L’endettement, pilier du système

Le salarié de condition modeste est l’otage du crédit, cette forme moderne de l’usure.

Dans les pays du Tiers-Monde (dits émergents, en voie de développement…), quantité d’ouvriers non seulement travaillent mais vivent avec leur famille sur les terres d’un patron, y passant même souvent leur existence entière. C’est à leur employeur qu’ils paient le loyer de leur misérable logement, et toutes les marchandises dont ils ont besoin sont achetées dans des commerces lui appartenant. Ainsi le salaire versé revient finalement à sa source avec bénéfice. L’employeur, par le crédit, pousse ses ouvriers à s’endetter de telle sorte que, fréquemment, une vie entière de labeur suffit à peine à s’acquitter des dettes accumulées. Aussi le travailleur est-il la plupart du temps lié à son patron.

C’est le crédit de la pénurie, qui se nourrit de la pauvreté des salariés.

Autre chose est le système en usage dans les pays économiquement « avancés ». Le crédit s’y épanoui, par l’aisance (toute relative) des consommateurs. En créant sans cesse de nouveaux besoins, le système maintient le salarié-client en état de dépendance économique permanente. Pas moyen d’y échapper ! Quel jeune ouvrier pourrait payer comptant son mobilier, l’électroménager, la voiture, le smartphone, la TV grand écran etc. Sans compter l’éventuel achat d’une maison ou d’un appartement. L’endettement est devenu de nos jours une obligation pour bon nombre de jeunes couples (pour les moins jeunes idem), et cela même s’ils n’ont pas contracté la folie des grandeurs.

C’est que l’endettement du citoyen représente – entre autres avantages – une fameuse garantie de paix sociale. La crainte du licenciement, du chômage qui pourrait sérieusement perturber un équilibre budgétaire déjà assez précaire pousse les travailleurs à ne rien faire qui soit de nature à mécontenter le patron. D’où une réticence de plus en plus prononcée à militer ou même à s’engager dans le mouvement syndical…entre autres raisons s’entend. Les revendications salariales sont au premier rang des revendications des travailleurs aujourd’hui.

Allez donc demander à un salarié partagé entre la crainte du chômage et le besoin de gagner toujours plus pour faire face à ses engagements de faire grève, de revendiquer contre les horaires de travail trop élevés et les heures supplémentaires et de s’opposer au travail de nuit, dominical ou au noir ! Combien ne doivent qu’à ces « extras » de pouvoir « tourner » ?

Près de 586 000 personnes en France ont été reconnues en situation de surendettement en 2023, selon l’enquête annuelle de la Banque de France, publiée en février 2024. Quand on analyse bien la situation, on constate que ce sont les plus précaires qui sont les plus touchés par le surendettement. Ce dernier  continue de toucher davantage les femmes, les personnes seules, les familles monoparentales, les personnes en recherche d’emploi, les employés ou les ouvriers.

Le crédit est bien le moyen le plus astucieux imaginé par le capitalisme pour enrichir les plus riches et appauvrir les plus pauvres.

Dans la société capitaliste, où l’on ne raisonne qu’en termes de profit, l’individu n’est considéré qu’en tant que client potentiel.

Contre l’économie de profit, basée sur le crédit et la spéculation boursière, tous les « remèdes miracles » proposés dans le cadre du système établi ne seront jamais qu’emplâtre sur une jambe de bois. Seule l’autogestion distributive libertaire permettra de libérer les travailleurs de la société de consommation.

A.P et Ty Wi