Gilets jaunes – Brèves
La justice française : deux poids, deux mesures
Alors que Benalla a frappé des manifestants le Premier mai à Paris avec un brassard de police, qu’il a menti aux sénateurs, que ses frasques sont avérées, qu’il a touché de l’argent dans une sombre histoire de contrats russes (il a négocié un contrat privé alors qu’il bossait à l’Elysée)…Christophe Dettinger a été condamné à 30 mois de prison dont 18 avec sursis. Sa peine est aménagée car il sera libre la journée mais dormira en prison toutes les nuits. Pour avoir frappé et donné des coups de pieds à des gendarmes, Christophe a écopé d’une lourde peine si on compare l’impunité dont bénéficie la police au regard des dizaines de blessés graves recensés lors des manifestations des gilets jaunes. Même Toubon, le défenseur des droits en France, même le parlement européen ont condamné l’usage disproportionné des LBD…Pourtant, aucun flic ne sera condamné pour avoir mutilé des manifestants : yeux crevés, mains arrachées…C’est ce que l’Etat appelle la violence légitime. Eric Drouet est condamné à un mois de prison avec sursis pour manifestation non déclarée. Armée et justice sont les bras armés de l’Etat au service du grand patronat et de la finance. Les petites gens n’ont que leur bonne foi et leur volonté de vivre et non survivre comme arme.
Gouvernement et médias
Macron défend la liberté de la presse sauf quand ses intérêts sont en jeu. Alors il tente d’organiser une perquisition des locaux de Médiapart par exemple. Ce dernier média ainsi que quelques autres permettent au lecteur lambda de se faire une opinion sur l’actualité des gilets jaunes qui dénoncent les inégalités sociales et fiscales qui gangrènent notre pays de l’égalité et de la fraternité. Du moins, c’est ce qu’on lit sur les frontons de bon nombre de mairies ou d’écoles. De récentes études montrent que les inégalités sont d’autant plus fortes que la liberté de la presse est fragile. Une autre étude indique que l’évasion fiscale est d’autant plus importante que la propriété des médias est concentrée entre un petit nombre de propriétaires, comme c’est le cas en France. On n’est jamais mieux servi que par soi-même. A-t-on jamais vu les actionnaires de médias qui ont leurs principales activités dans l’armement aller contre ses propres intérêts économiques. Non, c’est pour cela que l’industrie des marchands de canon se porte bien en France comme aux Etats-Unis d’ailleurs. Les médias sont dans l’ensemble contrôlés par des entreprises donc la finance…Ce n’est pas le journal « le libertaire » qui peut rivaliser. Juste dénoncer pour rendre visibles toutes les injustices et les inégalités de ce monde. D’où son utilité.
Les réformes libérales de Macron se précisent
Entre le grand débat où Macron fait son show et les gilets jaunes qui manifestent tous les samedis, le gouvernement essaie de faire passer en loucedé ses réformes. Blanquer y va de son couplet sur l’école de la confiance à grands coups d’évaluations ou de drapeau français affiché dans chaque classe. Le Maire d’un côté définit l’objet social de l’entreprise mais surtout ouvre la voie à la privatisation d’entreprises publiques (Aéroports de Paris…). Il faut dire que les socialistes avaient déjà grand ouvert la porte des privatisations dès Lionel Jospin.
Agnès Buzin s’y colle pour le système de santé. Et la réforme de la Fonction publique commence à faire des remous. Mais dans remous, il y a mou, comme dans le mouvement syndical.
Le gouvernement d’Edouard Philippe met les projecteurs sur les gilets jaunes et le grand débat et sans grand sursaut populaire avance ses pions dans la contractualisation des personnels, les attaques contre le statut des fonctionnaires. Bien joué, dans l’ombre. Quels stratèges ces macronistes…Et dire que la nécessaire convergence des luttes est remisée au placard car les syndicats et les gilets jaunes ne veulent s’entendre, chacun défendant son pré carré. Gageons que chaque corporation de fonctionnaires agira de même si elle sauvegarde l’essentiel quitte à voir la corporation voisine sombrer. Regardons les travailleurs des impôts qui vont perdre 8 à 10 000 salariés pour les remercier d’avoir œuvré au prélèvement à la source…
L’extrême droite à la manœuvre
A chaque jour, sa manipulation. Hier, c’étaient Debout la France de Dupont gnangnan ainsi que le R.N. qui nous bassinaient avec le traité de Marrakech ; aujourd’hui une autre partie de la fachosphère s’en prend à nouveau aux Juifs.
Les fausses informations distillées sur le pacte de Marrakech et reprises par certains gilets jaunes ne servent qu’à alimenter le racisme et la xénophobie. L’extrême droite a toujours eu besoin de boucs émissaires. Idem pour les Juifs ; l’antisémitisme remonte à la nuit des temps. Les pogroms détournaient l’attention du peuple des problèmes quotidiens et les pauvres Juifs qui habitaient dans des ghettos se faisaient massacrer. Les religions catholiques et orthodoxes ont eu leur part de responsabilité dans cette chasse aux Juifs.
Les croix gammées sur le visage de Simone Veil signent le retour de la bête immonde. Elle reste tapie puis surgit de temps à autre. Le fascisme c’est comme la gangrène, on l’élimine ou on en crève. Les journalistes et les politiciens font une terrible erreur en mettant dos à dos l’extrême droite et la gauche libertaire. Les renvoyant à une même logique, ce qui est au mieux malhonnête au pire manipulateur et mensonger. L’extrême droite ne s’est jamais battue et engagée pour l’émancipation humaine ni pour la liberté, trop occupée à valoriser l’image du chef et un régime dictatorial. Le rôle des élites culturelles, patronales et financières ont eu leur part de responsabilité dans la prise de pouvoir d’Hitler et Mussolini entre autres.
N’oublions pas que durant des décennies, les libertaires se sont trouvés bien seuls à dénoncer le régime stalinien, un autre type de dictature. Nous avons hurlé dans le désert alors que de nombreux intellectuels faisaient allégeance à Staline et courtisaient le Parti. Parallèlement, nos anciens dénonçaient le fascisme italien puis hitlérien. Les libertaires ont toujours combattu le fascisme et nos vaillants compagnons espagnols de la CNT-FAI ont payé un lourd tribut lors de la Révolution de 1936-1939. Quand Franco massacrait des milliers d’anarchistes mais aussi de nombreux républicains, la gauche française faisait pâle figure.
Déjà lors de l’Affaire Dreyfus, c’étaient les anarchistes qui faisaient le coup de poing contre les partisans de Drumont. Il ne faut pas avoir la mémoire courte.
Comme disait Léo Ferré, » Faudrait pas oublier que ça descend dans la rue, les anarchistes ».