
La C.G.T. et 8 Mars 2025
C’est fini ! Ni invisible, ni précaire, ni exploitée pour soigner
Nous, les femmes, qui soutenons la vie, disons que c’est assez et descendons dans la rue pour exiger l’autonomie, la justice sociale et l’abolition d’un système qui nous opprime. Nous mettons le soin au centre de nos vies et de notre lutte, car sans lui, il n’y a pas de vie, pas d’économie et pas d’avenir. Le système cis-hétéropatriarcal et capitaliste nous a exploitées en nous faisant assumer la responsabilité du soin, en le rendant invisible et en le reléguant aux femmes et aux identités féminisées. Ce système est soutenu par une division injuste : tandis que certaines produisent des biens et des services, beaucoup d’autres sont contraintes de subvenir à leurs besoins par un travail reproductif et de soins, sans rémunération, sans droits, exploitées, précaires et sans reconnaissance sociale. Sous prétexte d’amour et d’obligation socioculturelle, le capitalisme s’approprie notre travail pour garantir le travail futur sans en assumer les coûts.
Nous refusons de continuer à réaliser tout le travail de « CARE » seules, exploitées, précaires et invisibles.
NOUS EXIGEONS :
Les soins comme droit fondamental : Un système de soins public, universel et gratuit qui garantit tous les droits à ceux qui soutiennent la vie.
Des conditions de travail décentes également dans le secteur des soins : des salaires équitables, des conventions collectives, la stabilité de l’emploi et l’accès à la grève pour tous les travailleurs du secteur, y compris l’élimination de l’écart entre les sexes en matière de retraites et la reconnaissance économique et sociale de ceux qui ont consacré leur vie aux soins.
Accès à un logement décent : Des politiques de logement abordables et équitables et un accès aux biens de première nécessité face à la crise du logement.
Protection contre toute crise : Mesures de protection dans les moments critiques, car les guerres, les crises économiques ou les catastrophes naturelles, comme le DANA à Valence, affectent de manière disproportionnée les femmes et les personnes en situation de vulnérabilité.
Depuis la CGT espagnole, nous exigeons également la fin de la précarité structurelle qui nous condamne à l’exploitation et aux inégalités :
- La fin de la division sexuelle du travail et de l’écart entre les salaires et les retraites.
- Élimination de tout type de violence contre les femmes, les dissidents, les LGTBIQA+…
- Éradication des préjugés sexistes en santé au travail et élimination du sexisme sous toutes ses formes et manifestations.
- Abrogation de la réforme du travail et des retraites qui nous condamne à travailler au-delà de nos capacités.
- Abrogation de la loi bâillon.
- Établissement d’un revenu de base égalitaire et réduction de la semaine de travail à 30 heures.
- Visibilité et représentation égalitaire des femmes et des personnes non binaires dans tous les domaines.
- Une société non capacitiste et inclusive avec une diversité fonctionnelle et des corps non normatifs.
- De véritables politiques de mixité, de formation et de sensibilisation à l’égalité.
- Régularisation de tous les migrants et abolition de la loi sur l’immigration. Fermeture des CIE et fin des expulsions
- Mesures urgentes pour faire face à l’urgence climatique.
Nous élevons nos voix contre les guerres et les génocides qui déchirent les communautés, les peuples et les territoires. Nous exigeons la fin immédiate de toutes les actions guerrières, menaces qui ciblent particulièrement les femmes, les filles et les personnes non binaires. Nous condamnons toutes les formes de violence qui menacent la diversité et réaffirmons notre engagement en faveur d’un féminisme inclusif et transformateur qui change les consciences et construit un monde libre, juste et égalitaire.
Nous mettons la vie de tous au centre de nos préoccupations, en brisant les barrières et en construisant des ponts de solidarité.
Parce que nous avons plus que suffisamment de raisons de continuer à lutter et à construire un monde meilleur pour tous !
