Notre ennemi, c’est celui ou celle qui nous empêche de vivre comme on veut. Le capitalisme enferme les gens (les aliène) dans des besoins et désirs artificiels. Il faut consommer pour écouler les choses produites afin que les capitalistes fassent des profits. Mais il arrive un moment où des millions de personnes ne peuvent plus se loger, se vêtir et manger à leur faim. Les dix millions de Français qui vivent sous le seuil de pauvreté en sont là. Et on peut toujours leur dire qu’il faut mieux consommer, diminuer leur empreinte carbone, ce discours est peu audible car ventre affamé n’a pas d’oreilles. Et la situation va encore s’aggraver. Depuis 2017, en raison de la hausse de la CSG et de la sous-indexation des retraites, bon nombre de retraités ont perdu près de 10% de leur pouvoir d’achat. C’était bien avant la Covid ou la guerre en Ukraine. En clair, depuis 2015, le ratio entre pensions et salaires diminue et le taux de pauvreté des retraités augmente. A cela il faut ajouter les coûts de l’énergie et une inflation à deux chiffres pour l’alimentaire, l’augmentation des mutuelles…
Quand Macron veut démontrer à la droite que c’est un réformateur, en insistant sur la réforme des retraites, il est dans l’idéologie. Il veut une inversion de la situation au détriment de ceux qui ont trimé toute leur vie. Ainsi, ce qui est visé, c’est la baisse de niveau des pensions par rapport aux salaires ; les pensions étant indexées sur les prix et non sur les salaires. Nous nous dirigeons donc vers une paupérisation des retraités actuels et des futurs retraités.
Parallèlement, une augmentation de l’âge de départ à la retraite signifierait que les ouvriers ayant commencé à travailler plus tôt seraient pénalisés. D’autant que les travailleurs de l’industrie, par exemple, ne sont plus guère dans l’emploi après 58 ans. Le flot de chômeurs grossira plutôt que de se tarir. Et les seniors ne viendront pas combler le déficit de personnel pour les métiers dits en tension comme les personnels de santé, les profs… qui demandent une qualification, une formation…sans compter les travailleurs de la restauration qui nécessitent, eux aussi, une certaine forme physique.
Tout cela fait le jeu du Rassemblement National qui n’en finit pas de polir son image et monter dans les sondages, notamment chez les jeunes et dans les classes populaires.
On est un peu surpris que les thèmes comme la ré-industrialisation (afin de ne plus être tributaires des Chinois, des Indiens…), de la transition écologique (le dérèglement climatique n’est pas une vue de l’esprit mais une réalité) et le réengagement de la puissance publique pour assurer des services publics de qualité (Embauches massives à l’hôpital, les écoles…) ne soient pas mis sur le devant de la scène.
Selon le COR (Conseil d’orientation des retraites), il n’y a pas péril en la demeure et l’équilibre du système des retraites n’est pas menacé à terme. Il faut aller chercher ailleurs le pourquoi d’une telle réforme voulue par l’exécutif. Ne s’agirait-il pas de boucher le trou dans les finances publiques et combler ainsi les déficits dus aux cadeaux fiscaux faits aux riches et aux entreprises depuis l’accession de Macron au pouvoir.
Doit-on attendre la révolution pour bouger et laisser dans l’immédiat les travailleurs aux mains des religieux (Secours catholique, Emmaüs, Armée du salut…), de l’extrême droite et du contrôle social étatique ? Certainement pas et comme le disent certains syndicats, la mère des batailles sera celle des retraites. Mais il faudra bien se démarquer de l’extrême droite qui va pousser ses pions pour consolider ses positions.
Il y a des rapports de force à bousculer et basculer. Nous avons besoin d’entraide et d’actions communes pour aller dans le bon sens, celui de l’émancipation et de l’égalité économique et sociale.
Manifester sera nécessaire mais créer des alternatives concrètes dans la vie quotidienne le sera encore davantage notamment sur le plan de l’écologie libertaire. Agir au lieu d’élire, réaliser ses désirs, susciter des solidarités…c’est aussi modifier les rapports de force. Se donner les moyens de vivre sa vie dans des pratiques alternatives, dans l’entraide, voilà qui a une force subversive incontestable.
Dans leur ouvrage, « Au commencement était », David Graeber et David Wengrow indiquaient que l’origine de la domination dépendait essentiellement de trois critères : le contrôle de la violence, le contrôle de l’information (les savoirs…) et le charisme individuel. C’est à cette domination qu’il faut s’attaquer.
Faire masse pour défendre nos retraites peut faire reculer le pouvoir mais il faudra aller plus loin. Les anarchistes doivent s’en prendre à l’obéissance à l’ordre (moral, social…), au pouvoir et aux inégalités sociales. A défaut, nous allons nous embourber à nouveau dans la volonté de domination totale de quelques-uns et leur projet totalitaire.
Patoche (GLJD)