Promotion et financement de la crise climatique

Les gouvernements financent et promeuvent la crise climatique (partie 6)

Réduire le problème de la crise climatique au comptage, à l’achat et à la vente de tonnes de dioxyde de carbone (CO 2) est une nouvelle arnaque criminelle, dans laquelle s’emploie le travail contre-révolutionnaire des États et de leurs partisans. C’est une autre manière de manifester les liens corrompus qui unissent les gouvernements avec les entreprises et les élites financières pour favoriser leurs intérêts. Cette mesure de l’uniformité globale des émissions de carbone n’est pas dissociée des relations de pouvoir. Maîtriser la mesure du carbone, c’est contrôler l’énergie et ses prix.

Dans la vie de tous les jours, nous ne pouvons pas percevoir le carbone avec nos sens. Cependant, ils en ont fait une nouvelle mesure privilégiée   qui a imprégné la vie politique et sociale à l’échelle mondiale, nationale et locale. Le changement climatique est une conséquence du productivisme capitaliste et de la combustion de combustibles fossiles qui émettent différents types de gaz à effet de serre (dioxyde de carbone, méthane, oxyde d’azote). L’énergie fossile est présente dans tous les domaines du monde matériel que la plupart des gens connaissent. Mais pourquoi le discours actuel des entreprises et des gouvernements se concentre-t-il sur le « carbone » et non sur les énergies fossiles ?

6.1 La tromperie du « carbone », comme nouvelle mesure de l’uniformité globale des émissions

6.2 La tromperie des « compensations » des émissions de gaz

6.3 Une nouvelle forme de droit de propriété pour spéculer et s’enrichir

6.4 Maîtriser la mesure du carbone, c’est maîtriser l’énergie et ses prix

6.5 Une perversion criminelle : le « droit de polluer » l’environnement

6.6 Les marchés du carbone profitent aux entreprises et détruisent le climat

6.7 La grande arnaque du système d’échange de quotas d’émission de l’Union européenne

6.8 L’opacité criminelle des marchés du carbone dans l’Union européenne

6.9 La politique climatique de l’UE prolonge la dépendance aux combustibles fossiles

6.10 L’ignorance est contre-révolutionnaire

6.1 La tromperie du « carbone », comme nouvelle mesure de l’uniformité globale des émissions

Le produit intérieur brut (PIB) est l’un des grands mensonges sociaux les plus répandus, qui vise à mesurer le chiffre d’affaires des biens et services produits. Ainsi, par exemple, on considère que les guerres, les dépenses militaires, les accidents de la route, le tabac, les dépenses de santé dues à l’augmentation des maladies (cardiovasculaires, obésité, diabète, etc.), les dommages à la santé et la destruction de l’environnement causés par l’industrialisation, etc. Un mensonge qui assimile croissance économique et bien-être mais qui considère cependant qu’allaiter un bébé avec du lait maternel est un élément négatif pour le PIB, même s’il est mieux nourri qu’avec un biberon de lait industriel, mais comme le biberon est un bien, ce produit augmente le PIB.

Comme avec le mensonge du PIB comme indicateur, avec la nouvelle mesure du « carbone », ils veulent que nous évaluions, mesurions et jugions le monde qui nous entoure en termes de « carbone », soi-disant pour faire face au grave problème de la crise climatique causée par « activité humaine », euphémisme utilisé dans le domaine scientifique et universitaire pour cacher la véritable cause : la destruction causée par l’industrialisation capitaliste qu’ils appellent « progrès ». Mais cette simplification consistant à vouloir tout mesurer en émissions de CO 2 est une nouvelle et monumentale tromperie.

D’une part, toutes les émissions de gaz ne sont pas identiques : certaines peuvent être sporadiques et d’autres peuvent être soutenues dans le temps. À son tour, chaque gaz à effet de serre – comme le dioxyde de carbone (CO 2), le méthane (CH 4), le protoxyde d’azote (N 2 O) ou les gaz fluorés – a des effets différents dans l’atmosphère et des valeurs différentes selon son influence sur l’atmosphère et le potentiel de réchauffement global (PRG) de la planète.