ENSEMBLE NOUS SOMMES PLUS FORTS
LA LUTTE DANS LA RUE NOUS RENDRA PLUS LIBRES
NOUS NOUS SOUCIONS DE LA VIE, NOUS NOUS SOUCIONS DES LIBERTÉS
CNT espagnole
Nous nous sommes habituées à vivre dans la peur . Nous vivons – ou plutôt survivons – en état d’alerte : en état d’alerte pour rentrer chez nous en vie et en bonne santé lorsque nous sortons le soir, en état d’alerte pour éviter de tomber dans une relation sexiste violente, en état d’alerte pour éviter d’être harcelées, violées, violées ou assassinées. Notre corps sait par cœur quels muscles se tendent lorsque nous entendons des pas trop proches de nous si nous marchons seules la nuit. Notre rythme cardiaque s’accélère lorsque nous réfléchissons à la manière de gérer cet oncle négligent, ce collègue négligent, ce patron négligent. Nos mains transpirent, de peur d’être renvoyées si nous ne sourions pas assez, si nous ne sommes pas assez conciliantes, si nous ne sommes pas assez soumises. On s’essouffle quand on pense au moment où l’entreprise apprendra que nous sommes enceintes. Nous nous noyons lorsque nous ne savons pas à qui confier nos filles pendant que nous travaillons des journées marathon dans des conditions précaires, sachant, de plus, que nos retraites seront inférieures à celles des hommes.
Nous sommes tellement habituées à vivre dans la peur que la peur fait déjà partie de nous. Et ce n’est pas étonnant : jusqu’à présent cette année 2024, 82 femmes ont été assassinées (1). En Espagne, 14 viols sont signalés chaque jour, soit un toutes les deux heures ; et 55 agressions sexuelles par jour, soit plus de deux toutes les heures. Ces attaques continuent d’augmenter, selon le Rapport sur la criminalité intérieure, qui indique une augmentation de près de cinq points par rapport à 2023 (2). A cela s’ajoute, et ce n’est que la pointe de l’iceberg, d’autres formes structurelles de violence que nous vivons au quotidien : la difficulté d’accès à l’emploi, la précarité des secteurs féminisés (nettoyage, travail de soins, etc.), l’abus du travail temporaire, la réduction des horaires de travail due au fait que les personnes assument plus de tâches de soins que les hommes, l’impunité des auteurs et le manque d’indemnisation des victimes, la remise en question de nos histoires, les abus sexuels sur mineurs et la sexualisation des enfants, la violence contre les mères, les coupes dans les retraites et dans la santé et l’éducation publiques, des lieux qui devraient être sûrs où se produisent quotidiennement des agressions sexistes, et, comme si cela ne suffisait pas, la répression : nos camarades de La Suisse, de la CNT Xixón, condamnées à la prison parce qu’elles étaient syndicalistes, pour avoir soutenu une travailleuse en lutte pour de meilleures conditions de travail. En ce jour, nous commémorons la violence sexiste contre les femmes afghanes, palestiniennes et kurdes. Leur résistance est un espoir pour toutes.
Pour tout cela, nous disons oui, nous avons peur, mais la peur ne nous sauve pas. Notre peur a cédé la place à la colère et à la joie organisées avec nos camarades de la CNT. Notre peur est devenue un moteur de changement, une réaction contre le patriarcat et le capital qui nous étouffent. À la CNT, nous savons qu’ensemble nous pouvons nous défendre contre l’assaut d’un marché du travail impitoyable et qu’ensemble nous pouvons nous protéger des agresseurs sexistes à l’extérieur de nos espaces, et aussi à l’intérieur, car nous sommes des femmes qui prenons soin des femmes. À la CNT, nous rêvons et construisons des mondes sans violence sexiste, et à cause de tant de peur, presque plus rien ne nous fait peur.
Ils veulent que nous soyons seules et effrayées, ils nous ont rassemblées et organisées.
1 https://feminicidio.net/liste-des-feminicides-et-autres-meurtres-de-femmes-commis-par-des-hommes-en-espagne-en-2024/
2 https://efeminista.com/2024-data-spain-violations/