La liberté des libertaires

Liberté

Ce à quoi les économistes font référence lorsqu’ils parlent de liberté, c’est la liberté de faire des affaires, de gagner de l’argent. Les affaires sont les affaires disait Octave Mirbeau. Ce à quoi les politiciens font référence lorsqu’ils parlent de liberté, c’est la liberté de voter pour un parti ou un autre. Pour eux, l’important c’est de voter, c’est la délégation de pouvoir. Ces libertés sont les conditions et les exigences de l’esclavage réel. Qu’est-ce que la liberté ? La liberté est le plein développement de l’autonomie et de la créativité humaines, sans interférence ni tutelle en dehors de la volonté des individus. Et s’il y a ceux qui acceptent réellement les hiérarchies, les ingérences et la tutelle, c’est leur droit ; ce qu’ils n’ont pas le droit de faire, c’est de les imposer à ceux qui les rejettent. Mais ce qui caractérise la hiérarchie est son caractère expansif et omniprésent, englobant tout ce qui est humain, mais aussi de la nature… Elle ne laisse donc aucune décision aux individus, Rien ni personne ne peut y échapper. La hiérarchie ne peut accepter des poches de liberté, de résistance, sans renoncer à elle-même, sans assister à sa décomposition. C’est un régime totalitaire, aussi démocratique soit-il. Il n’y a personne en dehors d’elle.

Selon un cliché répandu favorable aux intérêts de l’autorité, la liberté de l’un prend fin quand celle de l’autre commence. Ceci, en réalité, fait de l’individu le gendarme volontaire de ses semblables. La liberté est ici comprise dans un sens fermé et univoque – une contradiction conceptuelle. C’est conçu comme si chacun possédait son propre terrain de liberté, comme la propriété privée.

D’un autre côté, Bakounine a déclaré que plus ceux qui l’entouraient étaient libres, plus ils le seraient et vice versa. La liberté est une relation sociale réciproque, qui s’étend ou se contracte selon la personne en présence. Plus la société, dans son ensemble, est libre, plus l’individu, sa partie, est libre.

Cependant, nous sommes loin du compte. En dehors du concept philosophique, la réalité nous rattrape. La pauvreté alimentaire fait son grand retour en France et l’on sait qu’on ne peut être libre si on ne peut pas se loger décemment, pas se nourrir correctement, pas étudier, pas se soigner…

Sous couvert de la guerre en Ukraine, du réchauffement climatique, des défaillances dans les échanges suite à la Covid…les grandes marques de l’agro-alimentaire augmentent leurs marges aux dépens des travailleurs et des chômeurs les plus pauvres. L’insécurité alimentaire est bien présente ; elle est due à une hausse des prix de plus de 21% sur deux ans. Les restos du cœur, le Secours populaire…sont dans le rouge et ne peuvent plus répondre à la demande qui croît. Ce sont les coûts en augmentation qui seraient répercutés par les sociétés de l’agro-alimentaire. C’est un gros mensonge car les coûts n’ont pas augmenté d’ autant et il suffit de regarder les marges que se font ces sociétés pour constater que l’effet d’aubaine est bien présent. Une véritable honte pour des cyniques qui ne doivent malheureusement guère en éprouver.

Nous le répétons souvent : le poids des consommateurs associés dans une démarche de boycottage serait d’une efficacité redoutable. Mettre à l’index un produit ne coûte rien au consommateur ; par contre il peut faire plier les spéculateurs, ces prédateurs qui profitent de la situation sans gêne. Leurs profits sont en totale déconnexion avec la réalité sociale que vivent les plus démunis. Ne plus acheter tel ou tel produit de manière concertée permettrait de faite chuter les prix. Contre les cyniques, nos armes sont le rapport de force, la solidarité et l’action collective.

L’incurie du gouvernement est à nouveau démontrée. Non, les prix dans l’alimentaire ne reviendront pas à leur niveau d’avant crise. L’inflation n’est pas jugulée et certains économistes la voient même s’installer encore quelques années contrairement à ce qu’avait annoncé Lemaire.

Mettre le pouvoir d’achat à l’ordre du jour quand les travailleurs étaient mobilisés pour lutter contre la réforme des retraites de Macron aurait été une action conséquente et utile. Notre prochaine lutte, en dehors de l’action climatique, devra porter sur l’augmentation des retraites, des salaires, des indemnités chômage, des bourses étudiantes…Laisser ce thème à Marine Le Pen est une grossière erreur.

D’autre part entamer un cycle de grèves saute-moutons à nouveau ne peut que nous envoyer dans le mur.

Que signifient les mots liberté ou solidarité dans la bouche des autoritaires ? C’est précisément le contraire de l’éthique libertaire: imposition de leurs choix sans concertation réelle, autoritarisme avec l’utilisation de la justice et de la police, hiérarchie, obligation de toutes sortes, intolérance – la tolérance, un autre concept que la politique et les médias ont travesti. Nous devrions entreprendre un combat pour rétablir le vrai sens de certains termes. En parallèle des combats économique et écologique, le combat culturel.

Bruno (GLJD)