On s’en fout des élections

Yeux ouverts

On s’en fout des élections

Pourquoi ? Parce qu’elles n’apportent que très peu de solutions au problème qui nous intéresse au premier chef : l’égalité économique et sociale.

En France, la fortune des milliardaires a augmenté plus rapidement en 19 mois de pandémie que les  10 dernières années. De mars 2020 à octobre 2021, les richesses des grandes fortunes françaises ont bondi de 86%, soit un gain de 236 milliards d’euros. On est loin du compte pour les salariés, les chômeurs et les retraités. De l’argent, il y en a, dans les poches du patronat.

Les 5 premières fortunes de France (Arnault, Bettencourt- Meyer , Pinault, Wertheimer Alain et Gérard) ont doublé leur richesse depuis le début de la pandémie et ont gagné 173 milliards d’euros. C’est quasiment ce que l’Etat a dépensé pour faire face au Covid-19 en un an. Ces 5 milliardaires possèdent désormais autant que les 40% les plus pauvres en France. Et on voit mal un gouvernement s’attaquer à ces mastodontes qui spéculent pour s’enrichir. Les Mitterrand, Chirac et consorts ont toujours fréquenté la famille Bettencourt, par exemple. Faut bien s’entraider. Alors, les politiciens décident-ils vraiment de la politique économique du pays? Bien sûr que non. A la marge, oui, pour faire bonne figure. Faut bien donner l’illusion que nous sommes en démocratie.

Pour les milliardaires, la pandémie a été une aubaine. S’ils se sont enrichis, ce n’est pas grâce à la main invisible du marché, ni par les choix stratégiques brillants de leurs collaborateurs mais principalement en raison de l’argent public versé sans condition par les gouvernements et les banques centrales dont ils ont pu profiter grâce à une montée en flèche des cours des actions: « Cette concentration extrême des richesses est le résultat de choix politiques. Avec les 236 milliards supplémentaires engrangés en 19 mois par les milliardaires, on pourrait quadrupler le budget de l’hôpital public ou distribuer un chèque de 3500 euros à chaque Français-e-s ».(Selon Oxfam).

Dans le même temps, la crise a provoqué une plus grande pauvreté chez celles et ceux qui étaient déjà en difficulté avant la pandémie. L’écart se creuse donc entre les plus riches et les plus pauvres. La classe moyenne tend à diminuer en nombre pour s’appauvrir à son tour. Oublié-e-s des plans de relance – les travailleurs précaires (notamment les femmes), les personnes migrantes et les jeunes – ont vu leur situation se détériorer encore davantage. On approche les neuf millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté. Ainsi, 7 millions de personnes ont besoin d’aide alimentaire pour vivre, soit 10% de la population française, et 4 millions de personnes supplémentaires sont en situation de vulnérabilité à cause de la crise. La crise de l’énergie et l’inflation accentuent le phénomène. Et l’on entend certaines personnalités politiques qui nous parlent de manger cinq fruits et légumes par jour. Elles nous parlent de voitures électriques, de faire des travaux d’isolation, de changer de chaudière…pour avancer dans la transition écologique. Ces personnes vivent dans leur monde, entre soi. Hors sol, déconnectées des réalités de plusieurs millions de Français car aux pauvres, il faut ajouter ceux qui vivotent et joignent les deux bouts en jonglant comme ils peuvent. Tout cela sent la méconnaissance et finalement le mépris. Tout juste si ces politiciens ne disent pas que les travailleurs dépensent leur argent dans les clopes et les bistrots (ça fait un peu dames patronnesses du temps de Germinal). On pourrait ajouter dans les jeux d’argent qui rapportent tant à l’Etat.

Jamais, la droite, l’extrême-droite et la gauche ne s’attaqueront à la question du partage des richesses et de la taxation des ultra-riches. La question des droits de succession est à ce titre, révélatrice. Les choix politiques d’Emmanuel Macron depuis cinq ans ont accentué une sécession des plus riches et le ruissellement annoncé fut de la poudre de perlimpinpin. Les plus démunis ont été encore davantage fragilisés avec la baisse des APL, la réforme de l’assurance chômage…Sans compter les coupes dans les budgets de l’hôpital public, dans l’éducation et autres services publics…

N’en déplaise aux LREM, leur politique a été un accélérateur des inégalités. Pas de quoi être fiers. Donc, l’égalité économique et sociale que nous réclamons ne sera accordée que si nous la prenons. Elle ne viendra pas de ceux qui ont pour devise : les promesses n’engagent que ceux qui y croient. Pour la prendre, il faut engager un rapport de force et ne pas se tromper de voie car les moyens que nous utiliserons ne devront pas être contraires aux buts que nous nous fixerons.

Ces élections présidentielles.

Regardez bien le spectacle des bonimenteurs. Un président de la République qui emmerde les non-vaccinés. Mélenchon et Zemmour qui s’invectivent en direct. Le mercato des uns et des autres. Regardez-les. Les rats qui quittent le navire. Les intrigues de cour et de palais. Les trahisons, les dissimulations, les négociations de postes, de strapontins, de maroquins…Les clowns sont en scène, en moins drôles. Et ce sont eux qui prétendent nous diriger. Les nouveaux maîtres seront comme les anciens, avides de pouvoir ou corrompus. Qu’on se souvienne des procès retentissants de Sarkozy, Balladur, Léotard, Guéant…Les donneurs de leçon, sans compter ceux et celles qui nous appellent à nous serrer la ceinture et qui sont pris la main dans le pot de confiture. Quels exemples ! Il faut un exutoire pour canaliser les colères du peuple. Donnons-leur un bouc émissaire. Ca marche à chaque période de l’histoire.

Alors, les élections, ce sera sans nous. Assez de mensonges et d’hypocrisie ! Une Révolution reste à faire : sociale et libertaire.

Patoche (GLJD)