C’est surtout en période de paix que l’on peut faire entendre une voix pacifiste. En temps de mobilisation, l’irrationnel prend le dessus. Pourquoi se mobiliser contre l’armée aujourd’hui encore ?
Parce que l’armée est une institution qui participe à l’oppression des individus tout comme l’autre usine capitaliste, la famille patriarcale et les différentes drogues religieuses. C’est de plus un Etat dans l’Etat. Il suffit de regarder les crédits qui lui sont alloués et ce depuis plus de cent ans.
L’armée, c’est la robotisation des personnes : gauche-droite ; en avant, marche ! Et nous autres libertaires, nous n’aimons pas marcher au pas, en cadence. Ni se faire commander par des férus d’autorité qui souvent ne réfléchissent pas plus loin que la visière de leur képi.
A l’armée, il n’y a de la place que pour l’obéissance, pas pour l’intelligence et encore moins pour l’amour. D’autre part, le comportement militaire, viriliste par essence, ne peut faire bon ménage avec le féminisme. Mais l’armée n’est pas qu’un enfermement ; lorsqu’elle se met en branle, elle se révèle redoutable pour la santé physique et morale des populations. Le nationalisme exacerbé, le chauvinisme, la haine du cégétiste et de l’anarchiste, le mépris de l’étranger…ça peut faire des ravages. Nous avons vu l’armée intervenir pour briser des grèves (lors de la grève générale en 1953, déjà pour une réforme des retraites…), pour maintenir en place des chefs d’Etat en Afrique ou contrer éventuellement l’ennemi intérieur…
De la même manière que si dieu existait, il faudrait s’en débarrasser comme le disait si bien Léo Ferré, les armées existent et bien il faut s’en débarrasser car elles reproduisent en pire ce qu’il y a de plus méprisable dans la société civile. Sans compter tout l’argent injecté dans les armées et qui pourrait servir au bien commun, aux services publics par exemple ou bien partir en retraite plus tôt.
Les anarchistes sont aussi contre l’Armée rouge dont on a vu ses capacités à massacrer les marins de Cronstadt, les Makhnovistes…et le sinistre Trotsky, militariser le travail au nom du prolétariat qui pourtant ne lui avait rien demandé.
Etre antimilitariste, c’est aussi refuser les rapports aliénants dans le travail ; c’est préférer la coopération et l’entraide aux rapports d’exploitation. C’est aussi être écologiste en étant contre le gaspillage, contre le pillage de pays tiers, contre le nucléaire dont l’épée de Damoclès se fait de plus en plus sentir au-dessus de nos têtes, c’est lutter contre les catastrophes environnementales (cf la destruction du barrage de Kakhovka sur le fleuve Dniepr, hier, en Ukraine)… Etre antimilitariste, c’est essayé d’inventer des rapports humains non-hiérarchiques, non-autoritaires…C’est aussi une lutte de tous les jours, une résistance au capitalisme ; une éthique, une morale humaine en corrélation avec la nature.
Alors, nous devons expliquer autour de nous, encore et encore notre antimilitarisme. Si les travailleurs commençaient par refuser de produire des engins de mort au service du système militaro-industriel, le problème évoluerait considérablement. Mais avec des si…Pourtant, il est grand temps que les travailleurs conscients du problème militariste fassent le choix dans leur lutte quotidienne, dans leur pratique syndicale, de ne plus participer aux fabrications et ventes d’armements. Ce système économique est malsain même si l’on comprend bien que les gens veulent un travail correctement rémunéré, ce qui est humain, mais des alternatives de reconversion d’industries peuvent voir le jour. A chaque guerre, diverses industries ont été reconverties en usines d’armement ; pourquoi faire l’inverse en temps de paix ne serait-il pas possible ?
Alors, encore un petit effort de réflexion et d’agitation antimilitariste. Et un rappel nécessaire en ces troublés dans le monde: ceux qui prennent le pouvoir par la lutte armée ne désarment que très rarement une fois assis sur le trône. CQFD.
Ti wi (GLJD- Groupe libertaire Jules Durand)