Par conséquent, les émissions de ces gaz impliquent différentes limites et jugements de valeur qui, à leur tour, influenceront les résultats selon qu’un type de mesure ou un autre et un horizon temporel à court ou à long terme sont choisis. Le choix de la mesure dépend donc de la politique que l’on souhaite mener. Mais, peu importe à quel point l’environnementalisme d’État (ONG, partis de gauche, syndicats,…), en tant que défenseur des réformes du système actuel et de l’État, le déguise, cette politique n’en est qu’une. Depuis ses débuts, pour se développer et croître, le capitalisme a détruit l’environnement naturel et forcé les gens à s’adapter. Parce que la croissance (« le développementalisme ») est inhérente au capitalisme; sans croissance, le système s’effondrerait. Mais à mesure que le système productif se développe, il devient de plus en plus destructeur, au point qu’il ne peut s’arrêter ni progresser sans mettre même en danger l’espèce humaine elle-même. Ainsi, comme nous l’avons dit dans la première partie, la seule alternative possible est de promouvoir la révolution pour détruire le capitalisme et mettre fin à son mode de vie et à l’énergie fossile qui le soutient. Il faut le dire haut et fort.

Par conséquent, la simplification consistant à vouloir tout mesurer dans les émissions de CO 2 est trompeuse, puisque les émissions ne sont pas indépendantes des circonstances sociales dans lesquelles elles se produisent. À qui profite cette simplification ? Encore une fois, ce sont les industries polluantes des combustibles fossiles soutenues par les gouvernements. Car la création de cette nouvelle mesure d’uniformité mondiale des émissions de carbone n’est pas dissociée des relations de pouvoir.

6.2 La tromperie des « compensations » des émissions de gaz

L’origine de cette tromperie criminelle de la population remonte au sommet de Rio en 1992 (qui marque l’union de l’idéologie environnementale avec le capitalisme) et a été approuvée cinq ans plus tard dans le protocole de Kyoto sur le changement climatique. Ce protocole est un accord international de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP), approuvé le 11 décembre 1997. Les gouvernements ont accepté qu’au lieu de réduire efficacement les émissions de gaz à effet de serre (GES) à la source, les pays et les entreprises du Nord puissent payer pour continuer à polluer par le biais des échanges de droits d’émission, soit par le biais de fonds gérés par les gouvernements, soit par le biais de marchés privés du carbone. Mais, comme nous allons l’expliquer, cette fraude criminelle est une tactique dilatoire de la part des gouvernements et des entreprises dont l’objectif est d’accorder une licence pour continuer à utiliser les combustibles fossiles. Pourquoi? Parce que des mesures simples, comme limiter les émissions de GES ou taxer la pollution de l’environnement, sont lourdes pour le marché, car elles mettent en danger la croissance qui est l’épine dorsale du capitalisme.

Les marchés du carbone, en plus de ne pas réduire les émissions de GES, suivant la logique du profit capitaliste, sont devenus une nouvelle source de spéculation commerciale et financière. En même temps, comme nous l’avons expliqué dans la deuxième partie, il s’agit d’un « greenwashing » dans la propagande de leur image publique auprès des entreprises qui achètent et vendent des quotas d’émission. Encore une fois, une belle affaire pour les entreprises légalisées par les gouvernements.

Depuis son approbation, l’objectif de cet accord politique international est que le monde continue à émettre des quantités massives de GES provenant des combustibles fossiles, s’il existe un moyen de les « compenser » par des quotas d’émission. Ainsi, à travers une astuce comptable, ils tentent de nous faire croire que les émissions de gaz peuvent être « neutralisées » pour justifier l’idée de « zéro émission nette » et que le résultat atteint un « équilibre » – disent-ils – avec un effet positif sur l’atmosphère. C’est ce qu’ils font lorsque, par exemple, les gouvernements permettent que les émissions de carbone provenant des combustibles fossiles (carbone mort) soient compensées par du carbone biologique (vivant, comme celui des arbres). Mais la combustion de combustibles fossiles comme source d’énergie rend impossible le faux équilibre du « zéro émission net ».

