Le libertaire de janvier 2019: spécial Gilets jaunes

Delacroix Pboy

Elections européennes : Merci les gilets jaunes !

Alors que Macron et ses sous-fifres commençaient à nous refaire le coup de la dernière présidentielle en opposant  son camp, celui des progressistes, à celui de Marine Le Pen, classé populiste ou illibéral, les gilets jaunes ont remis au goût du jour la lutte de classes. Comptant nous aiguiller sur des sujets de société: morale familiale (PMA, GPA, droits des minorités sexuelles, I.V.G.…), environnement (changement climatique, taxe carbone…), les flux migratoires (immigration, identité, multiculturalisme…). Les capitalistes ont bien compris qu’il était facile de bipasser les sujets socio-économiques en clivant la société sur des sujets de mode de vie et de valeurs dominantes. Avant l’arrivée de Mitterrand au pouvoir en 1981, les partis politiques avaient un certain nombre de valeurs et ce qui différenciait la gauche de la droite, du moins en théorie, c’étaient les questions de protection sociale, de pouvoir d’achat, du rôle de l’Etat dans la redistribution des richesses. Bien sûr, on y trouvait aussi la condamnation de la peine de mort, le droit à l’avortement…Mais, depuis une trentaine d’années, la gauche gestionnaire a éloigné d’elle les classes populaires et privilégié les thèmes « culturels ». La gauche a rogné petit à petit les acquis des travailleurs et certaines garanties de l’Etat de droit.

Le mouvement des gilets jaunes a placé en tête de ses revendications très rapidement les questions économiques, fiscales et sociales au centre du débat politique. Frustrations accumulées, inégalités criantes et insupportables, demande de services publics de proximité, mobilité…Nous avons eu à faire face au premier choc pétrolier de 1973, puis l’austérité sous Pierre Mauroy en 1983, en passant par la crise des subprimes en 2007 puis la crise financière mondiale de 2007-2008. Et depuis 10 ans, le pouvoir d’achat s’érode d’année en année. L’Etat a sauvé les banques et les travailleurs ont épongé les dettes. Du coup, les salariés ne veulent plus des politiques d’austérité. Le problème, c’est qu’une partie des travailleurs se tourne vers les populistes, votent pour eux et se retrouvent finalement avec des gouvernements qui attaquent les protections sociales : Trump aux Etats-Unis, Orban en Hongrie…Le piège est présent aussi en France. C’est pourquoi, nous nous abstenons et pensons que plus un président, un député est élu avec le moins possible de voix, moins il est légitime pour casser nos droits. Il nous reste la rue pour se faire entendre et obtenir des acquis sociaux.

Les électeurs (a fortiori les abstentionnistes) ne se sont pas tournés spontanément vers les questions sociétales au détriment des questions économiques ; ce sont les politiciens, toujours soucieux de servir leurs maîtres capitalistes, qui ont porté les débats sur ces sujets qui sont devenus au final l’offre politique de ces partis. Valls et les socialistes sauce Castaner et Griveaux, ont servi cet infâme brouet pour compenser la soi-disant unanimité autour de l’économie de marché. C’est ainsi que Macron est apparu car la gauche et la droite ne se différenciaient guère sur le plan économique. Le patronat applaudissait des deux mains.

Les gilets jaunes ont brisé cette belle unanimité des politiciens en rappelant que les pauvres peuvent relever la tête et faire vaciller le pouvoir. Les problématiques de justice sociale, de répartition égalitaire des richesses n’ont pas disparu des radars de la contestation. La révolte des périphéries couplée à la révolte citadine car les pauvres en ville existent aussi, permet ainsi une lecture du conflit de classes actuel.

Donc les camps dits progressistes et populistes ne sont plus seuls en lice, le camp des gilets jaunes abstentionnistes est présent avec un peu d’avance sur les élections.

Patoche (Groupe libertaire Jules Durand)

Nos solutions, c’est à la base qu’on les trouvera

Le mouvement des gilets jaunes exprime le ras-le-bol d’une classe  qui n’en peut plus d’être taxée,  exploitée, méprisée  par un pouvoir toujours plus déconnecté de la réalité, toujours plus arrogant envers les faibles, toujours plus favorables  aux puissants de ce monde. Depuis le 17 novembre, les actions de blocages économiques, routiers, des centres de la grande consommation… se multiplient partout en France. L’objectif est de frapper au porte-monnaie les puissances de l’argent pour faire plier un pouvoir politique qui leur est acquis. L’un des objectifs  du mouvement est de redonner le plus rapidement possible le pouvoir de décision au peuple, par le peuple et pour le peuple, un pouvoir qui lui revient pleinement de droit.  C’est la recherche  d’un pouvoir populaire où la fraternité et la bienveillance se côtoieraient, où les problèmes sociaux, humains et environnementaux  trouveraient  des réponses naturelles et simples, soucieuses de préserver le bien-être de chacun et celui de notre patrimoine commun – et celui-ci inclut notre environnement. Impossible d’attendre que la solution vienne d’en haut, ni de l’actuel débat. Les directions politiques, financières et industrielles, qui gouvernent aujourd’hui notre pays seront toujours incapables de résoudre à notre place des problématiques sociales et environnementales que, bien souvent, elles n’entendent et ne voient même pas. La solution est en nous-mêmes, en nous les travailleurs, les chômeurs, les retraités. Le mouvement des gilets jaunes doit trouver ses solutions à la base et non du sommet à la base.

le Libertaire Janvier 2019 (1)