Où vont les Corses ?

Gendarmerie

Un petit tour chez les Corses cet été

Place du village, à Belgodère, la taulière d’un des deux cafés de la place rétorque à une famille des Bouches du Rhône qu’elle n’est pas pour le métissage : « Nous, ici, on ne se mélange pas !». Le maire du bled a pourtant eu le courage d’intégrer la seule famille syrienne de l’île. Dans son dos, car le lascar est costaud, certains résidents causent : « Nos jeunes n’ont pas de boulot et on donne un emploi à la mairie à cette famille étrangère, et la femme est voilée en plus ». Ambiance, ambiance. En sortant de ce magnifique village, en prenant la direction de Corti par l’intérieur des terres, en zone montagneuse donc, on trouve quelques slogans sympathiques, du style : « J’encule les colons ». Le colon, c’est le Français. Et à Corti, « Adieu la Gaule ». Faut dire que le Corse est érudit même si le musée de Corti est d’une indigence extrême. De grands espaces, mais pour la culture, faudra repasser. Vous avez davantage de chances de trouver des traces des anciennes confréries religieuses dans cet antre de « la culture » corse que celles du mouvement ouvrier. Mineurs et métallurgistes en Corse, leur histoire est proche du néant. Le syndicalisme en Corse n’a-t-il jamais existé, la Bourse du Travail de Bastia, non plus ? Petite lueur à Corti, un Breton a déployé le drapeau « Gwenn ha Du », certainement un invité des journées internationales…Talamoni aura beau nous expliqué que la Corse est une terre d’asile, il en faudra un peu plus pour nous convaincre, surtout après les événements de la finale de la coupe du monde de football. Dans certains bars, le soutien va aux Croates car il faut à tout prix battre l’ennemi français. Pour nous autres fédéralistes libertaires, ça commence mal. Déjà, le foot, c’est pas trop notre truc mais quand la violence monte d’un cran, ça nous dégoûte au-delà des drapeaux et du fric que ce sport génère. Place Saint-Nicolas à Bastia, après le premier but français, ce sont des horions qui sont échangés entre supporters de l’équipe de France et des locaux qui s’écrient à la fin du match : « Français de merde ! ». Ça fait du bien de se lâcher contre les estivants. Le journal Corse matin du lundi 16 juillet nous décrit la situation de franche camaraderie qui règne à Bastia : « A la fin du match, tandis que les voitures défilent avec klaxons et drapeaux pour fêter la victoire (4-2) de l’équipe de France, des incidents éclatent dans plusieurs bars de la ville de Bastia. Quelques automobilistes arborant des drapeaux français ont été pris à partie. Un drapeau français est incendié sur la place Saint-Nicolas et des rixes éclatent entre supporters entre le boulevard Paoli et le boulevard De Gaulle, impliquant une trentaine de jeunes. »

A Ajaccio, ce sont des militaires de la marine nationale qui ont été pris à partie et ont terminé leur soirée au centre hospitalier de la ville. Fallait pas être continentaux ce soir-là et afficher son soutien à l’équipe de France. Comme quoi le foot, c’est dangereux, en Corse, encore un peu plus. On se souvient du caillassage du bus du HAC en mai dernier à Ajaccio. Les footeux corses seraient-ils pires qu’ailleurs ? En tout cas, Talamoni, si Paoli avait l’idée d’une constitution basée sur l’universalisme et l’esprit des Lumières, il serait bon d’analyser où mène le nationalisme, fut-il Corse. A l’allure où vont les choses, Marine Le Pen passera pour une progressiste vis-à-vis d’une majorité de Corses.

Au fait, il y a beaucoup de yachts à Calvi, Saint Florent et quelques autres jolis petits ports que regorge l’île de beauté. Peut-être que les rupins ont davantage droit de cité que l’estivant lambda ?

Un peuple qui n’a pas de mémoire ouvrière, dans le sens large du terme, est un peuple voué à la réaction. Peut-être ferais-tu bien de regarder de plus près, ce qui se passe au Kurdistan et plus largement t’inspirer du municipalisme libertaire. A défaut, le nationalisme t’enverra croupir dans les poubelles du fascisme, toi et tes soutiens.

Mickaël (Mon prénom est d’ailleurs aussi Corse que Jean-Guy)