
Voter, c’est abdiquer, c’est être complice du système d’aliénation et de domination.
Se limiter à une simple opposition électorale signifie accueillir l’extrême-droite à bras ouverts.
Quand le fascisme est en marche, il faut organiser des réseaux clandestins de résistance, comme l’ont fait les antifascistes dans les années 1930 et 1940. Il convient de se préparer à résister par tous les moyens nécessaires. Tout le reste est complicité.
Aujourd’hui renforcer les institutions à travers lesquelles l’extrême-droite mettra en œuvre ses politiques relève de la complicité. Normaliser la violence contre les personnes que l’extrême-droite cherche à attaquer, relève de la complicité. Remettre les plateformes de communication par lesquelles les gens partagent des informations relève de la complicité. Décourager les gens d’adopter le type de tactiques nécessaires pour combattre un régime préfasciste relève de la complicité. Au cours des dernières années, les « démocrates » ont fait chacune de ces choses.
La droite est désormais prête à coexister et travailler avec l’extrême-droite. Elle préfère cette dernière à quelques années de grèves et de protestations tumultueuses. Avoir un parti plus autoritaire au pouvoir leur donne un alibi, les fait paraître moins dangereux en comparaison.
La route vers l’extrême-droite.
Expliquons pourquoi les « démocrates » sont coupables de cette situation.
Les démocrates ont redoublé tout leur soutien à la police, précisément au moment où des millions de personnes à travers le monde, en Europe, en Amérique… se demandaient si le moment était venu de trouver un moyen plus efficace de lutter contre la pauvreté et les crises économiques, écologiques et sanitaires que de continuer à canaliser des quantités massives d’argent, des fonds publics pour la militarisation des services de police. De même, les lois de programmation militaire enlèvent tout l’argent nécessaire au fonctionnement et à l’amélioration des services publics.
La répression des mouvements sociaux s’emballe dès lors que le pouvoir de l’État est placé directement entre les mains des forces de « l’ordre ».
Parallèlement si vous essayez de jeter les bases d’un puissant mouvement social contre tout gouvernement, l’affirmation selon laquelle « personne n’est au-dessus des lois » est un discours contre-productif. Des gens comme Orban, Trump s’en fichent bien de la loi car ils la contournent de fait et en tergiversant passent au travers des mailles du filet. Et l’argent paie les petits arrangements.
Marcher sous le slogan « Personne n’est au-dessus de la loi », c’est cracher au visage de tous ceux pour qui le fonctionnement quotidien de la loi est une expérience d’oppression et d’injustice. C’est rejeter la solidarité avec des secteurs de la société qui pourraient donner lieu à un mouvement social dans la rue contre l’influence des politiciens. Enfin, cela légitime le même instrument d’oppression – la loi – que les députés finiront par utiliser pour réprimer tout mouvement qui remet en cause le pouvoir.
Lorsque les propriétaires de Twitter l’ont vendu à Elon Musk en 2022, ils ont réalisé qu’ils mettaient le contrôle de la principale plateforme de communication politique du 21e siècle entre les mains d’un mégalomane d’extrême-droite. L’une des premières choses que Musk a faites a été d’interdire certains des comptes anarchistes les plus connus qui avaient contribué à mobiliser les gens sous la première administration Trump. Il s’agissait d’une étape dans le processus visant à réduire Twitter à un véhicule de propagande d’extrême droite.
L’acquisition de Twitter par Musk n’est pas seulement le caprice d’un ploutocrate individuel, c’est aussi une étape vers la résolution de certaines contradictions au sein de la classe capitaliste, pour établir un front uni contre les travailleurs et tous ceux qui sont victimes de la violence de la classe capitaliste.
En fait, le financement d’une cabale de milliardaires a été l’un des principaux facteurs qui ont permis à Trump de remporter les élections de 2024. Les milliardaires ont pu changer d’allégeance à Trump, en partie parce que les plateformes médiatiques et les manifestations de rue étaient sous contrôle.
