Les climato-sceptiques sont à la solde de qui ?
C’est plus facile de consulter un site complotiste en ligne que d’ouvrir des livres traitant de l’anarchisme bien que ces derniers soient lisibles par le plus grand nombre. D’où la difficulté aujourd’hui de faire connaître nos idées. La prégnance de l’univers complotiste très proche de l’extrême-droite impressionne. Les complotistes tissent leur toile sur internet. Leurs thèses deviennent une baguette magique qui fait sembler paraître vrai ce qui est impossible. Leurs mots inondent tout, tel un langage populaire à large spectre. Ils se prennent les uns pour des prophètes, les autres pour des prêtres officiant pour leur paroisse. Finalement le complotisme est une religion comme les autres. Des offrandes de thèses, des gestes épistolaires et des voix qui s’élèvent pour retranscrire l’invraisemblance en vraisemblable. Comme pour le religieux, on prend pour argent comptant. On ne vérifie pas un dogme, on l’admet sans discussion. Le complotisme, c’est la réinvention de soi à travers les passerelles entre les uns et les autres, pourvu qu’on soit du même monde de menteurs. On communie avec le mensonge pourvu qu’il soit crédible. Les croyants s’emmurent et s’évertuent à rester entre eux, ceux qui ont la connaissance dont il est difficile de s’en départir, telle une secte qui empêche d’éclore la personnalité de tout individu. Leur vérité se met à rayonner quand on parle d’eux. Tout ce qui aurait dû les opposer les rapproche ; chacun accepte la version patentée par les gourous de tel ou tel complot. A chaque nouveau converti, le ballet des fausses idées se chorégraphie et se multiplie. L’esprit critique est démantelé, combattu et gare à l’apostasie. Les gourous inventent un langage-filtre qui enfume les esprits pour mieux les contrôler. Il nous devient de plus en plus difficile de lutter contre cette nouvelle religion. Pour preuve, le consensus scientifique à propos du réchauffement climatique est battu en brèche par les climato-sceptiques. On constate en ce moment-même une vague de chaleur inédite pour un mois de septembre et cela coïncide avec un regain de climato-scepticisme. Le dérèglement climatique tue. Son déni aussi car travestir la réalité aggrave de fait la situation de millions de personnes. Etonnant, non ! Comme disait Desproges dont l’impertinence et l’humour nous manquent tant.
A l’autre bout du spectre des philosophes, des anthropologues qui fleurent bon l’université et la connaissance. Pour eux, « toute tentative pour créer un éthos véritablement égalitaire sur la base des principes de la déférence formelle est en dernière analyse vouée à l’échec ». C’est beau. La formulation est brillante ; certains diront abstraite. Nous ne sommes plus dans le complotisme mais dans le ronronnement des opinions. A-t-on perdu l’art de nouer le savoir et sa compréhension ? Comment prendre en compte de manière simple et explicite les questions qui taraudent les militants depuis deux siècles. Des brèches s’ouvrent mais il faut agir vite car elles se referment rapidement sous les coups de nos ennemis. Il nous faut écrire dans une forme libre, vagabonde ; ce qui nous intéresse, c’est de capter la singularité d’un regard, la singularité d’un individu qui pourrait nous ouvrir de vastes horizons et faire découvrir d’autres univers que ceux qui nous sont imposés. Ainsi des fenêtres s’ouvrent vers d’autres formes possibles d’existence sociale. A nous de les ouvrir davantage. Des fenêtres grandes ouvertes vers un autre futur où le rationnel primera sur le non-sens, les dogmatismes, les fake-news…
Ti Wi (GLJD)