Lors de la COP 26 à Glasgow, la nouvelle arnaque des « solutions basées sur la nature » et du « zéro émission net » a été discutée, qui bénéficie du soutien de grands groupes environnementaux comme le WWF, SEO BirdLife et de grandes entreprises responsables du réchauffement climatique, comme Shell et Nestlé. Largement critiquée par des centaines d’organisations, de réseaux et de mouvements, la fraude, entre autres effets néfastes, cache l’utilisation de la monoculture d’arbres pour reboiser des zones dégradées et de l’agriculture industrielle comme crédits de carbone, pour compenser la combustion de combustibles fossiles par de grandes entreprises responsables de  pollution. Il cache l’appropriation des terres et des forêts communautaires par les entreprises. Cet accaparement des terres entraîne des restrictions sur l’agriculture paysanne et l’utilisation communautaire de leurs territoires. Cela nuit aux peuples autochtones, aux communautés paysannes et aux autres communautés qui dépendent des forêts. Un plus grand chaos climatique et une perte de biodiversité. Dans le même temps, il favorise des « solutions mondiales » fortement centralisées, qui doivent être laissées entre les mains des politiciens, des scientifiques et des techniciens, des grandes entreprises et des agences internationales. Elle ouvre la voie à de nouvelles formes de gouvernement mondial, une confiance aveugle dans la technologie (comme faux remède) et le « salut de la planète » est confié aux principaux agents de sa destruction.

Les forêts et les sols des écosystèmes ne peuvent pas absorber les milliards de tonnes de CO 2 émises par les industries polluantes. À cela il faut ajouter que les puits de carbone naturels sont transitoires : les arbres poussent et meurent, naturellement ou à la suite de l’augmentation des sécheresses et des incendies dus au changement climatique. Lorsqu’ils meurent, le CO 2 qu’ils contiennent est rejeté dans l’atmosphère. Un aspect de la tromperie de ces compensations est, d’une part, le décalage temporel entre l’émission immédiate de GES par les activités utilisant des combustibles fossiles (qui réchauffent encore davantage la planète) ; et, d’autre part, la promesse ambiguë d’une compensation future (avant 2050), d’un reboisement avec des arbres qui n’ont pas encore été plantés et qui, une fois plantés, mettent de nombreuses années à pousser pour pouvoir absorber le CO 2 qu’ils émettent.  De même, l’atmosphère a aussi une limite, tout comme la nature.

Un autre aspect de la tromperie est que ces prétendus « puits de carbone » qui visent à compenser les émissions de gaz sont de vastes plantations d’arbres en monoculture, avec d’énormes impacts environnementaux et sociaux. Mais cette tromperie criminelle est bien plus terrible dans la situation actuelle : selon une étude, les forêts tropicales sont confrontées à une mort massive de feuillus à cause du réchauffement climatique de la planète. La conséquence de l’augmentation de la température serait la mort des arbres et les forêts se transformeraient en savanes. Avec la mort des arbres, les forêts cesseraient d’absorber le CO 2  et de stocker d’énormes quantités de carbone capturées par les feuilles. Ce qui, à son tour, entraînera une augmentation plus importante du CO 2 dans l’atmosphère et également de la température de la planète.

Un troisième aspect de cette tromperie est qu’elle cherche à éviter la responsabilité historique et la dette climatique des principaux pollueurs et des véritables responsables du réchauffement climatique. Car le CO2 que les grandes entreprises et les pays du Nord ont déjà émis dans l’atmosphère y restera pendant des centaines, voire des milliers d’années.

Le résultat de cette tromperie du « zéro émission net » est qu’au lieu de favoriser la réduction des émissions de GES dans l’atmosphère, elle les maintient et encourage l’augmentation des activités des entreprises qui émettent de grandes quantités de ces gaz. Par ailleurs, il a été prouvé que plus de 90% des crédits de compensation dans les forêts tropicales sont des « crédits fantômes » ; Autrement dit, ils sont frauduleux, car ils ne réduisent pas la déforestation et n’impliquent pas de réelles réductions des gaz. Ainsi, la réalité est que les émissions de gaz à effet de serre (GES) provenant des combustibles fossiles, au lieu de diminuer, continuent d’augmenter.

6.3 Une nouvelle forme de droit de propriété pour spéculer et s’enrichir

Ce système mondial de comptabilité carbone a reçu un énorme élan lorsqu’il a été inclus dans l’ « Accord de Paris » en 2015 sous l’égide des Nations Unies, sous la pression de gouvernements puissants et de grands groupes privés. Bien que l’expression « zéro émission net » n’apparaisse pas dans l’Accord de Paris, elle trouve sa justification dans le mot « bilan » des émissions à l’article 4 : « parvenir à un équilibre entre les émissions anthropiques par les sources et l’absorption anthropique par les puits au second semestre ». De cette façon, ils peuvent parler d’émissions nettes au lieu de zéro émission, car leur objectif n’est PAS de réduire les émissions à zéro pour continuer à polluer. Cette composition, associée à l’article 6 : « l’utilisation des résultats d’atténuation des transferts internationaux », crée la base de l’échange de droits d’émission de GES. De cette manière, le développement international des soi-disant marchés du carbone a reçu un énorme élan qui, en 2021, a généré 84 milliards de dollars et bénéficie de la précieuse collaboration de la Banque mondiale.

