Extrême-droite et démocrature

Le danger d’une future démocrature

Les partis d’extrême-droite sont dangereux pour les libertés, toutes les libertés. A chaque fois qu’un régime autoritaire et nationaliste prend les rênes d’un pays, les attaques contre les opposants et les syndicats se font virulentes et violentes. Il détricote les droits des travailleurs mais aussi ceux des minorités et ceux qui entendent faire la fête. L’exemple italien avec Meloni est là pour nous montrer quelle voie prend l’extrême-droite une fois au pouvoir : interdiction des rave-parties, propos contre l’IVG et remise en cause de cette dernière, pressions sur les LGBT +, contre-pouvoirs attaqués… L’extrême- droite essaie alors de modifier en profondeur la société selon ses critères. La culture est attaquée ; dans les villes prises par l’extrême-droite, les bibliothèques ne commandent plus que des livres qui s’accordent avec l’idéologie du pouvoir. Les livres qui ne sont pas en odeur de sainteté se retrouvent au pilon ou brûlés en autodafé. C’est pourquoi les anarchistes ont tout intérêt à consolider dès maintenant leurs bibliothèques, voire en organiser de clandestines au cas où. On constate en France, par l’intermédiaire de Reconquête par exemple, que Marion Maréchal est une fervente de la politique du chèque : chèque média, chèque éducation etc. Bref, sous couvert de choix et de liberté, la petite-fille de Jean-Marie Le Pen veut organiser et légitimer une société à deux vitesses. Si cette dernière existe dans les faits, personne n’ose la légitimer. Nous l’avons vu récemment avec le cas A.O.C. qui a dû quitter l’Education Nationale. Le chèque éducation sera complété par les parents qui ont de l’argent et l’école publique sera morte et enterrée. Beau principe d’égalité en perspective : demain sera pire.

L’extrême-droite, c’est le renard dans le poulailler. Les politiciens d’extrême-droite sont comme les autres politiciens : des opportunistes qui ont des idées à géométrie variable. Prenons l’exemple italien ; après avoir critiqué l’Europe et l’Otan pendant des années, Meloni s’est alignée sur le soutien occidental à l’Ukraine et se montre comme un partenaire fiable de l’Otan. Elle passe partout sur la scène internationale, ce qui ne l’empêche nullement de s’en prendre aux acquis sociaux de la société italienne dans son pays. Normalisation à l’extérieur mais la cheffe des post-fascistes transalpins continue son œuvre destructrice à l’intérieur du pays. Comme les gens ont la mémoire courte, tout le monde a oublié ou fait semblant d’oublier la nostalgie mussolinienne de son parti, ses positions passées pro-Poutine et ses attaques contre l’Union européenne. Belle hypocrisie générale ! L’extrême-droite française suit la même pente.

Mais dans la botte pas tout à fait à la botte, les mesures sécuritaires et stigmatisantes pour certains segments de la population se multiplient. Les contre-pouvoirs sont visés et réprimés. Tout ce qui s’apparente à une déviance ou un désordre est condamné. Maintenant des peines de réclusion de trois à six ans et une amende de 1 000 à 10 000 euros pour les organisateurs de rave-parties sont appliquées et les citoyens-suspects peuvent être mis sur écoute. Plus grand monde prend le risque d’organiser et participer à une rave-party. Darmanin doit être jaloux. Les 6000 teufers dans le Finistère profitent peut-être de leurs derniers instants festifs.

L’extrême-droite au pouvoir, c’est la politique du bâton, à défaut d’huile de ricin. C’est aussi la volonté  de résoudre les problèmes sociaux par une réponse pénale. La prévention passe à la trappe, la répression remplace la pédagogie. Les prisons deviennent surpeuplées y compris les centres pour mineurs.

Les militants qui interviennent dans la sphère écologiste et mènent parfois des opérations spectaculaires pour alerter sur la catastrophe climatique sont traités non pas comme en France d’éco-terroristes mais d’éco-vandales et à ce titre risquent des peines de prison qui peuvent aller jusqu’à cinq ans de réclusion. Ce sont aussi des amendes colossales qui ponctuent les collages d’affiches des militants écolos. Autre exemple, une douzaine de militants qui ont récemment bloqué une route à Civitavecchia ont été arrêtés en «flagrant délit» et ont passé trois jours en détention. Trois d’entre eux ont déjà reçu une peine de six mois de réclusion. Intimidations, répression, c’est le lot subi par l’activiste d’aujourd’hui sous la police de Meloni. Même les cortèges de manifestants pacifiques sont pris à partie violemment par la police et matraqués.

L’Italie mais aussi la France entrent dans la spirale de la surveillance (vidéo, drones, numérique…) sous couvert de terrorisme et le tout sécuritaire prend le pas sur nos libertés. On en arrive à des mesures d’exceptions présentées dans l’intérêt de la population sans voir les travers de tels dispositifs. Ce sont nos libertés qui se restreignent comme peau de chagrin.

Petit à petit, l’oiseau fascisant fait son nid et avance ses pions sur ses thèmes de prédilection et la situation empire pour les immigrés, les LGBT+… car madame Meloni a un programme résumé par la devise : « Dieu, patrie, famille ».

Par ailleurs, la présidente du Conseil dénonce des « magistrats politisés » qui visent certains membres de son cabinet ; gageons que les magistrats empêchant certaines combines seront dans le viseur de la Meloni.

Celle-ci entend également s’attaquer de manière brutale aux services publics, avec une vague de privatisation des biens publics qui s’élèverait à 20 milliards d’euros au cours de la période 2024-2026. À cela s’ajoute la volonté de retirer quelques milliards d’euros au budget des collectivités locales… L’extrême-droite s’ingénie à favoriser le secteur privé notamment celui de la santé. Tout un programme.

Meloni copie Macron qui prend  aux pauvres pour donner aux riches. On n’est pas surpris des objectifs antisociaux de l’extrême-droite qui nous promet un ordre profondément réactionnaire.

Meloni est d’autant plus dangereuse qu’elle est hypocrite et sournoise. Ce sera la même chose pour l’extrême-droite française, quel que soit son leader.

Patoche (GLJD)