
Nous assistons à une accélération des crises climatiques avec une intensité de plus en plus importante qui engendre des pertes humaines et des dommages économiques et sociaux de plus en plus coûteux. Il faut de même avoir à l’esprit que l’Europe se réchauffe deux fois plus vite que la moyenne mondiale. Pourtant le gouvernement se lance dans une fuite en avant et fait du surplace et c’est reculer que d’être stationnaire comme le disait une célèbre chanson anarchiste. Parallèlement sous l’effet des activités humaines les crises écologiques se font plus nombreuses : canicules et sécheresse, inondations, tornades, pollutions etc.
Ces pollutions qui participent à la dégradation et la transformation de la biosphère attaquent aussi la santé des gens notamment des enfants qui sont lentement empoisonnés et exposés dès la vie in utero à des substances nocives. La qualité de l’air qu’ils respirent, la nourriture qu’ils consomment (cf notre article sur le cadmium)…tout est altéré et contribuent à une mortalité importante (40 000 décès par an à cause de la pollution atmosphérique) et une hausse des cancers et autres dommages collatéraux.
Vient s’ajouter à cela une nouvelle entrée de pollution : la pluie, qui devient ainsi un nouveau mode de contamination.
Une étude japonaise révèle la présence de néonicotinoïdes, dont l’acétamipride, dans 91% des échantillons prélevés. On constate que les pesticides entrent dans le cycle de l’eau.
Ainsi Jean-Marc Bonmatin explique le cheminement qui mène les particules d’insecticides à retomber avec la pluie : « C’est le cycle de l’eau, avec l’évaporation, plus précisément le mélange de l’eau qui s’évapore avec les polluants. Ensuite, le mécanisme de condensation, c’est-à-dire qu’une fois que le nuage est formé, les gouttelettes se forment, et là aussi, c’est une possibilité de récupération des polluants atmosphériques. Enfin, la précipitation, où les gouttelettes qui tombent peuvent solubiliser les polluants, en particulier les néonicotinoïdes. » L’étude japonaise démontre aussi comment l’atmosphère est également contaminée par les néonicotinoïdes, montrant « qu’on ne maîtrise pas le devenir des insecticides ».
Il ne faut donc pas s’étonner au regard des différents types de contaminations que les cancers pédiatriques augmentent mais ils ne sont qu’une partie du drame: malformations congénitales, troubles du développement, perturbations endocriniennes, maladies chroniques… Les liens entre l’exposition aux pesticides — notamment pendant la grossesse — et ces pathologies sont aujourd’hui solidement recensés et établis par la science.
Jusqu’à présent, nous nous cantonnions à dénoncer la pollution dans les sols par les eaux de ruissellement mais là avec cette étude japonaise récente, vient s’ajouter la contamination par la pluie qui se diffuse sur de plus grandes distances et au gré du vent: « À partir du moment où l’on traite une surface agricole, on savait qu’il y avait des diffusions dans le sol et par ruissellement, provoquant la contamination des champs alentours, jusqu’aux petites mares, aux rivières, les fleuves et les estuaires. Donc, on savait qu’au niveau du sol, il y avait une dissémination de ces pesticides à large échelle, c’est-à-dire que lorsqu’on traite un champ, c’est toute la zone qui est contaminée, éventuellement le département et même la région. Mais là, avec les nuages, c’est à beaucoup plus grande distance que la contamination peut se faire. » Le fait que les molécules d’insecticide soient contenues dans les nuages avant de tomber sous forme de pluie rend le rayon d’impact beaucoup plus important, puisque les particules polluantes peuvent retomber aussi loin que vont les nuages. Or, même si ces molécules se dégradent légèrement, elles restent très toxiques.
Toutes les contaminations concernent toute la population, impactant de même les agriculteurs, les maraichers, les fleuristes… Ces professionnels sont souvent les plus exposés car aux premières loges et ils développent eux aussi des pathologies graves liées aux pesticides.
Nous ne pouvons plus accepter que cela devienne la norme, que le fatalisme l’emporte. Ce système politique qui autorise encore des substances dangereuses, écarte les alertes sanitaires, et piétine le principe de précaution, au détriment de la santé de tous et toutes.
Notre rôle de militant est de servir de lanceur d’alerte et de tenter de protéger les plus vulnérables notamment les enfants et les jeunes. Il nous faut s’appuyer sur les études scientifiques fiables et contrer les revendications de certains lobbys .
La loi Duplomb est bien là.
Elle serait même une priorité gouvernementale pour calmer la colère des gros céréaliers de l’agrobusiness. Si cette loi passe, elle s’inscrira dans une régression sanitaire. Réautoriser l’acétamipride, un pesticide néonicotinoïde dangereux pour le développement cérébral des enfants et destructeur de biodiversité serait un véritable coup dur pour la santé des insectes, invertébrés et par voie de conséquence pour notre santé.
Dans un contexte où la contamination aux pesticides est massive et bien documentée, alors que les alertes scientifiques se multiplient, que les pratiques agricoles alternatives sont réelles et solides, cette loi Duplomb est absolument intolérable et amorale.
Pour les humains, il a été prouvé que les néonicotinoïdes avaient « des effets de perturbateurs endocriniens », de ceux qui peuvent affecter le neurodéveloppement du fœtus, donc la formation du cerveau, provoquer certains cancers, engendrer des maladies rénales chroniques chez les plus âgés, parce qu’on les retrouve partout dans le corps et assez longtemps. De nombreux scientifiques et médecins ont écrit aux divers ministres de l’Environnement, de l’Agriculture, de la Santé, pour leur dire qu’il ne fallait pas réintroduire les néonicotinoïdes en France.
Les libertaires n’ont aucune confiance envers les politiciens qui ne voient que leurs intérêts immédiats et de carrière. Ce sont des menteurs compulsifs. Nous faisons davantage confiance à l’action directe, celle qui comme à Sainte Soline a mis à l’ordre des débats les mégabassines. Il faut mettre à l’ordre du jour toutes les contaminations dont nous pouvons être victimes. Dans vingt ans, il sera trop tard et des dégâts irréversibles auront été occasionnés pour le profit d’une minorité et la lâcheté d’un grand nombre.
Bruno (GLJD)