Quelle saloperie la guerre!

« DESHONORONS LA GUERRE » (Victor Hugo)

… La guerre !… se battre !… égorger !… massacrer des hommes !… et nous avons aujourd’hui, à notre époque, avec notre civilisation, avec l’étendue de science et le degré de philosophie où l’on croit parvenu le génie humain, des écoles où l’on apprend à tuer de très loin, avec perfection, beaucoup de monde en même temps, à tuer de pauvres diables d’hommes innocents, chargés de famille et sans casier judiciaire.

Et le plus stupéfiant, c’est que le peuple ne se lève pas contre les gouvernements…

… Les hommes de guerre sont les fléaux du monde. Nous luttons contre la nature, l’ignorance, contre les obstacles de toute sorte, pour rendre moins dure notre misérable vie.

Des hommes, des bienfaiteurs, des savants usent leur existence à travailler à ce qui peut aider, ce qui peut secourir, ce qui peut soulager leurs frères.

Ils vont, acharnés à leur besogne utile, entassant des découvertes, agrandissant l’esprit humain, élargissant la science, donnant chaque jour à l’intelligence une somme de savoir nouveau, donnant chaque jour à leur patrie du bien-être, de l’aisance, de la force.

La guerre arrive. En six mois, les généraux ont détruit vingt ans d’efforts, de patience et de génie…

Qu’ont-ils donc fait pour prouver même un peu d’intelligence, les hommes de guerre ? Rien. Qu’ont-ils inventé ? Des canons et des fusils. Voilà tout.

L’inventeur de la brouette n’a-t-il pas fait pour l’homme par cette simple et pratique idée d’ajuster une roue à deux bâtons, que l’inventeur des fortifications modernes ?

Que nous reste-t-il de la Grèce ? Des livres, des marbres. Est-elle grande parce qu’elle a vaincu ou parce qu’elle a produit ?

Est-ce l’invasion des Perses qui l’a empêchée de tomber dans le plus hideux matérialisme ?

Sont-ce les invasions des barbares qui ont sauvé Rome et l’on régénérée ?

Est-ce que Napoléon Ier a continué le grand mouvement intellectuel commencé par les philosophes à la fin du dernier siècle ?

Eh ! bien, oui, puisque les gouvernements prennent ainsi le droit de mort sur les peuples, il n’y a rien d’étonnant à ce que les peuples prennent parfois le droit de mort sur les gouvernements.

Ils se défendent, ils ont raison…

GUY DE MAUPASSANT

(Sur l’Eau – P. Ollendorff, éditeur, Paris) Article paru de même dans notre journal « Le libertaire » en Novembre 1993 (N° 140)

Réfléchissez à ce que la France mais aussi, les Etats-Unis, les pays européens… pourraient faire si ne serait-ce qu’un cinquième de leur budget était employé ailleurs que dans la fabrication et l’entretien des engins de mort (ou inutiles puisqu’ils croupissent quand ils ne servent pas). Sans doute la Sécurité sociale n’aurait plus de « trou », la semaine de travail pourrait être réduite à 32 heures, les services publics dont l’Education et la Santé seraient revigorés avec des moyens financiers enfin à la hauteur des enjeux…Et qu’on ne vienne pas nous sortir le couplet sur l’indépendance et la souveraineté de la France. Cette soupe a déjà été servie à maintes reprises notamment par la FNTE-CGT. Les libertaires luttent et continuent leur combat pour faire triompher la paix en tant que pacifistes et internationalistes. (TY wi-GLJD)