Premier Mai fête du travail ?
Macron veut redonner du sens au travail ?
Le travail, sous sa pratique actuelle, n’est pas pour les travailleurs une question de goût, de choix ; c’est pour eux une question vitale. Le travail, sa beauté, ses avantages, est chanté par le président des riches et ses ministres en veine de discours et pour faire oublier leur réforme des retraites. Pour passer à autre chose ; ce qui ne sera pas le cas des salariés qui travailleront deux années de plus, jusqu’à 64 ans pour les mieux lotis. Il l’est également dans ceux des négriers et autres buveurs de sang récompensant par une médaille les trente ou quarante années de servitude de leurs serfs ; ce qui ne les empêche pas de tirer la langue une fois en retraite.
Le travail est surtout vanté par tous les parasites qui en tirent bénéfice. Il est évidemment un facteur de richesse, mais il n’enrichit que les exploiteurs. Le patronat, les banquiers, les spéculateurs, l’Etat sont les gangsters, les écumeurs du travail.
Doit-on rester résigné, soumis, respecter les lois qui spolient le producteur des richesses et le maintiennent en état de domesticité et parfois de misère. On lui accorde un salaire, maigre pour ceux et celles qui souvent ont un métier d’utilité sociale : personnel hospitalier, enseignants, employées des supermarchés…). Certains patrons appellent leurs salariés des collaborateurs. Mais ces derniers ne peuvent réclamer le fruit de leur labeur. Les patrons disent qu’avec leurs collaborateurs, ils sont dans la même galère et ont les mêmes intérêts. Que le capital et le travail sont associés. Cette théorie aussi vieille que l’esclavage salarié est destinée à endormir l’instinct de révolte du volé contre son voleur. On constate d’ailleurs cette contradiction que le travail vanté d’une part est par ailleurs considéré comme une marchandise…
En fait, le travail, aux yeux du patronat et de l’Etat, n’est qu’une matière à exploitation et à profit, sans aucune considération pour ce facteur de prospérité qu’est la main d’œuvre.
Le travail, qui devrait être un signe de dignité et procurer une vie aisée, une considération à ses auteurs, les place au contraire, par suite de privilèges accordés aux exploiteurs enrichis, dans une considération et une situation indiscutablement inférieures.
Le travail, sous la forme et dans les conditions où il est imposé par le capital, exténue et use prématurément ceux qui l’exécutent, au lieu d’une source de bien-être. C’est aussi pourquoi, la réforme des retraites que vient de faire passer le gouvernement Macron est aussi impopulaire : travailler deux années de plus dans des conditions pénibles (travailleurs du bâtiment par exemple), c’est intolérable.
L’absurde légende, selon laquelle les travailleurs sérieux et économes peuvent parvenir à l’aisance, voire à la richesse, pour les esprits avisés, est facile à détruire; car le travail, en raison de la maigre répartition qui lui est réservée, par suite aussi de son incertitude, ne permet qu’une existence végétative. Ceux des travailleurs qui parviennent à une aisance relative n’y parviennent pas par la rémunération qu’ils reçoivent, mais par les privations qu’ils s’imposent.
Mais le travail est de moins en moins attractif ; la grande démission pointe son nez un peu partout dans le monde occidental. Suite aux premières vagues de la crise du Covid, le nombre de travailleurs quittant volontairement leur poste a nettement augmenté dans un premier temps aux États-Unis puis aujourd’hui dans de nombreux pays d’Europe dont la France. Et ce n’est pas en obligeant les gens à travailler davantage et plus longtemps que le phénomène va diminuer.
Il faut à tout prix se convaincre que les tenants du système, pour aussi indignes qu’ils soient, ne signeront pas de leur plein gré leur déchéance ; toute solution, tout plan qui porterait atteinte à leurs prérogatives seront impitoyablement combattus. L’exemple des plus légitimes revendications ouvrières, si âprement refusées telle la réforme des retraites de Macron, en est la preuve formelle.
Ce n’est pas une réforme partielle, mais une réforme totale du régime, qui est la solution du problème. Or cette solution comporte la disparition de l’exploiteur. CQFD.
En 1941, le Maréchal Pétain fait du 1er mai un jour chômé : « c’est la fête du Travail et de la concorde sociale ». Il faut rallier les ouvriers à Vichy. Dans l’esprit de l’extrême-droite, la lutte des classes doit disparaître.
L’exploitation au travail ne se limite pas à une région ou à un État, mais s’est toujours produite à l’échelle mondiale. C’est pourquoi les anarchistes ont toujours affiché leur caractère internationaliste. En soutenant l’idée d’une Internationale de la classe ouvrière unie, puisque ouvrières et ouvriers auront toujours, quel que soit le pays d’où ils viennent, le même problème commun : l’exploitation à laquelle le capital les soumet.
Bien que nous traversions une période très difficile dans laquelle le capitalisme nous emmène à toute vitesse vers la catastrophe, nous avons encore une solution pour cela. Et la solution n’est autre que l’application des principes de l’anarchisme: internationalisme, anticapitalisme, entraide et solidarité. Ce n’est qu’alors que nous sortirons de cette barbarie et réaliserons un monde plus humain dans lequel l’exploitation de la classe ouvrière ne sera plus qu’un lointain souvenir.
Sterenn (56)