Abstention : un non-vote de responsabilité

Face au bal des hypocrites et des irresponsables, on entend les sirènes de tous bords faire un appel du pied aux abstentionnistes. Le RN et ses alliés LR-Ciotti représentent la droite radicale, russophile, europhobe et hostile à certains droits fondamentaux. Les électeurs le savent et voteront en toute connaissance de cause. A l’autre bout de l’échiquier parlementaire, c’est le nouveau Front Pop, présenté par Macron comme un mouvement encore plus dangereux pour la démocratie que le RN. Utiliser sa position de président de la République pour affirmer qu’il y aurait une symétrie entre les extrêmes, relève de la mauvaise foi  et d’une certaine irresponsabilité. Après avoir instauré un duel Renaissance-RN, il continue à favoriser de fait l’extrême-droite qu’il était censé combattre et faire disparaître. Il se trouve sur la même ligne que le patronat qui préfère un gouvernement RN à un gouvernement de gauche qui rognerait à la marge des profits. Pourtant la gauche plurielle a préféré privatiser et Hollande a fait des ponts en or aux patrons avec la loi travail.

Les élections mettent le pouvoir d’achat au cœur de ces législatives et chacun y va de son programme comme à l’accoutumée. C’est la fête du slip et les oppositions sont bien en mal de chiffrer sérieusement leurs multiples promesses. Mais chez Bardella, on voit déjà poindre des entorses aux propositions initiales lors des européennes et antérieurement. S’approchant du pouvoir à pas feutrés, il commence à se retrancher derrière un audit des comptes publics pour le redressement des services publics…Bref il cherche à différer et rassurer les milieux d’affaires en renonçant à une partie du programme 2022 de Marine Le Pen, sa patronne. Pour les retraites, c’est un peu le serpent de mer. Il faut faire moins peur que le Front Pop et si possible empêcher le front républicain en cas de deuxième tour ou triangulaire avec une présence RN. Et en bon politicien, il renvoie ses promesses en 2027. Il lui faut rassurer les marchés et ses réformes ne s’appliqueront qu’à la marge. Prenons l’exemple du programme immigration du RN : il ne passera pas l’étape du Conseil constitutionnel, notamment ce qui a trait à la préférence nationale…Jordan Bardella sait qu’il faut nécessairement une révision constitutionnelle et avec une majorité LR au Sénat, c’est pour l’instant mission impossible. Il promet à tout-va.

C’est très facile d’intervenir sur les réseaux sociaux sans parler des problèmes de fond, juste en balançant quelques idées sans que le public lambda vérifie la faisabilité de ce qui est proposé.

Mais Bardella peut compter sur l’aide de Macron qui cible le Nouveau Front populaire plutôt que l’extrême-droite. Est-ce que les électeurs de Mélenchon voteront pour Renaissance en cas de deuxième tour avec le RN. Ce serait du masochisme, mais en politique, certains aiment bien prendre des gnons quitte à en redemander. En tout cas, les patrons, les LR et les macronistes préféreront toujours un RN à un LFI. Alors le front républicain a du plomb dans l’aile.

Bien sûr, les adversaires du RN montrent son inconstance voire son imposture. En 2022, (c’était hier en politique), Marine Le Pen était favorable à une alliance avec la Russie sur certains sujets de fond, sans crainte des sanctions américaines. Et puis, la Russie envahit l’Ukraine, alors le RN change son fusil d’épaule et Bardella évite soigneusement de remettre le sujet sur le tapis. Il entend ne pas remettre en cause les engagements pris par la France à l’international ! Quel virage sur l’OTAN ! Marine Le Pen était pour le Brexit, ce qui n’est plus demandé aujourd’hui. Idem pour l’euro. Sur le pouvoir d’achat la suppression de la TVA sur les produits de première nécessité n’est plus considérée comme prioritaire. L’exonération d’impôt sur le revenu pour les moins de trente ans a disparu des radars. Et l’on pourrait mettre en parallèle les programmes FN/RN sur les vingt dernières années pour constater les virages à 90° du parti d’extrême-droite. Cependant, le RN reste fidèle à sa ligne nationaliste, ça, c’est une constante. C’est son fonds de commerce intangible. En attendant ses édulcore ses mesures phares, il se transforme en Houdini de la politique avec ses contorsions et ses illusions.

Certains à gauche disent aux libertaires qu’ils auront une responsabilité en cas de victoire du RN aux législatives. Tout d’abord, nous avons déjà indiqué que le RN a élargi son socle électoral et que l’abstention ne l’empêchait plus de devenir majoritaire. Ce ne sont pas les abstentionnistes qui posent problème, ce sont les électeurs qui votent pour le RN et qu’il faut combattre les causes qui entraînent ce vote qui n’est plus protestataire mais de conviction. Pas question d’infantiliser les électeurs d’extrême-droite, ces derniers seront comptables de leurs propositions ainsi que de leurs actes.

Les partis de gauche, tout comme les macronistes sont responsables de la montée de l’extrême-droite française car ils ont été sur le temps long aux commandes de l’Etat. Ce sont leurs politiques, à gauche comme à droite qui nous ont amené au bord du gouffre. On comprend qu’ils essaient de se dédouaner aujourd’hui en imputant la responsabilité des scores RN aux autres. Pourquoi la gauche ne capitalise pas sur les thématiques du travail par exemple. Pourquoi sont-ils inaudibles et peu crédibles ?

Les libertaires sont présents dans les luttes d’écologie radicale, dans certains syndicats, s’investissent dans le domaine associatif … et là où ils se trouvent, ils entravent comme ils peuvent la montée de l’extrême-droite. Ce n’est ni suffisant ni satisfaisant mais nous faisons avec nos faibles moyens. Ce n’est pas en votant que l’on changera les maux qui accablent les travailleurs. A chaque élection pour contrer l’extrême-droite, on ne fait que reculer pour mieux sauter. Juste un répit peut-être. C’est toujours cela. Mais à terme cela se révélera payant pour l’extrême-droite.

Nous avons déjà indiqué les multiples causes de cette montée de l’extrême-droite ; les symptômes sont connus. C’est la mauvaise volonté politique et son inaction, un peu comme pour le climat, qui nous amène dans le mur.

Nous ne pensons pas que l’extrême-droite aura un premier ministre dans le futur gouvernement mais d’ores et déjà, pour les pessimistes, nous avons la possibilité de lutter au lendemain de cette éventualité. Nous pouvons empêcher, par exemple, en cas de gouvernement Bardella, que les Jeux Olympiques se déroulent sous les yeux béats du monde. Pas question d’avaliser et consacrer un tel gouvernement. Pas question de légitimer ce gouvernement. On constate d’ailleurs que le sport est utilisé par les politiques. On se souvient des jeux avec Hitler, ces derniers lui ayant servi de vitrine.

Il n’est pas exclu qu’une grève générale pendant ces J.O. ne mette à genou le gouvernement. Nous savons aussi que le RN pourra compter sur ses relais au sein de la police et de l’armée pour contrer toute révolte populaire. Nous savons par expérience que le patronat s’arrangera toujours avec un gouvernement qui lui montrera patte blanche. A nous de prendre en considération ces données.

Pour l’instant, ce n’est pas Macron qui nous dessinera une perspective d’avenir claire et satisfaisante pour les travailleurs. L’argent facile ne l’est que pour les riches et les plus aisés. Et nous n’avons aucune confiance dans les politiciens de gauche. Cela n’est pas un dilemme pour les anarchistes qui tracent leur chemin en marchant avec leurs propositions.

Goulago (GLJD)