Le SNU, ça pue
Le gouvernement envoie sa fanfare et ses clairons:
« La promotion des valeurs républicaines et l’éducation à la citoyenneté, dans le cadre d’une expérience de la vie collective, sont au cœur des finalités du séjour de cohésion. À cette fin, la journée débute par un moment organisé autour des symboles de la République, en particulier le lever des couleurs et le chant de l’hymne national. La participation de l’ensemble des cadres, du personnel et des volontaires à ces temps collectifs est obligatoire. Le port de la tenue est obligatoire afin de promouvoir les valeurs de cohésion et d’égalité. » Et bien entendu la tenue (l’uniforme) sera gratuit : « Chaque volontaire et chaque cadre reçoit gracieusement une tenue à son arrivée. » Il y a beaucoup d’obligatoire dans leur SNU.
Tous les poncifs du militarisme sont présents : le nationalisme, les questions identitaires…le lever des couleurs, vieux relent pétainiste… et certainement au garde à vous ! Vont pas se marrer nos jeunes. Macron prépare finalement le terrain à Marine Le Pen dont les idées sont très présentes au sein de la police et de l’armée. L’uniforme est du côté de l’autorité et cette dernière du côté du manche. Nos libertés s’amenuisent au fil des ans et ce n’est pas le SNU qui contrecarrera cette tendance, bien au contraire. Le puzzle macronien liberticide se met en place progressivement.
Le discours sur la cohésion sociale ou plutôt la mixité sociale a vite été mis sous le feu des projecteurs. Mêmes vêtements, on brasse les classes sociales, c’est quasiment l’égalité…C’est le vieux discours tenu pendant l’ancien service militaire. Les Ch’tis se retrouvaient avec des Marseillais ou des Bretons… Le service militaire faisait voyager et on pouvait même passer son permis de conduire. L’armée était donc utile. Elle était surtout utile à casser les esprits rebelles et à soumettre les individus à la hiérarchie. Le SNU constitue en réalité un espace d’expression d’une pensée unique, pour endoctriner les jeunes, relayant une idéologie centrée sur la force et l’autorité. Ce projet est aux antipodes d’un projet émancipateur et encore moins d’une éducation libertaire.
Sérieusement, si le gouvernement désire tant que cela la mixité sociale, pourquoi n’est-elle pas pratiquer dans les écoles, les collèges et les lycées ? Les enfants du centre-ville ne côtoient pas les fils de prolos des quartiers périphériques, notamment ceux ghettoïsés. Et si certains parents aisés sont coincés par la carte scolaire, ils peuvent toujours faire appel au privé, c’est quand même mieux que les établissements classés REP ou REP+. Cette mixité sociale n’existera pas par le SNU, c’est sûr, c’est du pipeau. Après cinq semaines de SNU, chacun retournera à son milieu. Quand on sait que les colonies de vacances périclitent, idem pour les classes de découvertes : classes vertes, de mer ou neige…on constate amèrement l’hypocrisie du gouvernement. Alors que ces classes permettaient de découvrir un environnement différent en dehors du milieu familial afin d’être davantage autonome. Mais peut-être que l’autonomie des jeunes ne rentre pas dans les critères et la priorité du macronisme. Quant à la mixité, garçons et filles, elle est pratiquée à l’école et ce n’est pas le SNU qui comblera par exemple les écarts salariaux entre hommes et femmes dans le monde du travail. Ni les inégalités d’espérance de vie.
Ce que l’on voit en filigrane, c’est que le gouvernement entend faire du SNU la porte d’entrée de tous les jeunes vers l’engagement dans une armée de métier. Engagez-vous, engagez-vous qu’ils disaient !
Pour nous, ce sera non ! L’armée, c’est con, ça tue et ça pollue comme scandaient les manifestants contre la loi Debré.
Ti wi (GLJD)