On parle souvent et beaucoup des massacres à Gaza et au Liban, à juste titre. On parle beaucoup moins de la guerre au Soudan qui a fait plus de 150 000 victimes depuis la mi-avril 2023. Milices paramilitaires, armées, bombardements et destructions massives, famines, maladies et épidémies, massacres, exactions diverses et variées, pillages systématiques…Voilà le quotidien des 49 millions de Soudanais. Nous assistons à la plus grave crise humanitaire mondiale depuis 5 longues années. Mais les Soudanais n’ont pas le portevoix du Hamas, des Israéliens, du Hezbollah…L’armée (F.A.S.) et les milices paramilitaires s’affrontent et le pays n’est plus que ruines. Les femmes sont violées, les adolescents enrôlés…la guerre quoi. Mais celle-là ne crève pas les écrans. De multiples groupes armés sillonnent le pays, rançonnent les gens et effectuent moult razzias. Checks-points, couvre-feu, omniprésence de l’armée. De nombreux combattants sont là pour la patrie, refrain bien connu pour cacher les intérêts de pays « amis » à la recherche de pétrole et d’or. Ce sont toujours les pauvres qui meurent. Ce sont les femmes, les enfants et les vieillards qui sont sacrifiés. Pourtant le commerce des armes profite à la Turquie, la Russie, la Chine, la Serbie, certains pays arabes etc. Les Soudanais crient famine mais l’armée et les milices ont pléthore d’armes. Ce commerce de la mort doit cesser. Honteusement, pendant ce temps, au lieu d’apporter une aide humanitaire, les Etats précités alimentent activement le conflit en livrant des armes et des munitions.
Il est curieux que les pays arabes appellent à un cessez-le-feu immédiat à Gaza sans se soucier du Soudan. La guerre à Gaza, c’est 43 000 morts et 3200 au Liban. Le Hamas a massacré de même 1300 israéliens.
Les morts s’ajoutent et ne se concurrencent pas. Mais il nous faut parler de toutes les guerres qui sont toutes sales.
Parallèlement, des dizaines de millions de personnes ont été déplacées à cause du changement climatique. On parle beaucoup des conséquences des crises climatiques mais très peu des causes du réchauffement, ce dernier étant dû au capitalisme et ses orgies de profits.
D’ici une trentaine d’années, plus de cent millions d’Africains pourraient migrer au sein de leur continent. Ces migrants internes qui n’auront d’autres choix que celui de s’en aller de leurs terres viendront parfois s’installer dans des pays où les conflits perdurent. Inversement, pour fuir les guerres, certains comme les Soudanais fuiront leur pays pour s’installer dans des zones à risques climatiques. Onze millions de Soudanais se sont déplacés dont 700 000 sont allés au Tchad le mois dernier alors que ce pays est exposé aux inondations récurrentes. Là encore ce sont les pauvres dont nombre de femmes et enfants qui vont subir ces changements de pays alors que pas grand-chose n’est fait pour les accueillir dignement. Solidarité, entraide et coopération internationale ne sont à l’ordre du jour que pour se donner bonne conscience.
Là encore, les morts dus aux crises climatiques s’ajoutent et la mort d’un Soudanais vaut celle d’un Tchadien ou celle de tout citoyen du monde. Mais des milliards sont consacrés à l’armement alors la lutte contre le dérèglement climatique peine à obtenir des fonds pour lutter contre ce dernier.
Plus près de chez nous, des small boats transportent des migrants pour traverser la Manche. Ces petits canots pneumatiques sont des embarcations précaires qui chavirent au moindre coup de vent alors qu’ils sont chargés à ras-bord. Des centaines de personnes ont perdu la vie sur les vingt dernières années dont une soixantaine en 2024 alors que l’année n’est pas terminée et qu’on ne comptabilise pas les morts par noyade en dehors des zones maritimes.
Les milliers de migrants qui rejoignent la Grande-Bretagne, 32 000 depuis début janvier 2024, proviennent souvent de pays en guerre (Syrie, Afghanistan, Erythrée…). D’autres émigrent car ils espèrent trouver du travail car chez eux, c’est le chômage endémique et la pauvreté à la clef.
On ne peut comparer les misères, mais en France, 9 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté et 12 millions peinent à chauffer leur logement, souvent une passoire thermique.
Alors les populistes ont beau jeu de monter les misères les unes contre les autres. Trump a gagné les élections sur deux thèmes majeurs : l’immigration et le pouvoir d’achat. L’extrême-droite française voire européenne fait ses choux gras de ces thèmes porteurs sur le plan électoral. Et le mouvement ouvrier de tradition internationaliste ne trouve plus de parade à cette montée de haine de l’autre.
Les libertaires sont dans la pensée de l’action et parfois quand la situation l’exige de l’insurrection.
Avec les pauvres, toujours ! Contrairement aux religieux de tous poils, nous pensons que l’émancipation des travailleurs sera l’œuvre des travailleurs eux-mêmes et que notre vie doit se vivre au présent, aujourd’hui sur Terre et non dans un paradis qui n’existe que pour les gogos. Pour s’émanciper, la première chose à faire est de s’émanciper de la religion, castratrice des idées neuves et qui se situe la plupart du temps du côté du manche.
TI Wi (GLJD)