Pour que les marchés du carbone existent, il est essentiel que les émissions de GES se poursuivent. Aujourd’hui encore, les gouvernements et les grandes entreprises continuent de nous présenter cette tromperie criminelle comme une mesure climatique, alors qu’il est impossible d’atteindre le zéro « net » si les émissions continuent. Mais la réalité est que les émissions de GES ont continué d’augmenter et avec elles la température globale de la planète et les catastrophes climatiques. Ce qui signifie accroître les injustices sociales, en continuant à privilégier les intérêts d’une petite minorité sur ceux de la population et des écosystèmes. Il faut le dire aussi avec force et à haute voix.

Pour atteindre leur objectif, ils ont fait du carbone une nouvelle forme de droit de propriété. Ce carbone est une marchandise intangible sous forme de droits d’émission qui est acheté et vendu sur les marchés du carbone. Un produit sur lequel il y a de la spéculation et certaines entreprises obtiennent de gros profits, comme c’est le cas dans la puissante industrie alimentaire, responsable d’un tiers des émissions totales de GES ; ou encore avec l’industrie agrochimique, principale responsable de la catastrophe des sols, qui a fait du captage du carbone des sols agricoles un nouveau business.

Cette approche quantitative est typique de la mentalité calculatrice de cette société capitaliste qui cherche à exprimer une valeur, soit en profit, soit en perte. Cette mentalité comptable tente de simplifier le problème mondial de la crise climatique, mais elle s’avère être une solution trompeuse et criminelle en raison de ses conséquences sociales et environnementales négatives, passées, présentes et futures. Il faut aussi le dire avec force et à voix haute.

6.4 Maîtriser la mesure du carbone, c’est maîtriser l’énergie et ses prix

Comme d’autres mesures macroéconomiques abstraites et trompeuses, telles que le produit intérieur brut (PIB), le carbone en tant que mesure est une convention liée à celui qui a le pouvoir de définir l’ordre statistique et d’adapter les chiffres à ses intérêts. Maîtriser la mesure du carbone et les droits d’émission, c’est aussi contrôler l’énergie et ses prix.

La mesure des émissions atmosphériques de carbone donne de la visibilité à certaines prétendues réalités numériques et en cache ou falsifie d’autres, privant les gens de la possibilité de connaître le monde réel dans lequel ils vivent. À son tour, cette tromperie prive les gens de la possibilité de raisonner pour trouver des réponses et des solutions alternatives aux dimensions et aux injustices sociales qui sont à l’origine de la crise climatique actuelle.

6.5 Une perversion criminelle : le « droit de polluer » l’environnement

D’autre part, ces droits d’émission de carbone reposent sur le « principe du pollueur-payeur » (art. 191.2 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne). Ce principe conçoit l’existence du « droit de polluer » (et de dégrader l’environnement et la santé des personnes) comme une marchandise. Leur logique implique que ceux qui peuvent payer peuvent polluer.

Mais sa perversion criminelle atteint le point où les gouvernements n’appliquent même pas ce principe, puisqu’ils n’exigent pas que les entreprises paient pour polluer. Au contraire, ils leur donnent des droits d’émission de carbone pour qu’ils puissent polluer gratuitement. C’est une autre forme de subvention aux énergies fossiles (voir troisième partie) que de continuer à favoriser massivement les entreprises et les élites financières, qui en obtiennent davantage, polluent et continuent d’aggraver la crise climatique. C’est ainsi que se manifeste, une fois de plus, le lien corrompu entre les États et les grandes entreprises.

Les gouvernements de l’Union européenne accordent aux entreprises des droits d’émission de carbone afin qu’elles puissent polluer gratuitement. Plus ils polluent, plus ils en profitent.

