L’insécurité économique et sociale favorise l’extrême-droite

L’extrême-droite européenne profite grandement du régime économique actuel basé sur le libre-échange mondialisé, l’automatisation (robotisation, numérique…), la libéralisation des capitaux et des flux financiers. Ce mantra économique s’est traduit par une défiance des travailleurs vis-à-vis du libéralisme et d’une peur de déclassement dû à une forte insécurité sociale et économique.

Cette insécurité, réelle et non fictive, a été vécue par les ouvriers au travers des nombreuses délocalisations (industries métallurgiques, pharmaceutiques…) provoquant une désindustrialisation croissante favorisant le capital tout en baissant la valeur travail.

Le Front National a su capter le mécontentement des classes ouvrières en faisant porter le chapeau de cette politique économique aux travailleurs « étrangers ». On se souvient du « Un million de chômeurs, c’est un million d’immigrés en trop ». Slogan simpliste mais percutant quand il n’est pas contré suffisamment. D’ailleurs le RN pourrait continuer aussi en affirmant : trois millions de chômeurs, c’est trois millions d’immigrés en trop. Mais les faits économiques contredisent ce postulat d’extrême-droite car le patronat est à la recherche de main d’œuvre. Il souhaiterait ouvrir les vannes de l’immigration notamment dans « les secteurs en tension » : restauration et hôtellerie, aide à domicile…

Donc le R.N. préfère tabler aujourd’hui sur l’insécurité qui serait due à une immigration massive et incontrôlée. D’où le « succès » LR-RN de la loi immigration qui serait plébiscitée par 70% des Français. L’extrême-droite a donc réussi à faire valoir un clivage ethno-national et culturel en labourant ce thème depuis une trentaine d’années. Les immigrés sont ainsi rendus responsables de la crise économique subie par les travailleurs. Toute analyse économique sérieuse invaliderait cette affirmation mais le simplisme et le complotisme sont plus faciles à faire avaler que la réalité d’une mondialisation conçue en fonction des besoins du capital. D’où des multinationales qui délocalisent vers des pays au moins disant social par exemple.

Le PS qui a été au pouvoir et a tenu tous les leviers de pouvoirs de l’Etat n’a pas fait autrement que ce que fait Macron aujourd’hui. Il a privatisé à tour de bras sous Jospin par exemple et n’a jamais cherché à inverser la tendance en faveur du travail. Macron a trouvé aujourd’hui des boucs émissaires tout désignés : les chômeurs et les bénéficiaires du RSA ainsi que les immigrés. Pendant ce temps, il continue d’ubériser la société. Les conditions de travail dégradées des salariés passeront après. Et l’extrême-droite de se frotter les mains, car rien n’est fait pour les travailleurs et il ne lui reste plus qu’à engranger les mécontentements du camp du travail.

Puisque le gouvernement Macron ne souhaite pas changer sa politique, que pouvons-nous faire ? C’est la question qui taraude les libertaires mais pas qu’eux fort heureusement.

Nous avons toujours l’arme du boycott. Nous pouvons ainsi nous mobiliser contre les entreprises qui ne respectent ni les droits humains ni l’environnement. Nous pouvons encore nous bouger au sein des entreprises pour améliorer et changer nos conditions de travail, avec les syndicats ou sans, quand ils sont corrompus. La grève reste encore l’arme des travailleurs. Nous devons peser aussi sur la qualité des futurs emplois à créer dans le cadre de la transition écologique pour que l’on soit dans l’utilité sociale et dans la lutte contre le réchauffement climatique. Ce sont des actes de résistance qui permettent de stopper ceux d’en face qui ne pensent qu’aux profits immédiats ou à leurs petites combines politiciennes via les élections. Parallèlement nous devons mener la bataille culturelle, celle qui peut accompagner les changements de mentalités afin de partir de l’individu pour aller vers le collectif, toujours dans une démarche que tout doit partir de la base et non du sommet de la pyramide. Et puis de multiples alternatives voient le jour depuis le succès de la ZAD Notre-Dame-des Landes. La mise en pratique de nos rêves donne du concret et change notre rapport au monde. Ainsi notre énergie est  mieux utilisée quand on s’auto-organise plutôt qu’en attendant le Grand Soir ou que tout vienne de politiciens qui ne pensent en réalité qu’à leur carrière et leur pouvoir. Les alternatives mises en place permettent d’avoir un impact immédiat et cela peut servir d’exemple et de catalyseur.

L’anarchisme se nourrit de rêves, d’idéal, d’empathie, de coopération, d’entraide, d’auto-organisation, d’autogestion et de solidarité. C’est ce tout qui nous fait vivre et participer à la grande aventure humaine de l’existence. Voilà pourquoi l’anarchisme est increvable.

Ty Wi (GLJD)