Le 20 février 1926, Jules Durand mourait rue des Asiles à Rouen…
Né le 6 septembre 1880 au Havre, Jules Durand, militant anarchiste et secrétaire du syndicat des Charbonniers du Havre, fut arrêté le 11 septembre 1910 et inculpé d’incitation et de complicité de meurtre sur la personne de Louis Dongé, ouvrier non-gréviste. Le 25 novembre de la même année, Jules Durand fut condamné à avoir la tête tranchée sur l’une des places publiques de Rouen.
A ma connaissance aucune étude sur l’affaire Durand (Alain Scoff), n’a fait référence à « Vérités » l’organe de l’Union des Syndicats du Havre et de la Région, c’est pourquoi quelques aspects inédits concernant l’affaire Durand ne manqueront pas de satisfaire ceux qui se sont intéressés de près ou de loin à ce haut fait du mouvement social.
En 1910, les ouvriers Charbonniers voulaient travailler et gagner un salaire décent afin de pouvoir apporter chez eux la « bouchée de pain nécessaire » et éviter que le progrès technique appliqué brutalement ne leur supprimât leur emploi. Ils se heurtèrent aux puissants du moment : la Compagnie Générale Transatlantique (aujourd’hui la CGM), MM. Worms & Cie, Acher Proux, la Maison Rud & Remy et la Société des Houilles et Agglomérés.
Après une machination incroyable et effroyable, Jules Durand fut accusé d’avoir fait voté la mort d’un « renard » (un jaune) lors d’une réunion syndicale à la Bourse du Travail. La mort de Dongé relevait au vu et su de tout le monde d’une rixe entre ivrognes.
Condamné à mort par la cour d’Assises de Rouen, une nouvelle affaire Dreyfus, l’affaire Dreyfus du pauvre, va faire réagir le mouvement ouvrier havrais, français, et international.