Femmes et 8 mars 2024

Femmes d’hier, Femmes d’aujourd’hui

Le 8 Mars 2024 sera commémoré à travers le monde. Cette journée particulière rappelle que de tout temps les femmes durent exiger leur place entière au sein de la société et des droits identiques à ceux des hommes, tout en se heurtant aux violences physiques et aux contraintes morales. En dépit des railleries et des peaux de bananes, quelques-unes relevèrent le défi et, grâce à leur opiniâtreté, leur héroïsme, leur abnégation, leurs idées novatrices triomphèrent.

Hier, c’était la Révolution de 1789 et la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen qui excluait la moitié du genre humain : les femmes. Olympes de Gouge n’eut-elle pas l’audace de rédiger une déclaration des droits de la Femme et de la citoyenne qui lui coûta la tête car, si la gente féminine n’avait pas le droit de cité, elle avait néanmoins celui de monter à l’échafaud !

Hier, c’était 1871 et la proclamation de la Commune de Paris, le 18 mars. Des femmes au nom devenu illustre et maintes inconnues bravèrent la mitraille, soit en cantinières, soit en ambulancières, soit en faisant le coup de feu sur les barricades. Celle de la Place Blanche fut défendue uniquement par une compagnie de citoyennes. La communarde fut admirable de vaillance et de désintéressement, effectuant double ou triple tâche. Voilà ce que Lissagaray, auteur d’une Histoire de la Commune de 1871 qu’il vécut du côté des fédérés, disait à propos d’elle : « Celle qui tient le pavé, maintenant, c’est la femme forte, dévouée, tragique, sachant mourir comme elle aime, de ce pur et généreux filon qui, depuis 89, court vivace dans les profondeurs populaires ».

Cette communarde-là, quelle que soit son identité, quelle que soit sa célébrité posthume, paya un lourd tribut aux assassins versaillais. Malgré la défaite, elle demeura fière face aux exécutions et défia les balles vengeresses avec la même bravoure qu’elle défendit son idéal de justice et de fraternité. La Jeanne-Marie de Rimbaud restera une des plus belles évocations poétiques de la Parisienne de 1871, ouvrière et combattante :

Jeanne-Marie a des mains fortes,

Mains sombres que l’été tanna,

Mains pâles comme des mains mortes

Elles ont pâli merveilleuses,

Au grand soleil d’amour chargé,

Sur le bronze des mitrailleuses

A travers Paris insurgé !

Hier, c’était 1936 et les « Femmes libres » de la Catalogne libertaire qui revendiquaient l’émancipation de la femme, son instruction, son indépendance économique ainsi que l’abolition du patriarcat et de l’autorité masculine. Durant les trois années de guerre civile, elles aussi apportèrent leur compétence et leur intrépidité, travaillant partout où l’on avait besoin d’elles et conduisant les camions de vivres, de couvertures et de vêtements vers les différents fronts.

Pareilles à leurs sœurs des cinq continents qui, aux heures tragiques, accomplirent des actions remarquables, elles sont les oubliées ou les occultées de l’histoire et c’est légitime, qu’enfin, un juste hommage leur soit rendu, principalement par leurs cadettes dont beaucoup ont trop souvent tendance « à cracher dans la soupe » !

Nonobstant les siècles écoulés, nombreuses sont les contrées de la planète où rien n’a vraiment changé. Des milliers de femmes sont violées, torturées, battues…et  des dizaines de millions de femmes souffrent de mutilations sexuelles.

Ce bilan terrible n’est absolument pas nouveau !

Les femmes n’ont-elles pas subi toutes sortes de supplices de jadis à maintenant : les ceintures de chasteté que les chevaliers mettaient à leurs épouses avant de partir en croisade tandis qu’en terres lointaines, ils pratiquaient allègrement le viol ; les Chinoises aux pieds bandés et atrophiés de manière qu’elles ne puissent pas « courir » ; les femmes-girafes qu’on punissait d’une infidélité en leur ôtant les anneaux qui distendaient leur cou ce qui donnait comme résultat la mort ou la paralysie complète ; les négresses à plateau défigurées par une lèvre inférieure étirée petit à petit dans le but de les rendre repoussante aux assaillants des peuplades ennemies ! Et la liste des inventions sadiques n’est pas clause !

Aujourd’hui les Iraniennes se battent pour enlever le voile de l’oppression islamiste ; les talibans interdisent aux Afghanes d’aller à l’école, de travailler, de sortir seules. Il faut qu’elles soient enveloppées des pieds à la tête et le tchadri « grillagé » leur permet à peine de voir clair. Toujours en Afghanistan, des fillettes de 6-7 ans sont vendues pour mariage à des adultes qui profitent de la misère ambiante.

Aujourd’hui, en France, les Françaises continuent à s’élever contre la discrimination des salaires, les double-journées…et les prosélytes du  lapinisme veulent que le pays se réarme démographiquement désirant par-là même renvoyer les femmes au rôle de pondeuse. Elles sont obligées également de guerroyer contre leur mise à l’écart des postes de responsabilité, tant au niveau professionnel qu’au niveau politique. Des femmes sont victimes du plafond de verre dans certaines disciplines à l’université. Il n’y a pas que chez les prolos que l’inégalité de genre s’étale.

Tous les ans, des centaines de tentatives de féminicides et plus de cent féminicides  touchent les femmes. Quelque 244 000 victimes de violences conjugales ont été enregistrées par les forces de sécurité en 2022, ce qui correspond à une hausse de 15 % par rapport à 2021, pour les chiffres les plus récents donnés par le ministère de l’intérieur en novembre dernier. Les victimes sont des femmes à 87 % et seulement une victime sur quatre a porté plainte, ce qui en dit long sur les violences faites aux femmes.

Nous n’oublions pas non plus certains vignerons en colère dans l’Aude qui ont insulté deux femmes écologistes : « Va faire la soupe salope, grosse salope », en juin 2023. Puis lors d’une manifestation d’agriculteurs en colère en janvier 2024, cette pancarte où il était inscrit : « Va faire la soupe salope » avec trois députés RN posant devant ce slogan misogyne. Ces militants R.N. qui ne peuvent cacher finalement leur volonté de renvoyer la femme à la maison, à faire la soupe, eux qui servent tellement la soupe à leurs chefs. De véritables serre- la louche, comme de bons politiciens qui se respectent.

Julien Rancoule, Christophe Barthès et Frédéric Falcon, trois députés Rassemblement National de l’Aude, ont posé devant cette pancarte qui fleure bon la misogynie. Il faut que leur nom reste à la postérité comme symbole du phallocratisme et de la bêtise. Le symbole au final de pauvres types.

Heureusement, partout, des féministes pugnaces, déterminées, téméraires, sont présentes sur les terrains à conquérir, certaines risquant le pire : la prison voire la mort dans de trop nombreux pays. Pourtant, sans elles, aucune grande révolution ne se serait accomplie. Elles en furent même souvent à l’avant-garde. Ceux qui veulent les maintenir en état d’asservissement, devraient méditer la phrase, toujours actuelle, que Michel Bakounine écrivit il y a plus d’un siècle : « Dans presque tous les pays, les femmes sont esclaves ; tant qu’elles ne seront pas complètement émancipées, notre propre liberté sera impossible. »

Claudette et Patoche

À l’occasion de la journée internationale des droits des femmes, le vendredi 8 mars 2024, le collectif Grève féministe et plusieurs syndicats appellent à une grève et à des manifestations dans tout le pays contre les inégalités. Les libertaires seront de la partie.