Solidarité avec Vicenzo Vecchi

Répression policière

L’affaire Vincenzo Vecchi débute le 8 août 2019 lorsque ce ressortissant italien est arrêté à Saint-Gravé, dans le Morbihan, en exécution de deux mandats d’arrêt européens émis en 2016 par l’Italie. Il est accusé du délit de « dévastation et pillage » lors des manifestations altermondialistes à Gênes en 2001 et à Milan en 2006 et encourt dix ans d’emprisonnement. Pendant plus de trois ans, cette affaire connaît de multiples épisodes judiciaires, impliquant différentes juridictions françaises, et suscite diverses controverses.

Remontons dans le temps : le vingt-septième sommet du G8 à Gênes en juillet 2001 est marqué par des manifestations altermondialistes auxquelles prennent part quelque trois cent mille personnes venues de toute l’Europe. Ces manifestations donnent lieu à des affrontements entre la police et les manifestants et la répression y est brutale, faisant des centaines de blessés et entraînant la mort de Carlo Giulani.

En mars 2006, le parti néo-fasciste Flamme tricolore organise un rassemblement à Milan, un mois avant les élections de 2006 et quelques jours avant le troisième anniversaire de l’assassinat d’un militant antifasciste par deux membres de l’extrême droite. Les groupes antifascistes locaux répondent par une contre-manifestation, sans avoir reçu l’autorisation formelle des autorités. Lorsque les deux manifestations se rencontrent sur le Corso Buenos Aires, de violents affrontements éclatent.

Vincenzo Vecchi est présent à ces deux manifestations de Gênes et Milan. Comme de nombreuses personnes. Pour fuir la répression, Vincenzo quitte son pays.

Vincenzo habite et travaille à Rochefort- en- Terre depuis 2011. Bretagne, Terre d’accueil.

En 2016, deux mandats d’arrêt européens ont été émis contre lui. Vincenzo vit depuis au rythme des procédures judiciaires à son encontre.

En novembre 2020, la cour d’appel d’Angers, comme celle de Rennes avant elle, avait refusé d’exécuter le mandat d’arrêt européen délivré par Rome, au motif que la peine principale à laquelle Vincenzo Vecchi a été condamné, dix ans de prison pour «dévastation et pillage», n’avait pas d’équivalent en France. Mais la plus haute juridiction française estime notamment qu’il «n’est pas nécessaire que chacun des actes auxquels s’est livré ce ressortissant italien et qui conduisent son pays à le condamner pour ‘dévastation et pillage’ corresponde à une infraction de droit français.» En d’autres termes : selon elle, le refus d’extrader Vincenzo Vecchi en Italie ne tient pas.

Suite à la décision de la Cour de cassation de novembre 2022 qui a renvoyé l’affaire devant la cour d’appel de Lyon, l’affaire Vincenzo Vecchi sera rejugée par cette Cour, le vendredi 24 février 2023 à 11h.

Vincenzo est victime d’un invraisemblable acharnement judiciaire qui dure depuis trois ans et demi. Son Comité de Soutien a déjà contacté les milieux associatifs, politiques, alternatifs, journalistiques de Lyon où va se jouer le sort de Vincenzo. Qu’on se le dise et que cette mauvaise farce juridique cesse enfin.

Le 10 février 2023, Le Monde publie une tribune signée par une dizaine de personnalités internationales dont Noam Chomsky, Ken Loach, Annie Ernaux, Juliette Binoche…, et demandant solennellement aux juges de cette Cour d’appel de ne pas livrer Vincenzo Vecchi à l’Italie et au ministère public de ne plus se pourvoir en cassation.

L’argumentaire en faveur de l’altermondialiste Vincenzo Vecchi est solide. En effet Vincenzo a été condamné à dix ans de prison en vertu d’une loi votée sous Mussolini en 1930. Cette loi fasciste ne requiert pas que Vincenzo ait commis des violences, il suffit qu’il ait été présent aux manifestations susmentionnées. C’est donc le principe de la punition collective qui prévaut : tu es présent, tu es coupable. Et que dire de cette validation d’une loi votée sous régime fasciste italien allié d’Hitler durant la Seconde Guerre mondiale.

Le ministère public, l’Etat français, n’accepte pas le verdict de ses instances judiciaire et a préféré se pourvoir en cassation contre leur décision. Depuis quand une loi votée sous régime fasciste serait-elle compatible avec le droit français ? Depuis quand une loi qui a consolidé la dictature fasciste pourrait faire la loi en France ? La France qui se prévaut d’être le pays des Droits de l’Homme s’inclinerait devant une loi qui était définie à l’origine comme opposée aux droits de l’homme. La loi française peut-elle cautionner et valider une loi édictée sous Mussolini ?

Le fascisme a toujours anéanti les Droits de l’Homme quand il était en position de le faire. Alors le ministère public ferait bien de s’en souvenir et de s’abstenir de se pourvoir en cassation à nouveau.

Ti WI (GLJD)