Gilets jaunes: Macron, les mains sanglantes du gouvernement

Rupins Megan

Faire converger les colères !

Difficile d’analyser finement le mouvement des gilets jaunes tant il est protéiforme. Le circonscrire au poujadisme comme l’a essayé Jean-Marie Le Pen, l’homme du détail de l’histoire, serait une erreur et un manque d’honnêteté. Nous avons une espèce d’  « ovni social » que personne ne pouvait prédire ; ce qui est sûr, c’est une mobilisation des laissés pour compte. Certains militants sont un peu perdus car ils avaient l’habitude des braséros devant leur entreprise avec piquets de grève… Là, ce sont des feux de palettes sur la route, les ronds-points…des lieux inhabituels de contestation, quoique pour la loi travail, plusieurs axes routiers avaient été bloqués dont nombre de ronds-points stratégiques. Autour du feu, on discute, on refait le monde, chacun y va de ses solutions, échafaude les projets d’une société plus juste, plus égalitaire. Et puis la convivialité s’invite, l’entraide aussi. C’est surtout la remise en cause des privilèges qui est au centre des discussions. Chacun énonce ses difficultés à vivre, à finir le mois, à élever ses enfants, à prendre en charge ses parents pour les retraités…Et on se retrouve dans les manifestations car on veut prendre son destin en main et en charge les affaires publiques. Un besoin de « Tous ensemble » émerge.

Et de dénoncer cette caste politique, imbue de ses privilèges, arrogante et auto-suffisante qui n’hésite à se congratuler à l’instar du LREM Le gendre qui veut faire de la pédagogie car la politique du gouvernement est la bonne et que dans les sphères gouvernementales, ils sont trop intelligents et subtils. Sous-entendu, les travailleurs pauvres sont des cons. En plus, ils sont auto-organisés, n’ont pas de porte-paroles nationaux…C’est un peu l’autogestion des initiatives, ce qui contrarie un gouvernement qui aimerait tant avoir des interlocuteurs à amadouer, une liste électorale pour affaiblir ses concurrents…Bref, Macron et Philippe aimeraient institutionnaliser le mouvement des gilets jaunes pour mieux le canaliser et l’affaiblir.

Nous faisons face à une monarchie macronienne qui tente par tous les moyens y compris répressifs de reprendre la main pour sauver les privilèges des puissants de ce monde.

En 1789, nos aïeux ont fait la Révolution, mais ce fut une révolution non terminée puisque ce fut la bourgeoisie qui prit le pouvoir. Aujourd’hui, il est temps que cette bourgeoisie frémisse de peur et que les travailleurs exigent l’égalité économique. C’est le moment de faire converger les colères ! Cela ne veut pas dire qu’il faille se faire récupérer par les politiciens et la CGT.

 

Macron : les mains sanglantes du gouvernement

La répression policière se banalise. L’Etat et les médias placent les policiers en situation de victimes et les victimes en situation d’agresseurs. Inversion des normes. Manipulation qui ne marche pas pour ceux et celles qui sont présents lors des manifestations de gilets jaunes mais aussi ceux et celles qui étaient présents lors des manifestations contre la loi travail…

A ce jour, des centaines de blessés dont une centaine de blessés graves. Des gueules cassées comme lors de la Première Guerre mondiale : des joues déchiquetées, des mâchoires brisées, des membres tuméfiés…et une quinzaine de personnes qui ont perdu un œil. Ce ne sont pas forcément ceux qui sont au contact des forces de l’ordre lors d’affrontement qui prennent le plus ; les blessés graves sont aussi ceux qui sont présents au mauvais moment et au mauvais endroit. Des gens qui se baladent ou des gens qui manifestent pacifiquement.

Les LBD (Lanceur de Balles de Défense) mutilent tout autant que les Flash Ball qui ont été remplacés mais dont certains servent encore. Le journal « Le Parisien » avait comptabilisé 776 tirs de LBD lors de la manifestation du premier décembre 2018, dans la seule ville de Paris. C’est dire leur utilisation massive. Alors que la tête et les parties génitales ne doivent pas être visées, c’est pourtant la tête qui subit les plus gros dégâts. Alors que les LBD ne doivent servir qu’à se défendre, les policiers s’en servent aussi pour contre-attaquer et à tirer parfois dans le dos des manifestants. Le but est de faire mal et peur aux gens. Vous savez que si vous manifestez, vous pouvez être grièvement blessé et avoir votre vie foutue ! Macron, c’est la dictature light.

La police française ne cherche aucunement la désescalade des violences. Le gouvernement cherche plutôt à montrer son savoir-faire en matière de maintien de l’ordre car le marché de l’armement est juteux. L’Etat continue de s’équiper. Selon le journal Le Monde du jeudi 17 janvier, le ministère de l’Intérieur a passé commande, le 23 décembre dernier, de trois lots de LBD, pour un total de 1730 armes. Ces armes sont payées avec nos impôts ! Nous vendons aussi ces armes à l’étranger. Ce qui serait intéressant, c’est de connaître les actionnaires principaux des fabricants de LBD. Qui émarge, qui touche des dividendes  sur le dos des victimes collatérales, ou non, des manifestations de gilets jaunes ? Ces actionnaires financent-ils les campagnes électorales et lesquelles? Voilà un bon sujet d’investigation.

Aujourd’hui, selon le journaliste, David Dufresne, les policiers ont massifié le fait de viser la foule. Leur manque de formation et de perspicacité  font le reste.

Les policiers s’en tirent bien car ils obéissent aux ordres…Ils ne se posent jamais la question : « jusqu’à quel point doit-on obéir » ? C’est tout le problème de l’uniforme, celui qui le porte obéit de manière aveugle, en temps de guerre comme en temps de paix. C’est un danger pour tous les amoureux de la liberté.

Quoiqu’il en soit, le quinquennat de Macron restera marqué par le sceau du sang, celui des manifestants. Peut-il encore, ce président des riches, se regarder dans un miroir ? Certainement, car son intelligence manque d’empathie. L’intelligence, c’est de la sensibilité cristallisée. Macron est dépourvue de sensibilité ; il n’est pourvu que d’une intelligence technocratique. C’est pour cela qu’il n’aura aucune compassion avec le manifestant, père de trois enfants, qui a été placé dans un coma artificiel, à Bordeaux, lors de la manifestation du samedi 12 janvier.

Patoche (Groupe libertaire Jules Durand- Le Havre)