Mahsa_Amini
Merci aux femmes iraniennes
Depuis le 16 septembre 2022, date à laquelle une jeune iranienne, Mahsa Amini, est décédée de coups portés à la tête par la police des mœurs, sous couvert que cette jeune Kurde portait le voile, de manière inappropriée. Contrairement à ce que peuvent dire certains universitaires gauchistes, le port du voile n’a jamais favorisé l’émancipation féminine en Iran ou ailleurs. Le port du voile a été imposé en 1979 après la chute du Chah. Les Iraniennes ont été stigmatisées par le pouvoir en place. En réalité, le voile représente un contrôle social sur les femmes. On connaît la rhétorique des autorités musulmanes : les femmes non voilées sont des aguicheuses et celles qui fument et sont maquillées sont des putes. S’il existe un « féminisme islamique » tout comme il existe des post-fascistes chrétiennes comme Giogia Meloni qui en tant que femme entend remettre en cause le droit à l’avortement, ne nous voilons pas la face, la théocratie islamiste a tenté d’endoctriner la population iranienne et le voile est un élément de cet endoctrinement. Pourtant, aujourd’hui, les jeunes, hommes et femmes descendent massivement dans les rues du pays malgré la répression et les coups de matraque. Tenter car la demande, d’égalité entre les sexes, des manifestants représente un camouflet pour les autorités iraniennes. Le voile, le hidjab, c’est le symbole de l’autorité du pouvoir. Que les femmes se dévoilent, jettent leur voile au feu, est un signe fort envoyé par des milliers de femmes qui n’en peuvent plus de l’oppression patriarcale. Alors quand les femmes scandent : « Femme, Vie, Liberté », on ne peut qu’applaudir leur courage et les soutenir.
Les violences faites aux femmes iraniennes portent des noms : port obligatoire du voile, l’honneur des hommes, la sécurité de l’Etat…Khomeini, protégé par la France en son temps, voulait que les femmes portent le voile islamique au travail et le foulard dans les lieux publics. Le voile devait servir l’Etat et devenir le rempart de la République islamique. Indiquer que le port du voile est anodin et dépend d’une liberté individuelle relève de l’escroquerie intellectuelle. Le 8 mars 1979, des centaines de femmes, notamment celles représentant des professions intellectuelles manifestèrent aux cris de « ni foulard ni coups de poing ». Le voile représente une uniformisation des femmes reléguées en l’espèce hors de l’espace public.
Aujourd’hui, les femmes sont à l’avant-garde de la mobilisation. Elles scandent aussi : « Mort au dictateur- Mort à Khameini ». Le dogme du port obligatoire du voile vacille. Des foulards sont brûlés en public. Des arrestations de masse sont orchestrées par le pouvoir, des emprisonnements massifs de même, et l’on déplore parmi les manifestants des dizaines de morts qui pourraient bien au bout du compte devenir des centaines. La répression est féroce. Les gardiens de la Révolution islamique et les miliciens tirent avec des balles en caoutchouc mais aussi à balles réelles. Les coups de bâton des militaires n’épargnent pas les membres des manifestants. Mais le courage de ces derniers, jeunes et moins jeunes, ne faiblit pas. Les réseaux sociaux sont bloqués mais les manifestants font preuve d’imagination pour se regrouper. Cependant la répression s’abat sur les établissements universitaires du pays. Le régime demande aux forces répressives de ne montrer aucune indulgence envers ceux et celles qu’il appelle « les criminels ». Il donne son feu vert pour une répression dure et massive.
Les femmes constituent l’élan vital du combat pour la liberté. Elles veulent vivre libres et la liberté des femmes engendrera la liberté de tous. Voilà ce qui se joue dans les rues de Téhéran, la capitale, mais aussi dans des villes de moindre importance. C’est une lame de fond qui s’annonce.
Tous les religieux sont des puritains. Tous aspirent à l’assujettissement patriarcal de la femme. Le puritanisme n’est pas l’apanage des musulmans, c’est un point commun à toutes les religions monothéistes.
Mais fragilisé, le pouvoir iranien peut être aussi tenté de basculer et donner le pouvoir aux gardiens de la Révolution islamique, le nationalisme étant la deuxième jambe du régime. Dans ce cas, les gardiens de la Révolution risquent d’intensifier la répression pour casser toute velléité de changement et asseoir ainsi leur pouvoir déjà bien militarisé. Le tsunami populaire porté par des valeurs de liberté aura-t-il raison de la théocratie en place ? Nous le saurons bientôt en espérant qu’il y ait le moins de victimes possibles dans les rangs des manifestants.
Ti Wi (GLJD)
Mahsa_Amini