Le parlementarisme est incapable de résoudre la question environnementale

Delacroix Pboy

Parlementarisme

Le suffrage universel est l’exhibition à la fois la plus large et la plus raffinée du charlatanisme politique de l’Etat ; un instrument dangereux, sans doute, et qui demande une grande habileté de la part de celui qui s’en sert, mais qui, si on sait bien s’en servir, est le moyen le plus sûr pour faire coopérer les masses à l’édification de leur propre prison […] Les formes dites constitutionnelles ou représentatives ne sont en aucune façon un obstacle au despotisme étatiste, militaire, politique et financier […] Mais, dira-t-on, les travailleurs devenus plus sages par l’expérience même qu’ils ont faite, n’enverront plus de bourgeois dans les assemblées constituantes ou législatives, ils enverront de simples ouvriers […] Savez-vous ce qu’il en résultera ? C’est que les ouvriers députés, transportés dans des conditions d’existence bourgeoise, cessant d’être des travailleurs de fait pour devenir des hommes d’Etat, deviendront des bourgeois, et peut-être seront-ils même plus bourgeois que les bourgeois eux-mêmes. Car les hommes ne font pas les positions, ce sont les positions, au contraire, qui font les hommes. (Bakounine)

Si à l’époque du puissant Parti Communiste Français, dans les années cinquante, des ouvriers ont été investis députés, aujourd’hui, un seul député ouvrier siège à l’assemblée sur 577 députés. C’est certainement cela que l’on appelle la représentation nationale. Pour autant une assemblée qui serait constituée de nombreux ouvriers ne changerait pas fondamentalement la donne. Un député ouvrier, c’est un député de plus et un ouvrier de moins. CQFD.

Sincèrement, est-ce que le parlementarisme est capable de résoudre la question des inégalités entre la France qui se serre (les travailleurs) et la France qui se sert (les rupins) ? Non, sinon cela se saurait depuis le temps que les élections existent.

Le parlementarisme est-il capable de répondre à la question écologique ? Non. Le réchauffement climatique n’a pas de frontière, par exemple. C’est un axe d’air chaud qui remonte d’Afrique du Nord qui nous fait suffoquer ces jours-ci. Le quinquennat 2017-2022 de Macron Premier, a-t-il pris les mesures qui s’imposaient contre les dérèglements climatiques. Non. Alors que la majorité parlementaire était à sa botte, pas grand-chose n’a été fait.

La canicule de ces derniers jours se situe dans la même ligne que celle de 2003. A part que les autorités essaient de ne pas retrouver le même nombre de morts, notamment les personnes âgées, qu’en 2003. Depuis nombre de protocoles ont été mis en place dans les Ehpad…Mais le problème des sans-abris est des plus poignants. Et l’épisode caniculaire étant plus court (nous ne sommes qu’en juin), le gouvernement croise les doigts…et anticipe un non engorgement des hôpitaux. Mais cet été ?

Malgré de nombreux rapports, aucune réflexion n’a été menée dans les écoles, bien souvent des passoires thermiques. On inverse les responsabilités et le gouvernement tend à individualiser le problème climatique. Il faudrait être attentif à la santé des plus fragiles, avoir les bons gestes, avoir du bon sens, ne pas faire de sport…quand il y a des coups de chaleur. Et donner pour consigne aux enseignants par exemple de tirer les rideaux et de fournir aux enfants de l’eau…Comme si les enseignants ne le faisaient pas déjà. Car les solutions viennent heureusement du terrain mais celui-ci aimerait bien que l’isolation du bâti se fasse…que les mairies ne freinent pas des quatre fers pour agir. Certes cela représente un coût mais la santé des enfants, des jeunes et des personnels a-t-elle un prix ?

Le réchauffement climatique met sous tension les écoles, les hôpitaux, les chantiers qui s’arrêtent. Il menace de même les rendements agricoles, les précipitations…Il y a toujours eu des périodes de grands froids ou de grandes chaleurs. Le problème, c’est que maintenant leur fréquence augmente ainsi que leur intensité. Les vagues de chaleur sont causées par les émissions de gaz à effet de serre, ces dernières étant dues à la combustion d’énergies fossiles, celles dont nous aurions dû nous débarrasser dès la crise pétrolière de 1973. Mais les lobbys et leurs alliés parlementaires ont empêché cela et retardé autant que possible l’alternative au pétrole, au charbon et au gaz.

A la fin de ce siècle, il est prévu une trentaine de jours de canicule par an. Ces journées seront d’autant plus insupportables dans les régions où existe une humidité comme sur la côte méditerranéenne. Toutes les régions françaises seront touchées, même si la Bretagne et la Normandie seront moins impactées le long des côtes de la Manche. Des phénomènes d’une autre nature pourront voir le jour. Hier, une mini tornade s’est abattue à Villers-sur-Mer (Calvados), tuant une personne et en blessant de nombreuses. Tornade non prévue donc non anticipée.

Le dérèglement climatique est principalement dû aux activités humaines. Il nous appartient donc de réagir collectivement et internationalement. Ce sont des individus regroupés pour faire pression sur les décideurs politiques et économiques qui pourront faire changer les choses. Se croiser les bras en attendant que les députés légifèrent est une absurdité. D’autant qu’ils peuvent légiférer, si le patronat et les multinationales ne les suivent pas, ce sera encore du temps de perdu. Les solutions viendront de nous ou elles ne viendront pas.

Des milliards vont être englouties dans l’armement. Le gouvernement entend augmenter les fonds de la loi de programmation militaire. Le tout sous la houlette d’un parlement godillot. C’est tout le contraire de ce qu’il faudrait faire qui se passe sous nos yeux. Quand l’humain sera-t-il capable d’œuvrer dans l’intérêt de tous et toutes, ne serait-ce qu’œuvrer pour la sauvegarde de l’humanité ?

Sterenn (56)