Depuis vingt ans, les industries les plus polluantes comme la sidérurgie, le ciment, le pétrole ou l’aluminium reçoivent gratuitement des quotas d’émission de CO2, en quantités bien supérieures à leurs émissions. Plus une industrie envisage d’émettre de CO2, plus elle reçoit de redevances pour pollution. Un quota équivaut à une tonne de CO2 et n’a pas de date limite de vente. Cela leur permet d’augmenter leurs profits de plusieurs milliards d’euros en revendant légalement les quotas d’émission qu’ils reçoivent gratuitement des gouvernements, en les convertissant sans compensation en actifs financiers et en continuant à polluer. Les emplois que les industries menaçaient de supprimer si elles étaient contraintes de payer des impôts pour polluer n’ont pas non plus été maintenus. Cette corruption promue et protégée par la législation de l’Union européenne est toujours en vigueur, et son cynisme criminel et son hypocrisie sont énormes : la directive 2018/410   dit (point 10) que « l’attribution gratuite » (des quotas de droits d’émission de gaz qui sont accordés aux entreprises les plus polluantes) est de « préserver les avantages environnementaux de la réduction des émissions ».

6.6 Les marchés du carbone profitent aux entreprises et détruisent le climat

Voyons plus en détail comment cette politique gouvernementale corrompue ne cherche pas à satisfaire les besoins réels des personnes et des écosystèmes, mais plutôt la rentabilité des actionnaires d’industries qui polluent et détruisent la vie.

En effet, les entreprises de combustibles fossiles reçoivent des subventions directes équivalant à des milliards d’argent public. En outre, les États de l’UE leur offrent gratuitement une partie des droits d’émission de gaz à effet de serre (GES) afin qu’ils puissent compenser l’utilisation de combustibles fossiles. C’est ce qu’on appelle les marchés des émissions de carbone. Ils partent de l’hypothèse erronée selon laquelle l’achat et la vente d’émissions de GES dans l’atmosphère réduiront le réchauffement climatique. Mais en réalité, ils ne sont pas tenus de réduire leurs émissions à la source. Mais ils permettent aux entreprises les plus polluantes de continuer à émettre des gaz qui réchauffent encore plus la planète.

Entre 2008 et 2014, les gouvernements de l’UE ont accordé aux entreprises des droits d’émission de carbone d’une valeur de 137 milliards d’euros afin qu’elles puissent polluer gratuitement. Et les dons continuent.

6.7 La grande arnaque du système d’échange de quotas d’émission de l’Union européenne

L’Union européenne n’est pas une fédération politique mais un marché, le Parlement européen n’est donc qu’une instance secondaire, un ornement, et les parlements nationaux n’ont pas de véritable pouvoir de transfert, donc les politiques nationales n’existent pas. Les principaux bénéficiaires des décisions de l’UE sont donc les grandes multinationales.

 Le système d’échange de quotas d’émission (ETS) de l’Union européenne est le plus important au monde. Toutefois, son influence sur la réduction réelle des émissions de gaz a été très limitée. En fait, les échanges de droits d’émission de carbone les augmentent au lieu de les réduire. Malgré cela, la directive 2018/410 du Parlement européen et du Conseil considère (point 6) « l’EU ETS – Système d’échange de quotas d’émission – comme la pierre angulaire de la politique climatique de l’Union ».

Entre 2008 et 2014, les gouvernements de l’UE ont accordé 11 milliards de quotas de droits de pollution gratuits, d’une valeur de 137 milliards d’euros. Jusqu’en 2012, les quotas attribués incluaient les années antérieures à 2008 (année de la crise financière) dont les émissions de CO2 étaient plus élevées. Autrement dit, ils ont reçu beaucoup plus de quotas qu’ils n’en ont réellement émis, qu’ils ont ensuite vendus à des tiers. Cela signifie deux choses :

La première : les gouvernements subventionnent la pollution et le réchauffement climatique en cédant des droits d’émission de GES. Et ils le font en violation du Traité sur le fonctionnement de l’UE lui-même, qui, à l’article 191.2, dit :

« La politique de l’Union dans le domaine de l’environnement visera à atteindre un niveau élevé de protection, en tenant compte de la diversité des situations existant dans les différentes régions de l’Union. Elle s’appuiera sur les principes de précaution et d’action préventive, sur le principe de correction des atteintes à l’environnement, de préférence à la source elle-même, et sur le principe du pollueur-payeur.

La seconde : les gouvernements distribuent ces revenus (137 milliards d’euros), qui représentent davantage de bénéfices que les entreprises obtiennent aux dépens des contribuables. À son tour, ce cadeau des gouvernements a permis aux entreprises de réaliser des bénéfices supplémentaires en vendant des droits d’émission sur le marché et par d’autres moyens d’obtenir des bénéfices.

