RN, le vent en poupe

Pas besoin de sondages, de baromètres  pour constater que les idées du RN progressent et font partie des idées banalisées dans notre douce France; il suffit de discuter avec les collègues de boulot à l’usine ou d’écouter certaines catégories de personnel  à l’hôpital ou ailleurs. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 51% des personnes interrogées affirment haut et fort que ce parti issu du FN n’est pas un danger pour la démocratie. La dédiabolisation du RN a réussi, pas totalement mais en grande partie. Près de 40% des gens sont dans l’ensemble d’accord avec les idées défendues par le RN…De quoi être inquiets.

Comme nous sommes entre bienpensants, les fondamentaux xénophobes sont représentés par la présence ou non du voile dans l’espace public, la préférence nationale pour l’emploi, le logement…et la suppression du droit au sol. Et sur ces thèmes, on s’aperçoit que l’adhésion s’effectue au-delà des rangs du parti d’extrême-droite. Mais la réalité est bien pire parce comme le racisme n’est pas une opinion mais un délit, les sondeurs ne posent quasiment jamais la question du racisme par peur de tomber sous le coup de la loi. Quand on discute avec des individus du tout-venant, on constate un racisme débridé. Et si auparavant on parlait de manière péjorative des bougnoules, des melons, des crouilles etc., aujourd’hui on parle des gris, des Norvégiens ou on fait le geste avec le pouce et l’index le long du visage pour dire que l’on parle des Arabes. C’est davantage codifié, plus sournois et plus discret afin d’éviter d’être enregistré, filmé…

La semaine dernière, je rencontre une intervenante de sport qui m’explique qu’elle en a marre des gens avec leur sourire de banane, visant cette fois-ci les personnes de couleur. Jusqu’à ce moment, c’était une fille que je trouvais sympa avec qui on déconnait. Mais là, sans filtre, elle éructait des propos racistes, en veux-tu en voilà ! Ce n’est malheureusement pas caricatural. Et les exemples foisonnent.

Hormis peut-être certains milieux professionnels plus protégés de la gangrène raciste, enseignants, intermittents du spectacle…le racisme n’est plus tabou. On en parle en famille, ce qui vaut de sacrées engueulades quand des libertaires sont présents à table, mais il s’étale dans la vie quotidienne même dans les syndicats et certaines associations. Des camarades du PC ne sont pas parfois exempts de ces dérapages racistes.

Le pire c’est que plein de jeunes pensent que La bande à Le Pen, Bardella en tête, sont proches des gens et comprennent leurs problèmes. Et comme il faut que ça change et que les politiques depuis des décennies se moquent du monde, pourquoi ne pas essayer l’extrême-droite qui n’est finalement pas si extrême.

Avec les conneries de Wauquiez et Barnier sur l’indexation des retraites, ce sont les plus de 65 ans que la droite vient de livrer sur un plateau au RN. Il existe aujourd’hui une certaine porosité entre la droite, l’électorat macroniste et l’extrême-droite.

Quand on voit qu’à Sète 800 personnes ont fait la queue récemment dans le froid pour avoir une dédicace de Jordan Bardella, les bras nous en tombent. Surtout que parmi ces centaines de personnes toutes les classes d’âge étaient représentées.

Ce qui interroge aussi, c’est que les jeunes que l’on voyait se mobiliser pour le climat, à juste titre, et bien une autre partie de la jeunesse s’engouffre dans l’inaction climatique dans les pas du RN. Si quelques figures du RN ont investi le champ de la réflexion climatique, ceux et celles qui sont chargés de la ligne du parti sont dans les faits dans le déni climatique et préfèrent surfer comme certains agriculteurs sur la critique de l’écologie, présentée trop souvent comme punitive… qui trop souvent taxe, culpabilise…. Attaquer les ZAN, lever les interdictions d’utilisation de produits phytosanitaires, se faire le chantre de l’automobile thermique…c’est payant électoralement. La gravité de la situation du dérèglement climatique, on la diffère, on la nie.

Quand on voit la rhétorique de VOX en Espagne qui accuse les écologistes d’être responsables des inondations à Valence, on reste sur le cul. On ne peut qu’être inquiets de l’attitude du RN en cas de problème. Et le RN n’est-il pas le parti qui entend supprimer les budgets consacrés à la transition et aux alertes et analyses environnementales.

Alors les jeunes, toujours d’accord avec Bardella sur le climat et le reste?

Ti Wi (GLJD)