Cela nous amène au point suivant. Les réseaux sociaux, les médias aux ordres des Bolloré et autres milliardaires d’extrême-droite en France sont des outils de canalisation de toute pensée critique pour aller vers une idéologie religieuse qui nous ramènerait un siècle en arrière. La religion étant dans les faits l’alliée objective du capitalisme.
Les efforts du P.S. pour discréditer et démobiliser les mouvements anti- réforme des retraites et anti-police ont fait directement le jeu de leurs adversaires, ouvrant la voie au retour de Barnier puis Bayrou au pouvoir, sans résistance.
Dans le même temps, les « démocrates » ont tenté d’empêcher de nouveaux mouvements de prendre de l’ampleur. Par exemple, lorsque l’allongement du départ à la retraite a été porté à 64 ans, les démocrates ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour empêcher une mobilisation populaire efficace en réponse. Et ce ne sont pas les rodomontades de Faure, Mélenchon et Marine Le Pen qui viendront invalider cela.
Vider les rues, empêcher les mobilisations de masse ont profité aux perspectives électorales des démocrates en 2024, les insoumis et les gars de la Marine au premier chef.
Cette stratégie a aidé la droite et l’extrême-droite à normaliser des idées autrefois secondaires sur l’immigration et la criminalité, et elle n’a pas rendu la gauche plus éligible.
Cependant, pendant des décennies, la gauche et la droite en France ont collaboré pour écraser les mouvements proposant une alternative. Ils ont supprimé certaines forces au sein de leur camp ce qui a permis à Marine Le Pen de se présenter faussement comme une représentante des classes populaires et au final d’une certaine rébellion contre le système.
Cela a rendu inévitable la montée des idées d’extrême-droite avant d’avoir un groupe majoritaire à l’Assemblée nationale dans la phase suivante, les démocrates ayant contribué à supprimer les alternatives anarchistes, antiautoritaires et de la gauche radicale.
Le chemin se trace en marchant, ce qui n’a rien avoir avec un slogan macroniste.
En fin de compte, nous ne pouvons pas tout rejeter sur les démocrates. C’est nous qui ne parvenons pas à construire des mouvements suffisamment puissants pour survivre à leurs efforts visant à nous réprimer. Nous sommes ceux qui ne sont pas encore prêts à empêcher Macron et Le Pen d’expulser des travailleurs sans papiers et de canaliser des milliards d’euros supplémentaires vers les milliardaires, les militaires et l’appareil de sécurité de l’État.
Heureusement, cette histoire n’est pas encore terminée.
Nous avons la responsabilité de ne pas laisser les projections électorales nous démobiliser. Car on sent déjà les instituts de sondages nous vendre un futur duel entre Marine Le Pen et Edouard Philippe, la gauche désunie étant hors course, à la prochaine présidentielle.
Les élections servent à représenter une personne par rapport à une autre dans ce qu’elle a de pire, distillant les aspects les plus offensants, lâches et serviles de l’espèce. De nombreuses personnes qui n’arracheraient jamais personnellement une mère à ses enfants sont capables de soutenir l’expulsion de familles entières depuis l’intimité d’un isoloir. Sans l’aliénation qui caractérise le gouvernement lui-même, la plupart des horribles politiques qui constituent les programmes politiques de la droite et de l’extrême-droite ne pourraient jamais être mises en œuvre.
Il y aura une brève fenêtre de possibilité révolutionnaire, lorsque des millions de personnes qui comptaient sur les démocrates pour assurer leur sécurité et avenir se réveilleront et réaliseront que nous sommes le seul espoir et la seule alternative pour un autre futur. Nous devons agir immédiatement pour connecter les gens les uns aux autres, pour restaurer tout ce que nous avons perdu depuis 1995.
Nous devons entreprendre des projets proactifs et créatifs qui nous distinguent des partis politiques, des projets qui montrent ce que chacun a à gagner de nos propositions et qui offrent des opportunités à des personnes de tous horizons de s’impliquer dans le projet de changer le monde pour le meilleur.
La bonne nouvelle est que nous pouvons le faire. Nous l’avons déjà fait. Rendez-vous en 2025.
Ti Wi (GLJD)