Pierre Besnard a défini le fédéralisme libertaire comme une forme d’organisation qui a pour but d’assurer les rapports des individus entre eux, les rapports de l’individu avec le groupement et, enfin les rapports des groupements entre eux. Tout part donc de l’individu et c’est ce qui caractérise le syndicalisme libertaire. D’ailleurs les compagnons anarchistes de la CNT espagnole fin 1979, en Congrès, ont bien réitéré les propos de Besnard en termes similaires. Le fédéralisme s’ajoute à d’autres principes tels que le contrat d’association entre individus, avec réciprocité, libre acceptation, et libre rupture lorsque les buts communs sont atteints. L’association s’effectue donc librement et nous pourrions la compléter par une pratique d’entraide, ce qui relève d’une éthique supérieure. Les anarchistes souhaitent que l’homme ait davantage de temps libre, de loisirs pour s’atteler uniquement à des tâches socialement utiles à tous et toutes, soucieux bien sûr de ne pas gaspiller les ressources naturelles d’une planète qui est le bien commun et indivis de tous les humains. C’est pour cela qu’un raisonnement au-delà des frontières c’est-à-dire internationaliste, doit s’opérer.
Pour pratiquer le vrai fédéralisme, contraire au fédéralisme étatique, les communes libertaires doivent abolir la hiérarchie et la domination. Ne pas remettre en question les hiérarchies et les dominations qui ont façonné durant des siècles notre société jusqu’à nous les faire accepter comme naturelles, nous mène droit dans le mur, c’est-à-dire à l’échec de la gestion directe ou autogestion que l’on compte mettre en place. Rien n’est plus pernicieux qu’accepter d’avoir un supérieur hiérarchique car ce système induit des « inférieurs ».
Les libertaires s’évertuent à dire que l’individu est une unité essentielle et vivante, en perpétuelle évolution. La construction du fédéralisme libertaire ne s’effectuera pas à valeur constante mais dans une constante évolution. L’individu a la capacité à réfléchir, à tester, à inventer, à imaginer…et à assimiler la réflexion d’autrui et à l’enrichir, ce qui nous fait dire que tous les progrès actuels sont le fruit des progrès des générations passées et qu’à ce titre ils doivent bénéficier à tout le monde et non à quelques profiteurs.
Les anarchistes sont des éducationnistes car par souci de réalisme nous intégrons l’éducation libertaire en opposition à l’embrigadement des masses. Nous sommes aussi doués de mémoire et riches de nos expériences ; ainsi nous préférons décrypter les lois naturelles que subir celles édictées par les Etats, les politiciens et autres détenteurs de pouvoir politique, religieux ou économique.
L’individu n’est ni stupide (sauf les déficients intellectuels qui existent), ni génial, ni par nature égoïste ou altruiste, pacifique ou belliqueux. Par contre l’environnement familial, social et scolaire exalte ou détruit les potentialités souvent insoupçonnées et qu’il faudrait apprendre à connaître et développer. Chacun vaut chacun. Si seulement tout le monde pouvait s’accorder sur cela, le monde irait bien mieux ; les guerres s’éloigneraient. A notre niveau, nous ne pouvons que relancer l’idée de repenser les relations entre les hommes pour retrouver le vrai chemin de la solidarité.
F. Ty Wi