Les contre-vérités de François Hollande

Dans un entretien accordé au journal Le Monde en date du samedi 1^er mars 2025, l’ancien président P.S. de la République lance une charge contre les pacifistes et en profite pour effectuer quelques amalgames. Ainsi il affirme : « Vouloir la paix pour la paix, c’est être sûr d’avoir la guerre. On en a déjà fait l’expérience. » Mais aussi : « L’extrême-droite est toujours pour la paix à n’importe quelle condition. L’histoire l’a montré. »

C’est du lourd ! D’autant que ses affirmations ne sont basées sur aucun exemple. Il faudrait le croire sur parole. L’extrême-droite serait donc pacifiste. C’est vrai qu’Hitler, Mussolini, Franco, Pinochet et tant d’autres étaient certainement pacifistes, ce qui bien évidemment nous a échappé. François Hollande semble oublier que l’extrême-droite est nationaliste donc belliciste, ce qui est tout le contraire de pacifiste. En France et en Algérie, l’O.A.S. était pacifiste ?

Les fondements idéologiques de l’extrême-droite reposent essentiellement sur:

• La politique du bouc émissaire en utilisant le rejet de l’étranger, du différent (hier l’antisémitisme, aujourd’hui le rejet de l’immigration et notamment des musulmans);
• Une rhétorique antisystème ; c’est pour cela que l’on peut classer Trump et Vance aux Etats-Unis à l’extrême-droite tout comme les militants de Reconquête en France ou ceux de l’Afd en Allemagne etc. ;
• Un projet autoritaire avec une hypertrophie de l’autorité (Etats-Unis, Russie, Hongrie, Argentine et bon nombre de pays dans le Monde).

Ainsi le pacifisme et l’antimilitarisme ne font pas partie de l’ADN de l’extrême-droite. Prétendre le contraire est une contre-vérité destinée à marginaliser les authentiques défenseurs de la paix. Les anarchistes le disent depuis longtemps : « c’est en temps de paix que l’on peut préparer la paix, après c’est trop tard ». Et si tu veux la paix, prépare la paix. Mais pour Hollande, préparer la paix pour la paix, c’est nous conduire à la guerre. Nous pourrions affirmer que ceux qui préparent la guerre obtiennent toujours la guerre. Et que la guerre est un bon moyen, l’histoire nous l’a montré, pour paraphraser Flanby, de sauver un capitalisme en crise. Et à l’attention de François Hollande, la figure tutélaire du socialisme français et du pacifisme avait pour nom Jean Jaurès. Il paya ses positions pacifistes de sa vie. Et quand Hollande appelle à l’union nationale, nous lui disons au nom de l’histoire que l’union sacrée, c’est la guerre, de sinistre mémoire.

C’est vrai que le discours pacifiste est difficilement audible aujourd’hui quand on voit les discours de Trump et Poutine s’aligner. Quand on voit les horreurs commises au Soudan, en Palestine et sur de nombreux points du globe. Si on ajoute à cela, le dérèglement climatique, on a l’impression de marcher sur la tête.

Les médias, à juste titre, rendent compte en boucle de l’interview-piège de Trump et Vance contre Zelensky. C’était odieux. Les politiciens de gouvernement se servent de cet épisode pour demander davantage de dépenses de défense stipulant que le président américain n’était plus notre allié.

Cependant, il est nécessaire de faire un point sur les forces en présence. Il faut aussi tenir compte que des enjeux économiques minent le débat et que de mirobolants profits sont susceptibles d’attirer les requins de la finance via les usines d’armement.

Entre 2021 et 2024, les dépenses de défense totales des États membres de l’UE ont augmenté de plus de 30 %. En 2024, elles ont atteint quelque 326 milliards d’euros, soit environ 1,9 % du PIB de l’UE. Trois pays se distinguent par leur budget consacré aux armées. Il s’agit de l’Allemagne, du Royaume-Uni et de la France, avec respectivement 97,686, 82,107 et 64,271 milliards de dollars dépensés en 2024, selon les estimations de l’Otan. Ces trois puissances sont suivies par la Pologne, l’Italie et l’Espagne.

C’est dire que les dépenses d’armement sont déjà conséquentes depuis quelques années.

