute la gauche contre le fascisme. Il a eu le tort d’avoir raison trop tôt et de suivre la dérive qui a été la sienne et qui l’a mené à la collaboration. Encore un grand Jacques qui s’est égaré!
Monsieur Birnbaum est trop érudit pour ne pas connaître l’ouvrage de l’Américain Robert O.Paxton sur le fascisme en action. Cet auteur a suivi comment germent les mouvements fascistes. Si ces derniers accèdent au pouvoir en profitant des difficultés d’une société aux abois : chômage de masse, pouvoir d’achat en berne, problèmes identitaires…le fascisme a besoin pour cela des élites, de l’establishment comme dirait Jean-Marie Le Pen, pour arriver à ses fins.
Dans le cas présent, le Medef et les élites technocratiques de gauche comme de droite se sont clairement prononcées pour Emmanuel Macron. Il existe parallèlement à cela, une gauche et une extrême gauche qui pèsent encore sur le plan des mouvements sociaux, en dehors des urnes.
Nous sommes dans le populisme patriotico-cocorico en tous genres, mais surtout dans une société qui espère continuer à maintenir les privilèges de ses élites. Le patronat ne craint aujourd’hui aucune révolte d’inspiration révolutionnaire ; nous ne nous dirigeons donc pas à court terme vers le fascisme. Le patronat n’a rien à y gagner à ce jour. Peut-être ultérieurement si la situation sociale explose…
Monsieur Birnbaum dédouane à bon compte ceux et celles qui sont responsables de la situation actuelle. D’ailleurs de nombreux travailleurs l’ont bien compris : Monsieur Macron entend aller vite et réformer le code du travail par ordonnances. Il veut simplifier le droit du travail et donner davantage de place aux négociations majoritaires d’entreprise. Quand on connaît la présence syndicale dans les boîtes, on ne peut qu’être inquiet. Il compte fusionner les Instances représentatives du personnel, ce qui affaiblira le peu de poids qu’ont les syndicats. Un peu plus de flexibilité, ce qui dégradera les conditions de vie des salariés. En simplifiant la vie des petits patrons et en attaquant de manière frontale les chômeurs, qu’espère Macron ? Cliver un peu plus la société ?
C’est peu réjouissant pour le monde du travail, la perspective d’un président Macron.
Alors Monsieur Birnbaum, ne faites pas votre travail à moitié et indiquer bien que Marine Le Pen est aux portes du pouvoir pour la présidentielle de 2022, si Monsieur Macron exerce son pouvoir comme il a exercé son mandat de ministre sous Hollande. N’oubliez pas que ventre affamé n’a pas d’oreilles…Nous dire que Marine Le Pen, c’est pire, ce qui est vrai, ne nous réjouit pas plus que cela.