Inclure les coûts des droits d’émission – qu’elles reçoivent gratuitement – ​​dans les prix des produits est un autre des pièges que tendent les entreprises pour obtenir des bénéfices. Ils bénéficient également de la surallocation de droits d’émission gratuits par rapport aux émissions vérifiées. Ce qui génère un surplus. L’Espagne, par exemple, est le pays de l’UE où les entreprises ont tiré le plus grand profit de la surallocation. La vente des surplus sur le marché leur a permis d’obtenir entre 2008 et 2014 des bénéfices de plus de 1,6 milliard d’euros.

6.8 L’opacité criminelle des marchés du carbone dans l’Union européenne

En 2021, quelque 11 milliards de tonnes de CO2 ont été échangées sur le marché, pour une valeur de 683 milliards d’euros. Le système est opaque et les transactions d’achat et de vente de quotas sont difficiles à retracer, car protégées par le « secret commercial ». Seuls les dirigeants des sociétés impliquées dans l’achat et la vente de droits à polluer savent ce qui est fait avec ces quotas. Les transactions financières des 18 000 entreprises qui ont reçu des quotas gratuits sont publiées par l’Union européenne avec trois ans de retard, mais elles ne sont pas exhaustives et l’UE ne rend pas compte des changements dans la propriété des usines, facilitant ainsi l’opacité. Tout cela révèle, entre autres, que les marchés du carbone sont une fraude criminelle et une autre fausse solution à la crise climatique.

Malgré cela, les gouvernements continueront d’accorder aux entreprises des droits d’émission de gaz polluants. La directive 2018/410 le dit clairement, en faisant référence aux droits d’émission (point 5) : « Le Conseil européen a également confirmé que l’allocation gratuite ne sera pas supprimée et que les mesures existantes seront maintenues après 2020. » En effet, comme le précise l’article 10c (5) : « Les droits d’émission non attribués au titre de cet article avant 2020 pourront être transférés à la période comprise entre 2021 et 2030. »

C’est le cas, comme on le voit par exemple pour le secteur de l’énergie, dans lequel l’attribution gratuite de droits d’émission est prévue jusqu’au 31 décembre 2030. Secteur auquel chaque État membre de l’UE : « peut subventionner par l’attribution gratuite de droits d’émission » jusqu’à 70% des coûts pertinents d’un investissement.

À son tour, l’attribution gratuite de droits d’émission démontre la rhétorique fallacieuse, infâme et hypocrite de l’UE qui se moque sans vergogne des gens lorsqu’elle affirme que « tous les secteurs de l’économie doivent contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre ». Car, comme nous l’avons vu, les marchés du carbone – loin de contribuer à la réduction des émissions – servent à les augmenter, en plus de continuer à enrichir et à renforcer le pouvoir des entreprises.

6.9 La politique climatique de l’UE prolonge la dépendance aux combustibles fossiles

Tout cela nous montre que l’objectif de la politique climatique et énergétique de l’Union européenne et du régime d’échange de droits d’émission n’est pas d’arrêter le changement climatique, mais de prolonger la dépendance aux combustibles fossiles. La politique de l’UE cherche à inciter les citoyens à agir contre le changement climatique, mais en réalité, les gouvernements financent et favorisent la crise climatique, provoquant de terribles calamités pour la plupart des populations et des écosystèmes.

L’échange de quotas d’émission dans l’Union européenne (ETS) est une autre forme de subvention qui facilite le soutien aux combustibles fossiles et se poursuivra au moins jusqu’en 2034. En résumé :

Les marchés du carbone sont utilisés pour prolonger la durée de vie des centrales au charbon et d’autres utilisations de combustibles fossiles. Il s’agit d’une autorisation politique et environnementale accordée aux entreprises par les gouvernements pour continuer à détruire le climat.

La plupart des grandes industries à forte intensité d’énergie fossile reçoivent leurs permis de pollution gratuitement, car le SEQE a été conçu à l’origine pour inclure uniquement les industries les plus polluantes. Mais cela n’a pas permis de réduire la pollution. Pourquoi vont-ils réduire leurs émissions si plus ils polluent, plus on leur accorde de droits d’émission dans l’UE ?

Cela n’a pas permis de maintenir l’emploi dans l’Union européenne et de faire face à la menace de délocalisations d’industries en dehors de l’UE. Les analyses montrent que lorsque les entreprises délocalisent, c’est toujours pour des raisons de coût du travail et non de réglementation environnementale.