Parallèlement, au 1er janvier 2024, la population de l’Union européenne (UE) est estimée par Eurostat à 449 millions d’habitants. Elle se classe derrière l’Inde (1 425 millions) et la Chine (1 408 millions), mais devant les États-Unis (340 millions). Et loin devant la Russie.

Les dépenses militaires de la Russie ont augmenté, elles, de 24 % pour atteindre un montant estimé à 109 milliards de dollars en 2023, soit une augmentation de 57 % depuis 2014, année de l’annexion de la Crimée par la Russie. En 2023, les dépenses militaires de la Russie ont représenté 16 % des dépenses totales du gouvernement et son fardeau militaire (dépenses militaires en pourcentage du Produit Intérieur Brut) s’est élevé à 5,9 % du PIB. (Sources Sirpi).

En termes d’économie, le Kremlin a dépensé l’équivalent de 320 milliards de dollars depuis le 24 février 2022, soit 320 millions de dollars par jour. L’année 2022 avait été marquée par une récession du fait de l’assaut contre l’Ukraine. Mais depuis près de trois ans, l’effort de guerre est devenu le principal moteur de l’économie russe, devenue très dépendante aux investissements liés au complexe militaro-industriel. Pour 2024, le budget russe pour la défense et de la sécurité dans son ensemble s’est élevé à environ 8,7% du PIB, selon l’autocrate Vladimir Poutine, une première en Russie depuis la chute de l’URSS en 1991.

A titre de comparaison démographique, en 2024, la population de la Russie s’établissait à environ 143,8 millions d’habitants, sans inclure la population des régions ukrainiennes occupées : Crimée, Donbass…

On constate donc que la population russe est bien inférieure en nombre à celle des Européens et de loin. A cela, il faut dire que la durée de vie des Russes ne dépasse guère les 60 ans pour les hommes.

On entrevoit une nouvelle course européenne à l’armement pour contrer Poutine et afin de moins dépendre des USA pour la défense européenne. Mais les budgets consacrés aux armées européennes sont bien supérieurs à ceux de la Russie. En résumé, la population européenne est la triple de la population russe et les dépenses sont supérieures.

Là où les politiciens nous bernent, c’est qu’ils raisonnent en pourcentage de PIB. Les Français ne consacreraient que 2% de leur PIB à la défense, les Anglais 2,5%…comparativement aux Russes qui consacreraient aux alentours de 10% de leur PIB aujourd’hui. Mais à aucun moment, ces politiciens ne mettent en perspectives les dépenses cumulées des 27 pays de l’U.E.et qui sont bien plus grandes que celles de la Russie.

L’analyse en cours sur le plan international, c’est de constater la montée des autocraties avec des chefs qui s’entourent de collaborateurs-vassaux qui prônent le culte de la personnalité et vont dans le sens du poil du guide suprême. On voit ainsi un Elon Musk s’en prendre à la démocratie étatique, trop lente à son goût et qui mérite d’être dégraissée. Et de faire des courbettes à Trump pour passer en force.

Trump qui se comporte dans le meilleur des cas comme un larbin de Poutine, au pire comme un agent du kremlin.

Pour les libertaires, plusieurs axes s’offrent à nous pour défendre la paix. Dire non aux dépenses militaires qui ne serviront qu’aux impérialistes français, aux marchands de canon et aux spéculateurs. Arrêter les privatisations et la disparition des services publics ; améliorer le système des retraites par répartition et tous les services utiles à la population. Appeler au boycott des produits américains, notamment ceux qui sont mauvais pour la santé : chips Lay’s, ketchup Heinz, Snickers, coca cola etc. Aux consommateurs de mettre des pastilles sur tous les produits américains en vente en Europe, au Canada etc. Ne plus acheter de Tesla afin de renvoyer Musk aux poubelles de l’histoire avec son salut nazi.

Une mobilisation des travailleurs, des militants sur le plan européen pour des appels au boycott des produits américains serait des plus efficaces pour invalider la stratégie de Trump de travailler avec Poutine. C’est aussi une aide directe et pacifiste aux camarades ukrainiens.

Bref l’imagination doit être au pouvoir et à nous de jouer aux empêcheurs de guerroyer…en paix.

Patoche (GLJD)