Tableau sombre
Guerre en Ukraine, guerre en Palestine, au Sahel…droits des chômeurs en berne, remontée du chômage, montée de l’intolérance et de l’extrême-droite, école à deux vitesses, services de soins à la dérive, services publics qui s’ubérisent, dérèglement climatique, misère qui s’accroît…On se sent de plus en plus étranger à ce monde qu’on nous impose. Avec les guerres en cours, nous sommes dans une actualité de feu et de sang. Nous n’avons que peu de prises sur les événements en cours, hormis quelques manifs et coups de gueule ; certains nous accusent de complicité, de voyeurisme ou d’être de simples spectateurs des crises ambiantes. Ces mêmes accusateurs qui ont fait le choix de prendre parti pour tel et tel camp. Ils sont tranchés dans leurs positions alors que nous sommes retranchés dans notre paralysie. Mais les ennemis de nos ennemis ne sont pas pour autant nos amis. Tous ces aboiements renforcent la morosité ambiante par ces jours pluvieux sans fin. Les idées les plus réactionnaires ont maintenant pignon sur rue. L’extrême-droite défile contre l’antisémitisme. Autres temps, autres mœurs. La droite dite républicaine s’embourbe en courant après les idées nauséabondes des identitaires. Elle est tombée dans le piège tendu par le R.N, Reconquête et Horizons. Elle est condamnée à rejoindre l’extrême-droite ou Horizons d’Edouard Philippe. Avec la loi sur l’immigration, les instincts les plus triviaux reviennent au galop ; ils font même l’objet de programmes politiques, c’est dire que les politiciens sont tombés bien bas. Mais nous savons que la lutte des places est leur leitmotiv. On légifère pour mieux repousser les étrangers. Pendant ce temps le ministre de la justice est condamné, encore un politicien prit dans les rets des turpitudes. On pleure sur les pauvres qui sollicitent le secours catholique, le secours populaire, les restos du cœur, organismes qui croulent sous les demandes et qui ne peuvent plus faire face. Dans un consensus démocratique mou, on entre dans le dur du sujet : la parole dérape, les violences s’exacerbent…Les ressorts idéologiques sont connus : bigoteries religieuses, autoritarisme, violences policières, hiérarchie et domination, inégalités économiques et sociales, manque de courage pour freiner les lobbys…Les instruments d’oppression non seulement se maintiennent mais tendent à se renforcer. Contrôle social par-ci, contrôle des chômeurs par là…le gouvernement au service du capital est là pour conserver les privilèges de la petite minorité qui aime tant s’enrichir et faire des profits. Les capitalistes font les lois qui les servent. Ils peuvent s’enrichir en toute légalité.
Parallèlement, marxistes-léninistes, religieux intégristes et fascistes se présentent comme un recours aux désordres du monde. Leur terre promise, ils peuvent la garder. En réalité, leur capitalisme, d’Etat ou pas, représente leur fin de l’histoire à savoir que le capitalisme représente in fine l’alternative au capitalisme. Passivité des masses, leaders boostés, les instincts remplacent les idées. Les militants de Reconquête vocifèrent, les militants d’extrême-gauche se déchirent ; nous assistons à une carence de propositions alternatives des politiciens.
De jeunes écologistes, des scientifiques s’inscrivent dans une réflexion qui se met en mouvement. C’est enfin une lueur d’espoir, du concret. C’est une pensée en action qui renoue avec la pratique des syndicalistes révolutionnaires du début du siècle dernier, ceux des Bourses du Travail. Bien sûr, certains essaieront de récupérer cette réflexion en action. En tant que libertaires, nous ne pouvons que nous inscrire que contre toute forme de récupération politicienne. Cette pensée est le fruit d’expériences et de données scientifiques incontestables. Elle n’est ni hiérarchisée, ni monopolisée, ni messianique. C’est une parole sans dieu sans maître et nous espérons sans contremaître. Nous manquons d’utopie dans un monde dont l’avenir est incertain, ne serait-ce qu’au regard du réchauffement climatique et de ses conséquences. Les libertaires seront présents dans la construction d’une société en perpétuelle changement, à condition qu’elle soit basée sur un autre rapport au travail, sans domination ni exclusion, avec davantage de cohérence et d’égalité.
Nos rêves ne se trouvent pas dans les urnes mais loin des marécages politiciens des fascistes bruns ou rouges, loin des réactionnaires et des religieux. Nous voulons un autre futur loin des technocrates, des fauteurs de guerres, des professionnels de la politique politicienne, du marigot des gourous.
Vieillir, ce n’est pas prendre de l’âge, c’est de perdre son idéal.
Patoche (GLJD)