Ils ne réduisent pas les émissions et ne représentent pas non plus une véritable action pour lutter contre le changement climatique. Pour cette raison, les émissions mondiales de GES ont continué d’augmenter dans les pays industrialisés, en raison de la combustion de combustibles fossiles dans les secteurs de l’énergie, de l’industrie, de la construction et des transports, ainsi que dans l’agriculture industrielle et l’utilisation des terres.

Ils sont utilisés comme une distraction néfaste, destinée à prolonger l’utilisation des combustibles fossiles.

6.10 L’ignorance est contre-révolutionnaire

Quelles sont les causes et les erreurs persistantes qui ont permis aux gouvernements et aux entreprises de perpétrer cette arnaque criminelle, de sorte que la multiplication des horreurs et la dégradation du climat se poursuivent ? Dans les articles précédents (voir partie 1 , partie 2 , partie 3 , partie 4 et partie 5 ), nous avons proposé diverses réponses à cette question. Examinons quelques réponses supplémentaires. Dans son livre Maximes et réflexions, Francesco Guicciardini dit que « l’ignorance, n’ayant ni fin, ni règle, ni mesure, avance avec fureur et frappe aveuglément ». Dans la première partie de cette série d’articles, nous disions que la première condition pour changer la réalité est de la connaître. Le deuxième acte. Sans connaître la réalité sociale, nous ne pourrons jamais vaincre notre ennemi et sa stratégie. Mais il faut ajouter qu’il ne suffit pas de savoir ce qu’on ne veut pas ; Il faut aussi savoir ce que l’on veut. Cela nous aide à savoir d’où nous venons, où nous sommes et où nous allons. Nous ne devons pas cesser de critiquer l’activisme désemparé et sans idées qui consomme sa propre énergie et celle des autres dans des confrontations superficielles. Alors, disons-le haut et fort : l’ignorance est contre-révolutionnaire. Car, comme on l’a vu depuis longtemps, si la lutte se réduit à la tactique, les réformistes et ceux au pouvoir en profitent.

Pour construire une ligne solide de résistance contre le capitalisme, une critique sociale unitaire est absolument nécessaire. Le capitalisme (et ceux qui le personnifient) ne peut ni cesser d’être ce qu’il est ni aller à l’encontre de sa propre nature. La réalité est qu’en tant que détenteurs du pouvoir, ils défendent leurs intérêts de classe. Ceux qui acceptent les institutions (en dehors et au sein des rangs libertaires) ne sont pas seulement des réformistes, mais ils travaillent directement pour ceux qui exercent la domination. Mais le rejet institutionnel ne suffit pas non plus. Nous devons affronter la question de la conscience et le problème de l’action. Dans la situation actuelle où prédominent la réforme et la modernisation avec le capitalisme, il faut redoubler d’efforts pour dénoncer publiquement cette écocratie qu’est l’environnementalisme d’État (dont nous parlerons dans un prochain article) et souligner sa pratique clairement contre-révolutionnaire.

Face au problème du réchauffement climatique, les dirigeants gouvernementaux n’ « échouent » pas comme le dit l’environnementalisme d’État, mais la crise climatique est plutôt la logique destructrice du pouvoir capitaliste et de son économie de marché , dont ils sont une partie active . Qu’il s’agisse de l’idéologie de la décroissance ou de l’idéologie citoyenne de l’altermondialisme, son objectif est le même : gérer le désastre par des réformes capitalistes et étatiques. Parce que l’écocratie ne veut ni l’abolition de l’État, ni de l’argent, ni la confrontation avec le régime capitaliste, dont elle s’efforce de trouver une issue.

Victor V

Article suivant.- La crise climatique, la crise alimentaire et la destruction de l’environnement sont étroitement liées au système agroalimentaire industriel centralisé. Crise alimentaire, pénurie ? Non, spéculation financière et organisation capitaliste. Les relations de pouvoir dans les systèmes alimentaires et dans l’économie mondiale en général évoluent à une vitesse vertigineuse. Les gouvernements contribuent à confier le contrôle du système alimentaire aux mains des méga entreprises. Le corridor économique Chine-Pakistan vise à accroître les échanges commerciaux entre la Chine et l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord. Les petits agriculteurs et éleveurs sont expulsés de leurs terres pour laisser l’économie rurale entre les mains des sociétés multinationales.