La poésie contemporaine ne chante plus. Elle rampe. Elle a cependant le privilège de la distinction, elle ne fréquente pas les mots mal famés, elle les ignore. Cela arrange bien des esthètes que François Villon ait été un voyou.
On ne prend les mots qu’avec des gants: à «menstruel» on préfère «périodique», et l’on va répétant qu’il est des termes médicaux qui ne doivent pas sortir des laboratoires ou du codex. Le snobisme scolaire qui consiste à n’employer en poésie que certains mots déterminés, à la priver de certains autres, qu’ils soient techniques, médicaux, populaires ou argotiques, me fait penser au prestige du rince-doigts et du baisemain.
A l’heure où le discrédit des partis politiques n’a jamais été aussi important, il semblerait incongru que les libertaires ne puissent représenter l’alternative au capitalisme.