Gilets jaunes: le libertaire de décembre 2018

Marion

Le piège du R.I.C.

Il semblerait que le seul mot d’ordre des gilets jaunes soit maintenant le Référendum d’Initiative Citoyenne, ou RIC. Quel piège grotesque des médias et des politiciens. Les votards reprennent la main, car en quoi le R.I.C. répond t-il à la question sociale ? En rien, c’est de la poudre de perlimpinpin. Le mouvement des gilets jaunes a mis en lumière des revendications sociales comme l’augmentation conséquente (et pas des miettes) du SMIC, une hausse des salaires, des minima sociaux et des pensions. Le R.I.C. ne remettra pas du tout en cause l’organisation capitaliste de la société, il pourra même la conforter étant donné les moyens financiers dont disposent les élites. Le R.I.C. ne nous donnera aucune piste pour prendre l’argent là où il est : dans la poche du patronat. Les capitalistes exploitent éhontément les pauvres depuis des lustres et ce n’est pas le R.I.C. qui changera la donne. Le pouvoir électoral est une escroquerie et même si le R.I.C. peut paraître un progrès « démocratique », il ne sera en rien un vecteur de changement de rapports de classes. Notre seule arme, c’est le rapport de force. Le mouvement des gilets jaunes est puissant car il est décentralisé, sans leader, sans parti politique derrière. Si un des paramètres change, c’est tout l’édifice qui se casse la figure et c’est la fin du mouvement. Les travailleurs représentent le nombre face à une caste de profiteurs qui n’entendent pas se laisser déposséder de leurs privilèges. C’est pour cela qu’ils manipulent et répriment en utilisant tous les moyens à leur disposition : médias, politiciens et forces de l’ordre. Ne pas remettre en cause le système capitaliste c’est se cantonner à obtenir des miettes jusqu’au moment où le patronat et son bras armé, l’Etat, essaieront de nous remettre la bride au cou. Cette demande de R.I.C. n’a qu’un but : diviser le mouvement des gilets jaunes et dévier des objectifs initiaux : les revendications sociales concrètes. Le R.I.C., c’est aussi le cheval de bataille de Chouard, bien connu pour sa proximité avec Soral et une certaine nébuleuse d’extrême droite, très forte sur la toile : complotisme, fake news…Gagner sur des revendications concrètes entraînent de nouvelles propositions qui dynamisent le mouvement. Le R.I.C. ne fait que déplacer la colère et les discussions vers des polémiques stériles car politiciennes. En clair ce R.I.C. ne transformera pas la société en profondeur mais de manière cosmétique. Et l’extrême droite n’a jamais été du côté des travailleurs mais plutôt du côté des élites qu’elle critique pour mieux prendre leur place et nous priver de liberté dont celle de manifester.

En Suisse qui pratique ce R.I.C. sous le nom d’initiative populaire, les rapports de classes existent toujours. On a même vu des référendums avec 45% d’abstention, ce qui ne change guère des élections traditionnelles. C’est un miroir aux alouettes d’autant que l’intérêt général sera toujours subordonné aux intérêts d’une minorité capitaliste. Quand on connaît la puissance des lobbies dans les secteurs de l’armement, du nucléaire, des télécommunications, de l’agro-alimentaire…, on voit mal comment un simple référendum pourrait remettre en cause ces puissances d’argent qui mettront en marche les faiseurs d’opinions (médias) et leurs capitaux pour influencer tout vote comme c’est le cas actuellement avec les votes actuels tels qu’on les connaît depuis 1848 et 1945. Ce n’est pas sérieux de croire en un changement radical de société par l’instauration du R.I.C. : ne tombons pas dans le piège des politicards !

GLJD (Groupe libertaire Jules Durand)

le Libertaire Decembre 2018