Et c’est reparti chez certains libertaires qui avec les gauchistes appellent à voter Nouveau Front populaire. Ce serait un choix tactique. Il est curieux que les militants de l’ex CGA qui avait claqué la porte de la FA parce que certains dans cette dernière organisation avaient appelé à voter contre le père Le Pen, invitent aujourd’hui à voter NFP face au RN. Que des anarchistes perdent leur souveraineté dans les urnes, c’est une bien curieuse tactique qui nous rappelle celle des Fontenis et consorts. Jouer les seconds rôles et les petites mains pour la gauche en s’alliant avec elle dans la rue contre l’extrême-droite ferait vite oublier que la gauche qui a été longtemps au pouvoir et n’a rien fait pour les travailleurs afin de ne pas fâcher le patronat ; et qu’à ce titre elle a une lourde responsabilité sur le fait qu’on en arrive là, avec un RN à la porte du pouvoir. De même, quand la CGT, longtemps courroie de transmission du PC appelle à voter NFP, c’est un mélange des genres qui fait tache. Pas sûr que le syndicalisme ait quelque chose à gagner en perdant son indépendance vis-à-vis de tout parti politique. Déjà Sophie Binet indiquait que les mobilisations du premier mai 2024 étaient en réalité une mobilisation pour appeler à voter…Deux erreurs coup sur coup, que la CGT paiera sur le long terme.
Ce Nouveau Front Populaire est le mariage de la carpe et du lapin. Mélenchon défend au final une vision très conservatrice de la République. C’est un autoritaire qui ne se cache même pas. Cet ancien trotskyste qui a mangé à la gamelle socialiste pendant un quart de siècle aspire à être premier ministre. Autoritaire, il ne supporte pas la contradiction dans ses rangs. Corbière, Garrido et bien d’autres en ont fait les frais. Exit !
Selon lui, l’union de la gauche est une nécessité pour que ça ne soit «pas le foutoir, pas le bazar, pas l’Assemblée générale permanente, le pia-pia des gauchistes qui passent leur temps à s’engueuler entre eux» dans le pays. Le message est clair. Mélenchon, ce sera l’ordre républicain contre les anarchistes, les zadistes, écologistes radicaux…qui prônent les Assemblées générales pour discuter et prendre des décisions en dehors d’un chef, si charismatique soit-il.
D’autre part, Mélenchon a tort de prétendre que critiquer l’Islam c’est du racisme. La critique de toutes les religions y compris l’Islam est pour nous, un devoir. Le droit de blasphème existe encore en France et c’est tant mieux. La religion est l’ennemie de toute émancipation.
En réalité, ce qui se cache chez Mélenchon et les siens, c’est leur propension à canaliser les révoltes et éviter tout changement de société. C’est le rôle de la gauche, de l’alternance. Gageons qu’il fera comme Bardella pour rassurer le patronat. Avec l’argument suivant, je suis le seul à pouvoir éviter le chaos. Cette énième union de la gauche (Programme commun, gauche plurielle, NUPES et maintenant NFP) vise à maintenir l’ordre existant, la bonne circulation du capital, la délégation du pouvoir des individus à des élites qui souvent se corrompent avec le pouvoir qui est par essence maudit.
Les anarchistes qui souhaitent un réel changement ne peuvent résolument pas se satisfaire de ce conglomérat de partis qui, tout le monde l’a bien compris, est une association de responsables politiques qui défendent leur poste. La politique est leur gagne-pain. Ces députés et aspirants députés se sont éloignés du monde du travail et ce n’est d’ailleurs pas pour rien que les classes populaires s’abstiennent ou votent à l’extrême-droite et par voie de conséquence ne votent largement plus à gauche. La droite ne vaut guère mieux. Regardez les rats quitter le navire macroniste : les Edouard Philippe, Attal etc
Le NFP engrangera de nombreux députés car d’une part, plusieurs pans de la société s’organisent pour dénoncer les dangers de l’extrême-droite (artistes, journalistes, écrivains…) ; de nombreux travailleurs verront d’un bon œil le SMIC à 1600 euros net par mois. Mais que vaudront ces 1600 euros si l’inflation arrive à un taux à deux chiffres ?
Les socialistes et les écologistes freineront des quatre fers pour les réformes essentielles, c’est dans leur ADN. Et si les promesses sont tenues aussi bien qu’avec Mitterrand, Jospin et Hollande, nous nous acheminerons vers un Front coculaire et la voie sera toute tracée pour l’extrême-droite qui n’aura plus qu’à attendre sagement 2027. En affirmant que si le RN n’arrive pas à plus de 289 députés, Bardella ne souhaite pas devenir premier ministre, c’est pour mieux tabler sur 2027 pour avoir les coudées franches. Tout vient à point pour qui sait attendre.
Les abstentionnistes ne doivent pas se culpabiliser, ce sont les politiciens de tous bords qui sont responsables de la situation actuelle, les macronistes en tête. Mais ce sont les mouvements sociaux qui bousculent les politiciens et nous permettent de faire gagner notre camp. Nos rêves ne passent pas par leurs urnes. C’est une erreur de penser que le vote est tactique et qu’il permettra de stopper la xénophobie tant qu’un démantèlement des ghettos n’aura pas lieu, qu’il n’y aura pas de mixité sociale à l’école, que les services publics seront absents dans les zones rurales etc. Le vote tactique ne permet pas de contrer les gens qui votent contre leur camp. Un ouvrier qui vote RN vote contre sa classe sociale, les habitants victimes d’inondations qui votent RN votent en réalité pour des climatosceptiques, contre tout bon sens…en dehors des réalités scientifiques et écologiques.
La bataille culturelle ne passe pas par les urnes. Nous avons d’autre part de multiples atouts pour contrer l’extrême-droite : la désobéissance, la grève générale, l’action directe…
Ty Wi (GLJD)